23 décembre 2022

OUVRAGE : I. Pingel, J.-C. Barbato (dir.), La langue du procès international : questions de justice linguistique

Isabelle PINGEL, Jean-Christophe BARBATO

En tant que systèmes de représentation, les langues induisent une manière de percevoir et de comprendre le monde et, à ce titre, orientent l’action des individus. La prédominance d’une langue entraine en conséquence des effets sociaux et politiques majeurs, qui peuvent d’ailleurs relever d’une logique de pouvoir parfaitement consciente. Elle favorise également les individus qui maitrisent l’idiome dominant, spécialement lorsqu’il s’agit de leur langue native. Les questionnements sur la justice, au sens axiologique, ne sauraient donc faire l’économie de la dimension linguistique.

Les effets de pouvoir liés au choix d’une langue plutôt que d’une autre sont particulièrement forts lorsqu’il s’agit de dire le droit. Le langage juridique est un langage performatif dont le procès constitue l’une des formes les plus abouties. Le régime linguistique qui sera retenu, pour s’exprimer devant et au sein de la juridiction compétente, influencera nécessairement les acteurs du procès, les décisions rendues, mais aussi la lecture qui en sera faite et leur diffusion. Il débouchera, de même, sur des modalités d’organisation spécifique de la traduction : son importance est majeure tant pour les juridictions internationales qu’européennes.

Quels biais l’usage d’une langue plutôt que d’une autre entraine-t-il pour réfléchir et dire le droit ? Quelles sont ses conséquences pour l’accès au droit et pour sa compréhension ? Quelles sont les implications pratiques, économiques et juridiques des travaux de traduction ? Quels problèmes posent l’hégémonie d’une langue sur une autre, voire sur toutes les autres ? Quel régime linguistique permet le mieux d’assurer le respect des droits de la défense et plus généralement le droit à un procès équitable ?

C’est de ces questions essentielles, dans tous les procès internationaux, que traite le présent ouvrage. Il trouve son origine dans un colloque organisé en Sorbonne le 1er octobre 2021, qui a réuni des universitaires et des praticiens de toute l’Europe venus relater leur expérience et croiser leurs réflexions sur ce sujet à la fois intemporel et moderne.

TABLE DES MATIÈRES

Préface, Philippe Léger

OUVERTURE

Le régime linguistique des juridictions internationales. Questions de principe
Isabelle Pingel


I. LA LANGUE DE PROCÉDURE

La langue de procédure des juridictions internationales, la difficile gestion à géométrie variable d’une apparente multiplicité
Jean-Marc Sorel

La langue de procédure en matière d’arbitrage international
Benjamin Siino

Le multilinguisme procédural, horizon indépassable de la CJUE ?
Laure Clément-Wilz


II. LA LANGUE DE TRAVAIL

Les juges face au droit multilingue : dire presque la même chose
Jacques Ziller

La langue de travail des avocats généraux à la Cour de justice de l’Union européenne
Eleanor Sharpston QC

Parler droit avant de rendre justice : la langue de travail des juridictions internationales
Lapo Tempesti


III. L’ORGANISATION DE LA TRADUCTION

L’organisation de la traduction à la Cour de justice de l’Union européenne
Thierry Lefèvre

La traduction à la Cour européenne des droits de l’homme : organisation et pratique
James Brannan


IV. LA DIFFUSION DE LA DÉCISION

La diffusion des décisions de la Cour de justice de l’Union européenne
Jean-Christophe Barbato 

La diffusion de la décision de la Cour européenne des droits de l’homme : le cas de la Turquie
Deniz Kurmel


CONCLUSIONS GÉNÉRALES

Réflexions sur la justice linguistique et l’hégémonie de l’anglais dans les juridictions internationales
Robert Phillipson





Isabelle PINGEL, Jean-Christophe BARBATO (dir.), La langue du procès international : questions de justice linguistique, Paris, Pedone, 2022 (198 pp.)

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