Avec la répression des émeutes de mars 2008 au Tibet, la question du génocide a été replacée sous les feux de l’actualité. Cette question revient de manière récurrente. Mais, à lui seul, l’usage du terme génocide revêt un poids accusatoire et stigmatisant. Or, dans une crise comme le Tibet, chaque déclaration peut être transformée en arme destinée à mener le conflit au bénéfice d’un bord ou d’un autre. Parce qu’il choque les esprits, le terme génocide, s’il est utilisé à tort, peut obscurcir la pensée et complexifier la compréhension des crises, voire accroître l’agressivité et les tensions inhérentes aux crises que l’on souhaite désamorcer.
MULTIPOL - Réseau d'analyse et d'information sur l'actualité internationale (http://reseau-multipol.blogspot.com)
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24 septembre 2010
1 février 2010
ANALYSE : Washington et Haïti, sécurité humaine ou realpolitik ?
Alexis BACONNET
Alors qu'Haïti vient de subir de plein fouet deux séismes de magnitude 7 et 6.1, ayant causé 150 000 morts, l'Amérique déploie sur l'île une action humanitaire d'urgence destinée à pallier la destruction des modestes infrastructures du pays. Pour louable que soit cette action, on peut néanmoins s'interroger sur le fait qu'elle soit encadrée par le commandement militaire géographique Sud (US Southcom) au moyen de forces spéciales, de troupes d'infanterie de marine (22e Marine Expeditionary Unit), de parachutistes (82e Airborne), d'hélicoptères militaires et d'un porte avion nucléaire (USS Carl Vinson). Quels peuvent-être les ressorts géopolitiques de l'intervention des États-Unis ?
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Alexis BACONNET
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Sécurité internationale/Défense
1 août 2009
ANALYSE : La piraterie dans la Corne de l'Afrique
Alexis BACONNET
Située à proximité de routes commerciales et pétrolières majeures et au croisement du continent africain, de la péninsule Arabique et de l’océan Indien, la Corne de l’Afrique est un espace de première importance stratégique. Parmi les enjeux géopolitiques y régnant (ressources énergétiques, guerre civile, islamisme…), celui de la piraterie est sans doute le plus médiatique, parce qu’il touche de manière spectaculaire des intérêts occidentaux.
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Alexis BACONNET
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Sécurité internationale/Défense
26 juin 2009
ANALYSE : La Chine face aux idées reçues de l’opinion occidentale
Alexis BACONNET
De nombreuses personnes qui croyaient en une démocratisation de la Chine à travers les Jeux Olympiques se sont trouvées déçues, comme d’autres l’avaient été à l’heure de Tian’anmen. Mais être sur la voie d’un assouplissement en matière de liberté ne veux pas dire d’emblée qu’un régime va devenir démocratique.
20 mai 2009
ANALYSE : Sortie de guerre à Sri Lanka, entre le poids des géopolitiques et les défis de la paix
Alexis BACONNET
Velupillai Prabhakaran, chef des Tigres Tamouls, a été tué le 18 mai 2009, dans le Nord de Sri Lanka, alors qu’il tentait de passer au travers des barrages de l’armée sri lankaise aux côtés de deux de ses lieutenants, Pottu Amman, chef des services de renseignement et Soosaï, chef des forces navales. Cette mort a engendré la reddition des Liberation Tigers of Tamil Eelam (LTTE) et marqué la fin d’une guerre de 25 années ayant causé la mort de 70 000 personnes.
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Alexis BACONNET
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Crises/Conflits
18 mai 2009
ANALYSE : Gaza, Afghanistan, Sri Lanka : guerres au cœur des populations civiles
Alexis BACONNET
A Gaza, en Afghanistan, à Sri Lanka, la guerre fait rage au cœur même de populations civiles. En dépit des problématiques polémologiques distinctes entre ces guerres asymétriques, le rôle et le traitement des populations civiles par les forces en présence est similaire, a fortiori lorsque l’on pense aux connections entre les théâtres (les Tigres tamouls furent très tôt en contact avec les Palestiniens et l’Afghanistan est de longue date une terre de djihad pour les moyen-orientaux).
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Alexis BACONNET
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Crises/Conflits
16 mai 2009
ANALYSE : Qu’est-ce que la guerre asymétrique ?
Alexis BACONNET
Indochine, Algérie, Vietnam, Sri Lanka, Tchétchénie, Afghanistan, Irak… la guerre asymétrique est omniprésente dans l’histoire du monde post 1945 comme dans l’actualité brûlante. Affrontement de deux entités de force et de niveau technologique différents, son omniprésence actuelle procède directement des mutations du système international, même si son existence est attestée depuis les temps les plus reculés de l’histoire.
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Crises/Conflits
17 mars 2009
ANALYSE : Réflexions sur la réintégration française de l’OTAN et les mutations du système international
Alexis BACONNET
L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est née en 1949, de la nécessité de défendre le bloc occidental, en particulier l’Europe de l’Ouest, contre une menace en provenance du bloc Est, en particulier l’URSS. Elle est actuellement la plus puissante alliance militaire de tous les temps (André Dumoulin). La France, puissance fondatrice et quatrième contributeur financier et militaire de l’OTAN, se trouve actuellement en cours de réintégration après un retrait partiel effectué en 1966.
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Alexis BACONNET
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Sécurité internationale/Défense
3 mars 2009
ANALYSE : Les raisons géopolitiques de la présence chinoise au Tibet
Alexis BACONNET
Au Tibet, le 10 mars 2008, au nom de l’anniversaire de l’insurrection de 1959 et profitant probablement de la médiatisation du parcours de la flamme olympique, des moines tibétains descendent dans la rue pour manifester. Le 14 mars 2008 ces manifestations, grossies par le peuple, tournent à l’émeute. La Chine maintient alors le Tibet sous silence et semble opérer une répression qu’elle s’empresse de nier (fin avril, le gouvernement tibétain en exil parlait d’environ 200 morts, 1000 blessés et plus de 5000 arrestations).
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Alexis BACONNET
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Crises/Conflits
20 février 2009
NOTE : Obama, Blair, Jones, Panetta… : nouvelle donne pour le renseignement américain ?
Alexis BACONNET
Une réforme du renseignement américain avait été impulsée en 2004, suite au fiasco du 11 septembre. Avec l’entrée en fonction du président Barack Obama, le 20 janvier 2009, cette réforme se poursuit avec de nouvelles nominations.
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Alexis BACONNET
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Sécurité internationale/Défense
30 janvier 2009
ANALYSE : Sri Lanka, retour sur l’anatomie du conflit à l’heure d’une possible victoire de l’armée
Alexis BACONNET
Sur l’île de Sri Lanka, dans l’océan Indien, l’organisation séparatiste combattante des Liberation Tigers of Tamil Eelam (LTTE), ou Tigres tamouls, est en grande difficulté face à l’armée sri lankaise. Jamais encore, les Tigres n’avaient été sur le point de perdre l’ensemble de leurs fiefs. C’est pourtant ce qui est en passe d’arriver, puisqu’ils viennent de perdre leur dernière position urbaine (Mullaitivu) et se trouvent désormais acculés dans un espace de jungle de vingt kilomètres sur quinze abritant une partie de leurs infrastructures militaires. Jusqu’à une période récente, les Tigres contrôlaient le quart Nord de l’île ainsi que trois petits territoires sur la côte Est.
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Crises/Conflits
21 janvier 2009
NOTE : Les implications géopolitiques de l’autonomie du Groenland
Alexis BACONNET
Depuis le 25 novembre 2008, le Groenland a choisi, par référendum (75,5% de oui), d’accéder à une autonomie renforcée, la première autonomisation ayant été engagée en 1979. Le texte d’autonomie renforcée doit entrer en vigueur le 21 juin 2009 et prévoit de donner au Groenland 32 domaines de compétences dont notamment : la police, les gardes côtes, la justice, l’adoption du groenlandais comme langue officielle et la maîtrise des ressources naturelles.
31 décembre 2008
NOTE : Le partenariat stratégique franco-brésilien et la géopolitique brésilienne
Alexis BACONNET
Bien que l’on parle peu d’elle, l’Amérique latine intéresse le monde, en particulier les puissances avérées ou potentielles du monde. Washington continue d’y voir un espace tutélaire ainsi qu’un pré-carré géopolitique de première importance pour sa sécurité. Moscou entretient des liens avec Cuba et en noue d’autres avec le Venezuela. Pékin tente de développer ses relations commerciales sur le continent, s’appuie sur Cuba et se trouve présent, aux côtés de l’Iran dans la zone grise des trois frontières (Brésil, Argentine, Paraguay). Dans un tel panorama, on comprend mieux l’enjeu que peut constituer pour la France, le seul Etat latino-américain ayant un destin de puissance à la fois dans son espace régional et dans l’hémisphère Sud, à savoir le Brésil.
30 novembre 2008
NOTE : Attaques terroristes en Inde
Alexis BACONNET
Au moins 195 morts et plus de 300 blessés, tel est le bilan des attaques terroristes perpétrées entre les 26 et 29 novembre, à Bombay (Mumbaï en indien, Etat du Maharashtra), sur la côte ouest de l’Inde. Les victimes comptent parmi elles de nombreux civils indiens, des membres des forces de l’ordre mais aussi 27 ressortissants étrangers, dont deux Français.
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Crises/Conflits
7 novembre 2008
NOTE : Les Etats-Unis et Obama à l’avant-garde de l’Occident ?
Alexis BACONNET
Le 4 novembre 2008, Barack Hussein Obama, 47 ans, est devenu le 44e président des Etats-Unis. Premier afro-américain à occuper ce poste, il a été élu par 349 mandats de grands électeurs (contre 163) ainsi que par la majorité du peuple. Ce pays, si décrié internationalement, continue de susciter surprise et admiration.
3 novembre 2008
NOTE : Les enjeux stratégiques du programme spatial indien
Alexis BACONNET
Le 21 octobre 2008, l’Inde réussissait le lancement de sa première mission lunaire (1). La sonde, lancée depuis le centre spatial de Satish Dhawan (Sriharikota, Etat de l’Andhra Pradesh) fait partie d’une mission de 80 millions de dollars et permet à New Delhi de rejoindre le club des puissances spatiales asiatiques, aux côtés de la Chine, du Japon et à terme de la Corée du Sud. La sonde aura pour mission d’effectuer, pendant deux ans, des observations de la Lune, ainsi que d’y envoyer un petit atterrisseur au mois de novembre. Alors que la Chine a réalisé la première sortie extravéhiculaire d’un taïkonaute le 27 septembre 2008, l’Inde réplique avec son programme lunaire. Le programme Indien prévoit de réaliser 60 missions dans l’espace d’ici à 2013.
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Alexis BACONNET
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Sécurité internationale/Défense
21 octobre 2008
ACTU : L'économie chinoise ralentit sous l'effet de la crise internationale
Alexis BACONNET
La croissance de l'économie chinoise est passée sous la barre des 10% sur les trois premiers trimestres 2008, ressentant les premiers effets de la crise internationale, selon Pékin.
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Alexis BACONNET
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Développement/Environnement
7 septembre 2008
ANALYSE : Opportunisme stratégique et nucléaire en Corée du Nord
Alexis BACONNET
Avancer de deux pas mais ne reculer que d’un seul. Tel est le credo stratégique en matière d’acquisition et de développement de la technologie nucléaire que la Corée du Nord semble une fois de plus avoir mis en application. En effet, jusqu’alors en cours de désarmement nucléaire, Pyongyang a fait savoir, le 26 août 2008, qu’il avait stoppé le démantèlement de ses installations (1).
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Crises/Conflits
25 août 2008
ANALYSE : La Géorgie comme point d'impact de la tectonique géopolitique
Alexis Baconnet
La Georgie est actuellement le théâtre d’un conflit armé opposant l’État géorgien aux provinces séparatistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, soutenues directement par l’armée et la diplomatie russe. Dans ce petit État d’environ 5 millions d’habitants pour 70 000 km2, où les minorités représentent en tout 30% de la population (dont 3% d’Ossètes et 7% d’Abkhazes), s’affrontent des forces se réclamant de l’appartenance à l’espace russe post-soviétique d’une part ou revendiquant l’indépendance nationale, peut-être au sein de l’ensemble occidental, d’autre part.
Seule entité politique démocratique et pro-occidentale de la région, la Géorgie se trouve située au cœur de la complexité caucasienne, et constitue un nœud de contact entre les espaces slave, ottoman et perse. Signe de diversité, les langues géorgienne et abkhaze appartiennent au monde caucasien et la langue ossète appartient au monde indo-iranien.
Alors que certains prétendent que la sécession ossète a été fomentée par la Russie afin de permettre une intervention militaire en Georgie[1], dans le but de contrer l’influence américaine au sein du pays ainsi que le projet d’intégration dans l’OTAN, force est de reconnaître que cette intervention de Moscou s’inscrit dans la logique du précédent créé par l’attaque américaine de mars 2003 en Irak. Bien que la guerre soit hors la loi depuis 1945, l’ONU demeure désarmée face aux actions d’une puissance, a fortiori lorsque celle-ci appartient au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Quoi qu’il en soit, il semble que Tbilissi ait péché par naïveté en envoyant son armée en Ossétie du Sud, une situation qui n’est pas sans rappeler l’invasion argentine des Malouines en 1982.
Le choc militaire
Dans la nuit du 7 août dernier, la Georgie a en effet lancé une offensive en Ossétie du Sud. Cette province géorgienne est accusée d’avoir rompu le cessez-le-feu de 1992 et tenté de faire sécession. Parallèlement, Moscou a envoyé ses troupes dans ce qu’il nomme une « opération de paix » afin de faire respecter les accords de 1992. Cette intervention put être rapidement exécutée en raison d’une forte présence militaire russe, depuis le 15 juillet, dans le cadre de la programmation de manœuvres antiterroristes dans le Caucase – l’armée russe dispose par ailleurs, de manière permanente d’un QG à Vladikavkaz (Ossétie du Nord), ainsi que d’une base à Gudauta (Abkhazie)[2]. Cependant la responsabilité première dans l’ouverture des hostilités n’est pas encore clairement établie.
Actuellement, la Russie est sommée de retirer ses troupes par la médiation diplomatique française ainsi que par les Etats-Unis. Mais, pendant que l’armée russe empêche le rétablissement de l’autorité géorgienne sur l’Ossétie, les miliciens Ossètes procèdent à une expulsion des civils géorgiens demeurés en Ossétie du Sud, dans le but d’homogénéiser la population de ces territoires. Le 14 août Moscou a reconnu qu’il soutiendrait les séparatismes Ossètes et Abkhazes.
L’antagonisme géopolitique
Moscou reproche à la Géorgie de tenter d’intégrer l’OTAN (réexamen du dossier géorgien prévu en décembre 2008). En tant qu’organisation de sécurité, l’OTAN constitue en effet la voie royale pour entrer au sein de l’ensemble occidental.
On assiste donc à un choc entre les Etats-Unis (fer de lance de l’Occident) et la Russie qui n’a pu se résoudre à faire le deuil de la puissance perdue après 1991. Ces mouvements géopolitiques s’illustrent particulièrement en Géorgie, au coeur de l’espace caucasien, véritable sas de communication entre la Russie et le Moyen-Orient. Moscou ne peut se résoudre en effet à perdre cet espace tombé sous son influence à la fin du XIXe siècle.
A l’opposé, à travers le régime géorgien de Mikheil Saakachvili, Washington avait tenté de fixer un ancrage supplémentaire (avec Israël de manière avérée, l’Arabie Saoudite de manière incertaine et l’Irak de manière ratée) à sa tentative de contrôle d’un Grand Moyen-Orient. Se sont donc succédés en Géorgie, à l’instigation des Etats-Unis, le Georgia Train and Equip Program (2002-2004) ainsi que le Georgia Sustainment and Stability Operations Program (2005-2007). Ces deux programmes d’entraînement, de mise à niveau et d’ouverture aux standards militaires américains ont également pour but d’asseoir la puissance des Etats-Unis dans la région et de sécuriser le transit énergétique.
En réponse, Moscou a développé sa stratégie sur l’échiquier caucasien qu’elle refuse de voir sortir de sa sphère d’influence. Cette stratégie s’est concrétisée par l’envoi « musclé » de troupes en Géorgie participant à une certaine démonstration de puissance – l’usage de bombardiers stratégiques Tupolev-22[3], démesuré pour un tel conflit, est ici significatif. Mais pour Condoleeza Rice, chef de la diplomatie américaine, l’intervention militaire de la Russie en Géorgie n’a fait que renforcer la détermination de ses voisins à chercher la protection des Etats-Unis[4].
Le projet d’intégration de la Géorgie au sein de l’Occident via l’OTAN a sans doute été interprété par Moscou comme une menace sérieuse s’ajoutant aux rapprochements des Etats-Unis avec l’Ukraine et la Pologne.
Avant même le conflit de ce mois d’août 2008, les cercles conservateurs américains envisageaient trois scénarios[5] quant à l’avenir des pays cherchant à s’émanciper de la tutelle géopolitique de Moscou : soit intégrer au plus vite des pays de la zone OTAN, par exemple l’Ukraine et la Géorgie, soit laisser l’initiative à l’Union Européenne, soit participer à des élargissements conjoints de l’OTAN et de l’UE aux pays riverains de la mer Noire qui n’en sont pas déjà membres. On voit nettement que, dans tous les cas, le projet américain est d’intégrer la Géorgie à l’ensemble occidental.
Les enjeux territoriaux et nationaux russes
Au temps de l’URSS, les nationalismes ethniques ont été instrumentalisés dans la logique de diviser pour régner. L’Union avait élaboré une politique des nationalités multiples derrière une citoyenneté unique, et encourageait la stimulation des nationalismes propres à chaque contrée ainsi que la compétition ethnique. De ce fait, ces nationalismes qui s’opposaient et divisaient les peuples se maintenaient dans une impuissance mutuelle face à la tutelle russe.
Avec la fin de l’URSS, la Géorgie est indépendante de facto depuis avril 1991 et de jure depuis décembre 1991. Quant à l’Ossétie du Sud, elle a proclamé son indépendance en septembre 1990. Une guerre civile entre Ossètes du Sud et Géorgiens éclate en décembre 1990 et Tbilissi envoie ses troupes en janvier 1991 en Ossétie du Sud, afin d’empêcher tout séparatisme.
En réponse, débute en avril 1991 l’intervention soviétique, intervention qui mettra fin à la guerre en 1992. Dans la foulée, en décembre 1991, l’Ossétie du Sud réclame la réunification des deux Osséties (du Nord et du Sud) et leur rattachement à la Russie, sans succès. L’accord de paix du 24 juin 1992 instaure un cessez-le-feu et réaffirme l’intégrité territoriale de la Russie et de la Géorgie. En août 1992, les troupes géorgiennes entrent en Abkhazie pour endiguer les velléités séparatistes. Un cessez-le-feu est conclu en juillet 1993. La situation se stabilisera jusqu’en 2004, sans pour autant trouver de solution, puis les tensions militaires reprendront en Ossétie du Sud. En 2006, la Russie n’hésitera pas à expulser des milliers de Géorgiens moscovites en réponse à l’expulsion de cinq officiers russes accusés d’espionnage par la Géorgie[6]. En effet, en janvier 2004, Mikheil Saakachvili a accédé au pouvoir et s’est lancé dans une politique de réunification du pays.
Ces crises a répétition relatives à l’unité géorgienne traduisent un problème de fond des politiques Géorgiens : derrière la concession de l’autonomie à l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et l’Adjarie, Tbilissi demeure incapable de penser les particularismes des minorités ethniques (Abkhazes, Ossètes) ou religieuses (Adjars) de son pays et de leur accorder des statuts particuliers. Celles-ci se tournent donc vers la Russie. Mais peut-on croire que Moscou puisse mieux les servir à long terme, lorsque l’on songe à l’exemple Tchétchène ?
Quoi qu’il en soit, maintenir sous influence l’Ossétie du Sud et la Géorgie, permet aux Russes de bénéficier d’une tenaille géographique sur les séparatismes caucasiens comme celui de la Tchétchénie et d’éviter la naissance d’un précédent (l’affranchissement de la tutelle moscovite) qui pourrait générer une réaction en chaîne, tant vis-à-vis d’autres régions séparatistes que d’Etats limitrophes sous influence. On assiste là à une forme de phobie d’une décolonisation Russe – bien que continentale, l’expansion russe du XIXe siècle n’en demeure pas moins une colonisation – mue aussi bien par l’orgueil identitaire que par l’intérêt national. Paradoxalement, c’est le même mobile qui anime la Georgie et la Russie vis-à-vis de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie : la crainte d’un rétrécissement du territoire national. La Russie craint de perdre par réaction en chaîne le Caucase, et la Georgie craint de perdre deux provinces.
D’autre part, la tutelle de Moscou sur le Caucase s’inscrit dans la continuité des politiques étrangères tsariste, soviétique et russe. 1991 ne marqua pas la fin de l’histoire mais juste la fin d’une parenthèse dans la conduite de la realpolitik russe. Presque 20 années plus tard, le monde découvre le grand retour de la Russie sur son espace tutélaire (Europe de l’Est, Caucase, Asie centrale) et dans la politique internationale.
La tentative géorgienne de démocratisation et d’intégration à l’Occident fait alors tristement écho à la tentative tchécoslovaque de démocratisation de 1968. Dans les deux cas, bien que pour des raisons différentes, Moscou ne tolère pas une perte de contrôle sur son espace tutélaire. Enfin, à ce refus d’élargissement de l’Occident et de perte d’influence autour de la question de l’émancipation géorgienne, s’ajoute la « vengeance » de Moscou suite à l’accession du Kosovo à l’indépendance soutenue par l’Occident.
A ce jour, l’incursion militaire russe, effectuée en profondeur dans le territoire Géorgien, semble avoir pour but de détruire au maximum le potentiel militaire de Tbilissi[7]. L’ambition russe paraît résider dans un renversement, sinon une déstabilisation, de la Géorgie pro-occidentale de Mikheil Saakachvili. Cette dernière à déjà annoncé son retrait de la CEI[8] et ne cesse d’en appeler à l’Occident. Mais la Russie est à ménager, puisque l’on peut craindre qu’elle joue la carte iranienne contre l’Occident, si ce dernier s’oppose trop à son action en Géorgie. Par exemple, Israël, un des principaux fournisseurs d’armes de Tbilissi a d’ores et déjà réduit ses ventes par crainte de représailles russes à travers la vente de systèmes de défense antiaériens S-300 à l’Iran[9].
Les enjeux énergétiques
Enfin, la Géorgie abrite sur son territoire les pipe-lines Bakou-Tbilissi-Ceyhan et Bakou-Soupsa ainsi que le gazoduc Nabucco (Bakou-Erzurum) traversant tous trois le pays de part en part. Elle possède également plusieurs ports sur la mer Noire (Soukhoumi, Poti, Soupsa, Koulevi et Batoumi) très impliqués dans l’exportation du pétrole vers l’Occident. Or, la Russie ne contrôle pas ces voies d’approvisionnement contrairement à celles du reste du Nord Caucase (Bakou-Novorossiysk), et semble vouloir en prendre le contrôle.
De son côté, l’OTAN projette d’étendre ses missions à la sécurisation des routes énergétiques approvisionnant l’UE[10], ce qui pourrait, en dépit des tendances européennes à l’antiaméricanisme, être une ambition souhaitable pour ne pas tomber un peu plus sous le joug des pressions de la politique énergétique russe comme l’a récemment connu l’Union Européenne. A moins que l’Europe ne se dote rapidement d’une diplomatie forte et unifiée ainsi que d’un véritable instrument militaire.
Comme durant la guerre froide, les avancées de pièces sur les échiquiers régionaux par une grande puissance, ne peuvent être contrées directement et localement par une autre grande puissance du fait de l’existence d’impératifs mondiaux stratégiquement supérieurs. Le monde reprend son cours historique qui consiste malheureusement en l’affrontement d’entités politiques à visées impériales, voire d’empires. L’hégémonie de l’unique superpuissance américaine post guerre froide, dont l’existence fut permise par une Europe en construction, une Russie affaiblie et une Chine à la puissance alors balbutiante, se termine. A l’aube d’une telle ère, quelle sera l’attitude de l’ensemble occidental ? Contraction ou dilatation ?
En 1918 déjà, le dirigeant menchevik géorgien Noé Jordania, avait tenté de rapprocher la Géorgie de l’Europe, mais en 1921, celle-ci était retombée dans le giron soviétique suite à une reconquête militaire par les bolcheviks. La récente « épopée » occidentale de la Géorgie de Mikheil Saakachvili contrée par la Russie de Dimitri Medvedev et Vladimir Poutine rejoue donc un acte dont la première représentation fut donnée au début du siècle dernier.
Mode de citation : Alexis BACONNET, « La Géorgie comme point d’impact de la tectonique géopolitique », Multipol, août 2008, http://www.multipol.org.
La Georgie est actuellement le théâtre d’un conflit armé opposant l’État géorgien aux provinces séparatistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, soutenues directement par l’armée et la diplomatie russe. Dans ce petit État d’environ 5 millions d’habitants pour 70 000 km2, où les minorités représentent en tout 30% de la population (dont 3% d’Ossètes et 7% d’Abkhazes), s’affrontent des forces se réclamant de l’appartenance à l’espace russe post-soviétique d’une part ou revendiquant l’indépendance nationale, peut-être au sein de l’ensemble occidental, d’autre part.
Seule entité politique démocratique et pro-occidentale de la région, la Géorgie se trouve située au cœur de la complexité caucasienne, et constitue un nœud de contact entre les espaces slave, ottoman et perse. Signe de diversité, les langues géorgienne et abkhaze appartiennent au monde caucasien et la langue ossète appartient au monde indo-iranien.
Alors que certains prétendent que la sécession ossète a été fomentée par la Russie afin de permettre une intervention militaire en Georgie[1], dans le but de contrer l’influence américaine au sein du pays ainsi que le projet d’intégration dans l’OTAN, force est de reconnaître que cette intervention de Moscou s’inscrit dans la logique du précédent créé par l’attaque américaine de mars 2003 en Irak. Bien que la guerre soit hors la loi depuis 1945, l’ONU demeure désarmée face aux actions d’une puissance, a fortiori lorsque celle-ci appartient au Conseil de Sécurité des Nations Unies. Quoi qu’il en soit, il semble que Tbilissi ait péché par naïveté en envoyant son armée en Ossétie du Sud, une situation qui n’est pas sans rappeler l’invasion argentine des Malouines en 1982.
Le choc militaire
Dans la nuit du 7 août dernier, la Georgie a en effet lancé une offensive en Ossétie du Sud. Cette province géorgienne est accusée d’avoir rompu le cessez-le-feu de 1992 et tenté de faire sécession. Parallèlement, Moscou a envoyé ses troupes dans ce qu’il nomme une « opération de paix » afin de faire respecter les accords de 1992. Cette intervention put être rapidement exécutée en raison d’une forte présence militaire russe, depuis le 15 juillet, dans le cadre de la programmation de manœuvres antiterroristes dans le Caucase – l’armée russe dispose par ailleurs, de manière permanente d’un QG à Vladikavkaz (Ossétie du Nord), ainsi que d’une base à Gudauta (Abkhazie)[2]. Cependant la responsabilité première dans l’ouverture des hostilités n’est pas encore clairement établie.
Actuellement, la Russie est sommée de retirer ses troupes par la médiation diplomatique française ainsi que par les Etats-Unis. Mais, pendant que l’armée russe empêche le rétablissement de l’autorité géorgienne sur l’Ossétie, les miliciens Ossètes procèdent à une expulsion des civils géorgiens demeurés en Ossétie du Sud, dans le but d’homogénéiser la population de ces territoires. Le 14 août Moscou a reconnu qu’il soutiendrait les séparatismes Ossètes et Abkhazes.
L’antagonisme géopolitique
Moscou reproche à la Géorgie de tenter d’intégrer l’OTAN (réexamen du dossier géorgien prévu en décembre 2008). En tant qu’organisation de sécurité, l’OTAN constitue en effet la voie royale pour entrer au sein de l’ensemble occidental.
On assiste donc à un choc entre les Etats-Unis (fer de lance de l’Occident) et la Russie qui n’a pu se résoudre à faire le deuil de la puissance perdue après 1991. Ces mouvements géopolitiques s’illustrent particulièrement en Géorgie, au coeur de l’espace caucasien, véritable sas de communication entre la Russie et le Moyen-Orient. Moscou ne peut se résoudre en effet à perdre cet espace tombé sous son influence à la fin du XIXe siècle.
A l’opposé, à travers le régime géorgien de Mikheil Saakachvili, Washington avait tenté de fixer un ancrage supplémentaire (avec Israël de manière avérée, l’Arabie Saoudite de manière incertaine et l’Irak de manière ratée) à sa tentative de contrôle d’un Grand Moyen-Orient. Se sont donc succédés en Géorgie, à l’instigation des Etats-Unis, le Georgia Train and Equip Program (2002-2004) ainsi que le Georgia Sustainment and Stability Operations Program (2005-2007). Ces deux programmes d’entraînement, de mise à niveau et d’ouverture aux standards militaires américains ont également pour but d’asseoir la puissance des Etats-Unis dans la région et de sécuriser le transit énergétique.
En réponse, Moscou a développé sa stratégie sur l’échiquier caucasien qu’elle refuse de voir sortir de sa sphère d’influence. Cette stratégie s’est concrétisée par l’envoi « musclé » de troupes en Géorgie participant à une certaine démonstration de puissance – l’usage de bombardiers stratégiques Tupolev-22[3], démesuré pour un tel conflit, est ici significatif. Mais pour Condoleeza Rice, chef de la diplomatie américaine, l’intervention militaire de la Russie en Géorgie n’a fait que renforcer la détermination de ses voisins à chercher la protection des Etats-Unis[4].
Le projet d’intégration de la Géorgie au sein de l’Occident via l’OTAN a sans doute été interprété par Moscou comme une menace sérieuse s’ajoutant aux rapprochements des Etats-Unis avec l’Ukraine et la Pologne.
Avant même le conflit de ce mois d’août 2008, les cercles conservateurs américains envisageaient trois scénarios[5] quant à l’avenir des pays cherchant à s’émanciper de la tutelle géopolitique de Moscou : soit intégrer au plus vite des pays de la zone OTAN, par exemple l’Ukraine et la Géorgie, soit laisser l’initiative à l’Union Européenne, soit participer à des élargissements conjoints de l’OTAN et de l’UE aux pays riverains de la mer Noire qui n’en sont pas déjà membres. On voit nettement que, dans tous les cas, le projet américain est d’intégrer la Géorgie à l’ensemble occidental.
Les enjeux territoriaux et nationaux russes
Au temps de l’URSS, les nationalismes ethniques ont été instrumentalisés dans la logique de diviser pour régner. L’Union avait élaboré une politique des nationalités multiples derrière une citoyenneté unique, et encourageait la stimulation des nationalismes propres à chaque contrée ainsi que la compétition ethnique. De ce fait, ces nationalismes qui s’opposaient et divisaient les peuples se maintenaient dans une impuissance mutuelle face à la tutelle russe.
Avec la fin de l’URSS, la Géorgie est indépendante de facto depuis avril 1991 et de jure depuis décembre 1991. Quant à l’Ossétie du Sud, elle a proclamé son indépendance en septembre 1990. Une guerre civile entre Ossètes du Sud et Géorgiens éclate en décembre 1990 et Tbilissi envoie ses troupes en janvier 1991 en Ossétie du Sud, afin d’empêcher tout séparatisme.
En réponse, débute en avril 1991 l’intervention soviétique, intervention qui mettra fin à la guerre en 1992. Dans la foulée, en décembre 1991, l’Ossétie du Sud réclame la réunification des deux Osséties (du Nord et du Sud) et leur rattachement à la Russie, sans succès. L’accord de paix du 24 juin 1992 instaure un cessez-le-feu et réaffirme l’intégrité territoriale de la Russie et de la Géorgie. En août 1992, les troupes géorgiennes entrent en Abkhazie pour endiguer les velléités séparatistes. Un cessez-le-feu est conclu en juillet 1993. La situation se stabilisera jusqu’en 2004, sans pour autant trouver de solution, puis les tensions militaires reprendront en Ossétie du Sud. En 2006, la Russie n’hésitera pas à expulser des milliers de Géorgiens moscovites en réponse à l’expulsion de cinq officiers russes accusés d’espionnage par la Géorgie[6]. En effet, en janvier 2004, Mikheil Saakachvili a accédé au pouvoir et s’est lancé dans une politique de réunification du pays.
Ces crises a répétition relatives à l’unité géorgienne traduisent un problème de fond des politiques Géorgiens : derrière la concession de l’autonomie à l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud et l’Adjarie, Tbilissi demeure incapable de penser les particularismes des minorités ethniques (Abkhazes, Ossètes) ou religieuses (Adjars) de son pays et de leur accorder des statuts particuliers. Celles-ci se tournent donc vers la Russie. Mais peut-on croire que Moscou puisse mieux les servir à long terme, lorsque l’on songe à l’exemple Tchétchène ?
Quoi qu’il en soit, maintenir sous influence l’Ossétie du Sud et la Géorgie, permet aux Russes de bénéficier d’une tenaille géographique sur les séparatismes caucasiens comme celui de la Tchétchénie et d’éviter la naissance d’un précédent (l’affranchissement de la tutelle moscovite) qui pourrait générer une réaction en chaîne, tant vis-à-vis d’autres régions séparatistes que d’Etats limitrophes sous influence. On assiste là à une forme de phobie d’une décolonisation Russe – bien que continentale, l’expansion russe du XIXe siècle n’en demeure pas moins une colonisation – mue aussi bien par l’orgueil identitaire que par l’intérêt national. Paradoxalement, c’est le même mobile qui anime la Georgie et la Russie vis-à-vis de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie : la crainte d’un rétrécissement du territoire national. La Russie craint de perdre par réaction en chaîne le Caucase, et la Georgie craint de perdre deux provinces.
D’autre part, la tutelle de Moscou sur le Caucase s’inscrit dans la continuité des politiques étrangères tsariste, soviétique et russe. 1991 ne marqua pas la fin de l’histoire mais juste la fin d’une parenthèse dans la conduite de la realpolitik russe. Presque 20 années plus tard, le monde découvre le grand retour de la Russie sur son espace tutélaire (Europe de l’Est, Caucase, Asie centrale) et dans la politique internationale.
La tentative géorgienne de démocratisation et d’intégration à l’Occident fait alors tristement écho à la tentative tchécoslovaque de démocratisation de 1968. Dans les deux cas, bien que pour des raisons différentes, Moscou ne tolère pas une perte de contrôle sur son espace tutélaire. Enfin, à ce refus d’élargissement de l’Occident et de perte d’influence autour de la question de l’émancipation géorgienne, s’ajoute la « vengeance » de Moscou suite à l’accession du Kosovo à l’indépendance soutenue par l’Occident.
A ce jour, l’incursion militaire russe, effectuée en profondeur dans le territoire Géorgien, semble avoir pour but de détruire au maximum le potentiel militaire de Tbilissi[7]. L’ambition russe paraît résider dans un renversement, sinon une déstabilisation, de la Géorgie pro-occidentale de Mikheil Saakachvili. Cette dernière à déjà annoncé son retrait de la CEI[8] et ne cesse d’en appeler à l’Occident. Mais la Russie est à ménager, puisque l’on peut craindre qu’elle joue la carte iranienne contre l’Occident, si ce dernier s’oppose trop à son action en Géorgie. Par exemple, Israël, un des principaux fournisseurs d’armes de Tbilissi a d’ores et déjà réduit ses ventes par crainte de représailles russes à travers la vente de systèmes de défense antiaériens S-300 à l’Iran[9].
Les enjeux énergétiques
Enfin, la Géorgie abrite sur son territoire les pipe-lines Bakou-Tbilissi-Ceyhan et Bakou-Soupsa ainsi que le gazoduc Nabucco (Bakou-Erzurum) traversant tous trois le pays de part en part. Elle possède également plusieurs ports sur la mer Noire (Soukhoumi, Poti, Soupsa, Koulevi et Batoumi) très impliqués dans l’exportation du pétrole vers l’Occident. Or, la Russie ne contrôle pas ces voies d’approvisionnement contrairement à celles du reste du Nord Caucase (Bakou-Novorossiysk), et semble vouloir en prendre le contrôle.
De son côté, l’OTAN projette d’étendre ses missions à la sécurisation des routes énergétiques approvisionnant l’UE[10], ce qui pourrait, en dépit des tendances européennes à l’antiaméricanisme, être une ambition souhaitable pour ne pas tomber un peu plus sous le joug des pressions de la politique énergétique russe comme l’a récemment connu l’Union Européenne. A moins que l’Europe ne se dote rapidement d’une diplomatie forte et unifiée ainsi que d’un véritable instrument militaire.
*
Comme durant la guerre froide, les avancées de pièces sur les échiquiers régionaux par une grande puissance, ne peuvent être contrées directement et localement par une autre grande puissance du fait de l’existence d’impératifs mondiaux stratégiquement supérieurs. Le monde reprend son cours historique qui consiste malheureusement en l’affrontement d’entités politiques à visées impériales, voire d’empires. L’hégémonie de l’unique superpuissance américaine post guerre froide, dont l’existence fut permise par une Europe en construction, une Russie affaiblie et une Chine à la puissance alors balbutiante, se termine. A l’aube d’une telle ère, quelle sera l’attitude de l’ensemble occidental ? Contraction ou dilatation ?
En 1918 déjà, le dirigeant menchevik géorgien Noé Jordania, avait tenté de rapprocher la Géorgie de l’Europe, mais en 1921, celle-ci était retombée dans le giron soviétique suite à une reconquête militaire par les bolcheviks. La récente « épopée » occidentale de la Géorgie de Mikheil Saakachvili contrée par la Russie de Dimitri Medvedev et Vladimir Poutine rejoue donc un acte dont la première représentation fut donnée au début du siècle dernier.
Mode de citation : Alexis BACONNET, « La Géorgie comme point d’impact de la tectonique géopolitique », Multipol, août 2008, http://www.multipol.org.
[1]
Selon Batou Koutelia, vice-ministre de la Défense géorgien, la Russie aurait
donné son feu vert à la Géorgie pour intervenir en Ossétie du Sud, Le Figaro, 15 août 2008. D’autre part, selon un expert
militaire occidental, la coordination des armes russes (terre, air, marine)
suppose qu’elles aient été mises en alerte à l’avance, Le Figaro, 16 août 2008.
[2]
Cela fait écho à la stratégie déployée par Moscou, il y a 40 ans, lors du
deuxième coup de Prague où des manœuvres militaires au sein du Pacte de
Varsovie avaient servi de prétexte au positionnement de troupes dans la région.
[3]
Le Figaro, 15 août 2008.
[4]
Le Monde, 19 août 2008.
[5]
Pierre VERLUISE, « Géopolitique de la mer Noire : enjeux et
perspectives », www.diploweb.com,
18 août 2008, http://www.diploweb.com/spip.php?article337.
[6]
Le Figaro, 11 août 2008.
[7]
Le Monde, 19 août 2008, citant les commentaires
de Viktor Baranets, officier russe en retraite, dans le journal Komsomolovskaïa
Pravda.
[8]
Le jeudi 14 août 2008, Le Monde, 16 août
2008.
[9]
Le Figaro, 13 août 2008.
[10] Pierre VERLUISE, art. cit.
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Alexis BACONNET
,
Crises/Conflits
21 août 2008
ANALYSE : Guerre asymétrique en Afghanistan, 10 soldats français tués dans une embuscade des Talibans
Alexis BACONNET
Le 19 août 2008, des soldats français étaient en opération pour tenter de déloger les talibans dans la vallée de Saroubi, à environ 50 kilomètres à l’Est de Kaboul, lorsque leur convoi de blindés est tombé dans une embuscade. Les combats ont entraîné la mort de 10 soldats français, ainsi que 21 blessés (1). L’embuscade, perpétrée dans une zone d’insécurité sérieuse à l’Est de Kaboul, aurait été menée à l’aide de mines et de roquettes par une centaine d’insurgés lors d’une patrouille de reconnaissance. Il s’agit de la plus grosse perte de soldats en opération enregistrée par la France depuis l’attentat de l’immeuble du Drakkar en 1983, au Liban.
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