A Gaza, le conflit oppose des Palestiniens sous le contrôle du Hamas dans un combat mêlant relents de guerre de libération nationale, présence de gisements de gaz au large de Gaza et influence plus ou moins ferme de l’Iran sur le Hamas et la rue. En Afghanistan, l’ISAF mène la pacification contre les séquelles d’un régime radical islamiste ayant soutenu le terrorisme transnational. A Sri Lanka, une guerre civile identitaire à finalité tantôt autonomiste, tantôt indépendantiste déchire le pays.
Dans ces trois cas, pourquoi l’entité faible du conflit (Hamas, Talibans, Tigres tamouls) se cache t-elle au cœur des civils ? Cette méthode est le produit de la transformation de la guerre et de l’existence d’un différentiel de puissance et de technologie frontalement insurmontable. Le but est, au mieux, de tenter de se placer hors la guerre à l’abri des civils, au pire, d’entraîner la guerre au sein de ce qui est normalement et légalement hors la guerre, c’est-à-dire les civils, afin d’agir sur la psychologie des troupes et de leur opinion publique.
En se plaçant au sein des civils, les insurgés tentent de bouleverser l’ennemi et d’obtenir la protection du droit. L’ennemi étant mêlé à la population, il est très difficile aux troupes adverses de le distinguer du civil. Cette symbiose ou se parasitisme selon les cas et les conceptions, permet à l’insurgé de tenir la populations, de vivre sur son dos et de restreindre l’usage de la violence à son encontre par crainte de l’adversaire de blesser les civils. Ultime objectif, l’opinion publique des démocratie qui se contracte à chaque mort civile imputable à son armée. Ainsi, à Gaza, le Hamas combattait dans des immeubles abritant femmes et enfants. En Afghanistan, les Talibans qui mènent des attaques nocturnes sont paysans le jour. A Sri Lanka, les Tigres tamouls retiennent les populations civiles dans la zones qu’ils contrôlent afin d’interdire les bombardements de l’armée sri lankaise.
Les conséquences immédiates de telles pratiques sont humainement catastrophiques. A l’ère de la guerre « zéro morts » dictées par l’histoire et la sociologie des sociétés occidentales, les dommages collatéraux sont inévitables. Pour éviter de perdre des soldats (donc des professionnels de la guerre) dont la mort aurait un impact lourd sur leur opinion publique, les Etats modernes choisissent de recourir au maximum aux bombardements, plutôt qu’à des personnels exposés au corps à corps, tuant ainsi de nombreux civils.
Bien que le droit des conflits armés se soit acharné, au fil des siècles, à exclure les civils de la guerre en raison de leur innocence, la recherche du contournement de la puissance replace ces derniers au cœur de la guerre, laissant planer sur eux la suspicion et faisant de la tendance annoncée dès 1945 (une majorité de civils furent tués durant la Seconde Guerre mondiale) une constante.