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23 janvier 2021

POINT DE VUE : De l’importance des particularismes culturels en éthique de l’intelligence artificielle

Emmanuel GOFFI

Si l’on n’y prend garde, l’intelligence artificielle (IA) pourrait bien devenir le cheval de Troie d’une pensée unique qui s’imposerait au motif de l’universalité d’un modèle éthique.

La quête de ce Graal que représente désormais un Code universel d’éthique de l’IA a entrainé à sa suite une quantité remarquable, si ce n’est inquiétante, de projets visant à établir des corpus de normes éthiques pour encadrer le développement et l’utilisation de l’IA. Cette volonté, bien que louable, pourrait être vouée à l’échec si elle n’est pas questionnée dans son fondement. Un questionnement est d’autant plus nécessaire que la multiplication des initiatives tend à interroger à la fois la possibilité d’aboutir à un instrument unique et l’existence d’une volonté partagée d’établir un tel instrument.

16 octobre 2020

NOTE : Géopolitique des éthiques de l’intelligence artificielle

Emmanuel GOFFI

L’intelligence artificielle (IA) s’est désormais imposée comme un véritable sujet des relations internationales, un enjeu majeur pour l’ensemble des acteurs publics comme privés, voire un facteur de puissance justifiant une course au leadership.

Pour autant, l’IA fait l’objet de débats nombreux polarisant les sentiments entre espoirs que suscite cette nouvelle technologies et craintes qu’elle fait naître. D’un côté, l’IA est vue comme un outil de choix pouvant être utilisée dans nombres de domaines pour améliorer notre bien-être, nous faciliter la vie, parfois même nous la sauver. De l’autre côté, elle inquiète celles et ceux qui redoutent une prise de pouvoir par des machines devenues autonomes et capables de prendre des décisions par elles-mêmes, éventuellement au détriment de l’humain.

5 mars 2020

NOTE : Intelligence artificielle : le suicide moral de l’Union européenne

Emmanuel GOFFI

Les chiffres sont vertigineux : le nombre d’organisations déployant de l’intelligence artificielle (IA) a augmenté de 270 % dans les quatre dernières années ; en 2022 les dépenses globales en IA devraient atteindre 79,2 milliards de dollars ; l’IA devrait compter pour 15,7 milliers de milliards de dollars dans l’économie mondiale ; le marché est évalué à 190,61 milliards de dollars pour 2025 et 202,57 milliards l’année suivante ; en 2021, 80 % des technologies émergentes reposeront sur l’IA… Et la liste pourrait encore s’allonger pour montrer à quel point les perspectives sont innombrables et les enjeux colossaux. Acteurs publics comme privés ne s’y trompent pas et s’engouffrent dans une course au leadership à la hauteur des gains potentiels liés au développement et à l’utilisation de l’IA.

1 février 2020

ANALYSE : L’intelligence artificielle : sujet des relations internationales, objet éthique

Emmanuel GOFFI

Les relations internationales (RI) sont un domaine protéiforme recouvrant une vaste gamme de matières et un spectre encore plus vaste de sujets. Ces dernières années, un nouvel objet de réflexion y a fait une entrée en force. Désormais applicable à l’ensemble des activités humaines, l’intelligence artificielle (IA) s’invite sur la scène internationale. Outils de puissance, elle modifie les interactions entre acteurs étatiques ou non. Source de revenus non négligeable, elle participe de la création de véritables empires industriels. Technologie duale, elle rend toujours plus poreuse la frontière entre publique et privé et renforce l’influence du premier sur le second et par conséquent sur les RI.

7 juillet 2019

ANALYSE : Éthique et relations internationales : l’avènement de la « cosm-éthique »

Emmanuel GOFFI[i]

Avec presque 71 millions de déplacés en 2018736 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté153 millions de personnes menacées par une montée des eaux de 2 mètres à l’horizon 2100, plus de 77 000 morts dans 162 conflits en 2018, 52 régimes autoritaires sur 167 pays, des inégalités qui se creusent inexorablement, les violations continues des droits humains, ou encore la déforestation massive, l’éthique ne semble pas être au cœur des relations internationales. Pourtant, l’éthique est omniprésente dans les discours, les déclarations, les rapports, les réflexions ou encore les écrits universitaires[1].

13 juin 2018

ANALYSE : La résolution des conflits et le droit sont indissociables pour obtenir une paix pérenne

Emmanuel GOFFI

Le 23 mars 1999, Javier Solana, alors secrétaire général de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), annonçait une campagne aérienne contre la République fédérale de Yougoslavie. Conduite du 24 mars au 10 juin 1999, l’opération «Force alliée», répondait, selon l’OTAN, à une nécessité humanitaire. Menée sans autorisation préalable du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU), c’est-à-dire en violation du droit international, la campagne était pour autant présentée comme légitimée par le droit d’ingérence humanitaire.

18 avril 2018

POINT DE VUE : Intervention armée en Syrie : le président français ment

Emmanuel GOFFI

Quand l’information laisse place à la communication, le mensonge n’est jamais loin. En l’occurrence, loin d’informer les Français sur les frappes menées en Syrie dans la nuit du 13 au 14 avril par la France et ses alliés américains et britanniques, le président Emmanuel Macron a fait le choix de la manipulation et du mensonge. Profitant de la méconnaissance des Français sur le sujet, le président de la République française, comme ses prédécesseurs d’ailleurs, s’est arrangé avec la vérité en recourant à une rhétorique visant, sans doute possible, à manipuler l’opinion publique.

12 avril 2018

POINT DE VUE : La culture du silence dans les armées françaises : une servitude intellectuelle institutionnalisée

Emmanuel GOFFI

Si les écrits sur la Grande Muette et la culture du silence ne sont pas rares, ceux qui les lisent le sont. Plus rares encore ceux qui les analysent et les utilisent. Pourtant, la culture du silence persiste au sein des armées avec une apparence de normalité qui doit nous inquiéter. Si les décideurs politiques s’en satisfont et l’encouragent, l’apathie des Français face aux questions militaires laisse le champ libre aux thuriféraires de la communication institutionnelle pour écrire l’histoire à leur convenance.

24 novembre 2017

OUVRAGE : G. Ancel, Vent glacial sur Sarajevo

Emmanuel GOFFI

S’il est un ouvrage à lire en ces temps marqués par un interventionnisme militaire français croissant, c’est sans aucun doute le témoignage de Guillaume Ancel sur le siège de Sarajevo (Bosnie-Herzégovine), Vent glacial sur Sarajevo. Loin du discours aseptisé et convenu généralement servi par les organes de communication du ministère des armées français, l’auteur nous livre un témoignage sincère, dépouillé de tout enrobage. Si l’ouvrage rend compte des faits survenus à Sarajevo durant le premier semestre 1995, alors que la ville est assiégée depuis le mois d’avril 1992, son auteur ne prétend pas dispenser une quelconque vérité sur la situation. Loin de là, il entend inciter le lecteur à s’interroger, à approfondir le sujet pour se faire sa propre opinion. C’est bien là tout l’intérêt de ce travail que nous propose Guillaume Ancel qui est ni plus ni moins qu’une invitation non partisane à se poser des questions.

22 novembre 2017

NOTE : De l’humanitaire aux drones : la valse-hésitation du Canada entre idéalisme et réalisme

Emmanuel GOFFI

« Il est temps pour le Canada de s'engager à nouveau », déclarait le premier ministre canadien, Justin Trudeau, en mars 2016. À l’époque, Justin Trudeau lançait la campagne pour l’élection du Canada à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies. Force est de constater que depuis, l’enthousiasme du Gouvernement canadien s’est quelque peu atténué. En annonçant le 15 novembre 2017 ses « engagements intelligents », le Gouvernement fédéral a démontré son manque de volontarisme, en se contentant d’effets d’annonce.

19 juin 2017

NOTE : Force militaire conjointe au Sahel : quand la politique internationale dépend du bon vouloir des États-Unis

Emmanuel GOFFI

Le Conseil de sécurité vient de rejeter la résolution soumise aux Nations Unies par la France, le 6 juin dernier, pour autoriser, sous le chapitre 5 de la Charte de l'ONU, le déploiement d’une force conjointe africaine dans la bande sahélo-saharienne. Cette force, qui devait inscrire son action dans le cadre du G5 Sahel réunissant le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, aurait eu pour mission de compléter à la fois l’action de l’opération militaire française antiterroriste Barkhane et l’action de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Forte de 5 000 hommes, cette force conjointe devait réunir des militaires des pays du G5 pour lutter contre le terrorisme dans les zones transfrontalières, mais également pour combattre le crime organisé qui, au travers de divers trafics, facilite le financement des groupes armés terroristes (GAT).

11 avril 2017

ANALYSE : Syrie : peut-on violer le droit international pour sanctionner une violation du droit international ?

Emmanuel GOFFI

Les Etats-Unis ont unilatéralement décidé de frapper une base militaire syrienne à Homs, dans la nuit du 6 au 7 avril, délivrant 59 missiles Tomahawks et violant clairement la souveraineté étatique syrienne. Malgré l’élan d’enthousiasme des alliés de Washington, la communauté internationale est plus que jamais divisée sur la situation en Syrie et les solutions à envisager. Ce conflit qui dure maintenant depuis six ans, n’en finit plus de créer des tensions internationales. Si, jusque-là, la part belle a été faite aux déclarations non suivies d’effets, il semble que les Etats-Unis ont décidé d’agir par la force en toute illégalité. Il est alors légitime de se demander si l’on peut vraiment s’octroyer le droit de violer les règles internationales pour punir ceux qui les violent ? Si la question sonne comme un paradoxe, c’est certainement qu’elle en exprime un. Comment imaginer qu’une telle action pourrait contribuer à résoudre une situation d’une complexité inouïe qui s’éternise et s’enlise, alors même que des milliers de personnes souffrent de ce conflit ? Les réponses ne vont pas de soi. Chacun se fera son opinion, mais avant de se positionner un rappel de la situation n’est pas inutile.

26 janvier 2017

ANALYSE : Alep ou l’échec d’une certaine morale

Emmanuel GOFFI

Pendant que le Conseil de sécurité des Nations Unies se débattait pour rédiger des résolutions, Alep se débattait pour survivre. Entre le monde tel qu’il est et le monde tel qu’il devrait être, il apparaît que l’Organisation des Nations Unies (ONU) n’est pas capable de trancher. Toute la complexité des relations internationales a été tragiquement illustrée par l’inertie de l’ONU et les atermoiements de la communauté internationale en Syrie. La realpolitik est venue rappeler violemment aux plus optimistes que la morale bienveillante et supposée universelle portée par les Nations Unies n’occupe certainement pas la tête de liste des considérations de l’ensemble des acteurs de la scène internationale. La récente attaque terroriste contre un marché de Noël subie de plein fouet par l’Allemagne et qui s’ajoute à la triste, et déjà trop longue liste, des attentats qui frappent de nombreux pays dans le monde, amène à s’interroger sur la validité du modèle de morale universelle qui irrigue les discours doux-heureux de certains.

3 octobre 2016

NOTE : Rencontre avec Moussa Mara, ancien Premier ministre du Mali

Emmanuel GOFFI

La Chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal (Canada) recevait le 28 septembre, M. Moussa Mara, Premier ministre du Mali d’avril 2014 à janvier 2015. A cette occasion les membres du Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix de la Chaire ont eu l’occasion de s’entretenir de manière informelle avec M. Mara avant d’assister à la conférence que l’ancien Premier ministre malien donnait sur le thème « Jeunesse, radicalisation et terrorisme ».

15 septembre 2016

NOTE : La nouvelle approche canadienne des opérations de paix

Emmanuel GOFFI

Fort de son expérience en la matière, le Canada a récemment décidé de réinvestir le champ des opérations de la paix en adaptant sa politique à la complexité des crises internationales.

Il est notable, et louable, qu’un pays occidental décide d’adopter une approche plus globale et cohérente de la gestion des confits en focalisant son attention sur des solutions autres que militaires. Alors que la France ou les Etats-Unis inscrivent leur action dans un excès d’interventionnisme, le Canada fait ainsi le choix judicieux de contribuer à la sécurité nationale et internationale en limitant son empreinte militaire au strict nécessaire.

8 juin 2016

NOTE : Lutter contre le terrorisme : passer de la «paix négative» à la «paix positive»

Emmanuel GOFFI

Le site internet du ministère français des Affaires étrangères affiche fièrement une « Carte des victoires militaires de la coalition internationale contre Daech » datant de février 2016, soulignant qu’une « coalition réunissant 65 États a été formée en septembre 2014 » visant à « détruire les capacités de l’organisation terroriste et, à terme, à l’éradiquer ».

30 septembre 2015

POINT DE VUE : Intervention militaire française en Syrie : vers une règle « Minority Report » ?

Emmanuel GOFFI

Fin septembre, l'exécutif français a décidé de manière unilatérale de lancer des frappes sur le sol syrien sans mandat des Nations Unies, ni autorisation du Gouvernement syrien. Pour contrer toute critique portant sur l’illégalité d’une telle action le Gouvernement français a, par la voix de son Premier ministre, Manuel Valls, invoqué l’article 51 de la Charte des Nations Unies. Si la démarche n’a pas suscité de réaction, elle n’en demeure pas moins questionnable et condamnable au regard du droit international.

30 janvier 2015

NOTE : La tradition de la guerre juste

Emmanuel GOFFI

Si les questionnements moraux sur la guerre sont aussi anciens que l’humanité, la tradition de la guerre juste naît sous la plume d’Aristote dans les Politiques (1256b), mais sera développée par Cicéron dans son De Officiis (Livre I, sec. XI-XIII), puis par St Augustin dans La Cité de Dieu et nombre d’autres auteurs. Bien que très ancienne, cette tradition continue d’être utilisée de nos jours. Elle irrigue non seulement le droit des conflits armés mais également la pensée politique comme le montre son utilisation par de nombreux décideurs politiques. L'ouvrage de Michael Walzer, Just and Unjust Wars, publié en 1977, actualisera la pensée morale liée à cette tradition qui connaîtra un regain d'intérêt à la faveur de la disparition du bloc soviétique et de l'accroissement des interventions militaires.

31 juillet 2013

REVUE : "La robotisation du champ de bataille : enjeux et impact sur les relations internationales", Dynamiques Internationales (vol. 8, juillet 2013)

Emmanuel GOFFI

L’accroissement du nombre des systèmes robotisés sur les théâtres de conflits n’est pas sans poser problèmes. Comme le montre le récent  rapport du Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Christof Heyns, la communauté internationale porte un intérêt particulier à l’impact des technologies robotiques létales sur les droits de l’Homme et le droit humanitaire, et au-delà à ses conséquences sur la conduite des conflits présents et à venir.

23 juin 2013

OUVRAGE : S. Mazoyer, J. de Lespinos, E. Goffi, G. Boutherin, C. Pajon (dir.), Les drones aériens : passé, présent et avenir. Approche globale

Emmanuel GOFFI

Cet ouvrage rassemble plus de quarante contributions sur les systèmes d’engins volants pilotés à distance, autrement dits : les drones. Réunis par le Centre d’études stratégiques aérospatiales et le Centre de recherche de l’armée de l’air, ces textes apportent un éclairage sur les principaux aspects relatifs à la conception et à l’emploi de ces nouvelles machines. Celles-ci sont devenues, en un peu plus d’une dizaine d’années, des outils indispensables pour les armées modernes. Elles ont aussi fait leur entrée dans les panoplies de certains groupes terroristes et voient se développer de nombreuses applications civiles.