Né de l’union d’un père noir et Kenyan avec une mère blanche et américaine, Barack Obama a vécu quatre années en Indonésie durant son enfance, avant de suivre des études de droit, d’abord à l’Université de Columbia, puis à l’Université de Harvard. Il commencera par travailler dans l’action militante à finalité sociale, au sein des quartiers pauvres de Chicago avant de devenir professeur de droit au sein de l’Université de la même ville. Il est donc à la fois un intellectuel, conscient des problèmes sociaux de son pays et ayant appréhendé la vie dans un pays de l’hémisphère Sud.
Il faut souligner que c’est dans un pays composé d’environ 75% de Blancs pour seulement 13% de Noirs, ayant mis fin juridiquement à la ségrégation raciale en 1954 et dans lequel Blancs et Noirs pratiquent majoritairement l’endogamie que Barack Obama a été élu. En dépit de l’existence d’un communautarisme marqué aux Etats-Unis, les électeurs ont su voter pour un représentant de l’unité, issu, en partie, d’une minorité.
Il est aujourd’hui à la tête des Etats-Unis, unique superpuissance mondiale, pôle attracteur d’individus issus du monde entier et centre de gravité de l’Occident. Même s’il demeure avant tout un citoyen américain, le symbole est extrêmement fort et emblématique de ce que peuvent aussi produire l’Amérique et l’Occident. Car l’entité si décriée de l’Occident, c’est aussi la seule civilisation d’ampleur mondiale abritant en son sein des groupes ethniques et des confessions issus de la terre entière.
Fort de cette nouvelle responsabilité, Barack Obama doit désormais faire face à de nombreux enjeux. Il hérite d’une hostilité mondialement répandue à l’égard des Etats-Unis, fruit d’un unilatéralisme exacerbé et d’une tentative hégémonique de remodelage du Moyen-Orient. Il hérite également des guerres d’Afghanistan et d’Irak, de la crise économique et des problèmes du système de santé. Mais Barak Obama a également promis une baisse des impôts. Il annonce ainsi plus d’intervention de l’Etat, avec moins d’impôts, le tout sur fond de crise économique. Au vu de l’ampleur des problèmes à affronter, la liesse que représente son élection, ainsi que la majorité démocrate au Congrès, ne seront pas de trop.
Au sujet de la guerre d’Irak, Barack Obama propose un « retrait responsable » sous 16 mois en faisant appel à une coalition régionale, incluant l’Iran, afin de stabiliser le pays et la région. Il propose également de se focaliser sur le théâtre afghan et la traque d’Al-Qaida. Il se dit prêt à dialoguer avec Téhéran mais demeure ferme au sujet d’un programme nucléaire militaire. Cependant, il apparaît peu probable que la politique extérieure américaine change fondamentalement : quelle que soit la majorité au pouvoir, l’intérêt national demeure le même.
Quoi qu’il en soit, l’élection d’un Noir – dont le père, athée, avait reçu une éducation musulmane – à la présidence des Etats-Unis, bat en brèche les critiques issues de l’antiaméricanisme primaire, brossant généralement le portrait d’un pays réactionnaire et raciste. Il est important de ne pas seulement parler en mal de l’Amérique et de saluer son avance permanente sur le reste du monde ainsi que sa bonne santé démocratique, en dépit des exaspérations suscitées par son comportement sur la scène internationale. Le paradoxe américain est sans doute de générer autant d’exaspération que de fascination. Plus que jamais, les Etats-Unis restent un pays surprenant de dynamisme et d’initiative, et risquent de demeurer encore longtemps un lieu d’attraction privilégié pour les déçus des autres sociétés.