Pour la dernière fois avant que l'ONU ne s'empare du dossier et décide en ultime recours de l'avenir du Kosovo – territoire peuplé à 90% d'albanophones et administré par l'ONU depuis la fin de la guerre qui opposa les séparatistes aux forces de Belgrade en 1998-1999 –, dirigeants serbes et albanophones se sont retrouvés samedi 10 mars à Vienne. Sans surprise, les positions inconciliables affichées par les deux camps n'ont pas permis de déboucher sur un compromis. Dans l'ancien palais impérial de la Hofburg, les ennemis d'hier ont pris place autour d'une table pour examiner une dernière fois le plan de l'envoyé spécial de l'ONU Martti Ahtisaari, qui accorde à la province séparatiste de Serbie une autonomie sous tutelle internationale avec sa propre Constitution, son armée, son hymne national et son drapeau, et assure en contrepartie des droits étendus à la minorité serbe dans les domaines administratifs et culturels.
Entamés il y a un an, les pourparlers sur l'avenir du Kosovo se sont rapidement retrouvés dans l'impasse et aucune percée n'est intervenue hier. Le plan, qui doit être entériné par le Conseil de sécurité de l'ONU pour entrer en vigueur, a été approuvé par les dirigeants albanophones du Kosovo, mais fermement rejeté par les autorités de Belgrade, qui refusent de lâcher cette province considérée comme le berceau historique de leur nation. Le plan est «inacceptable» et «insupportable», a déclaré le président serbe Boris Tadic, qui considère qu’arracher le Kosovo à la Serbie sera un facteur d’instabilité durable dans la région et au-delà. De son côté, le président du Kosovo Fatmir Sedjiu a souligné que «l'indépendance est le B.A.BA, le commencement et la fin de notre position», ajoutant que le Kosovo indépendant serait «un État moderne et démocratique».
Après cette ultime tentative pour parvenir à un accord, M. Ahtisaari remettra son projet au Conseil de sécurité avant la fin du mois de mars. S'il a le soutien des États-Unis et de l'Union européenne, la Russie – alliée historique de la Serbie qui dispose du droit de veto des membres permanents du Conseil – ne cache pas son scepticisme, ce qui laisse présager que le dernier chapitre du sanglant éclatement de la Yougoslavie n’est pas encore prêt de se refermer.
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