Le 6 février dernier, une dépêche AFP tombe : « Le sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE) le Triomphant a heurté un objet immergé ». Le capitaine de vaisseau Jérôme Erulin, chef du service d’informations et de relations publiques de la marine, précisait alors à l’AFP que le choc était dû à la rencontre entre « probablement un conteneur » et le fleuron de la technologie militaire française. Comment, ce qui fut qualifié d’incident était-il possible ? Interrogé sur la possibilité d'une telle péripétie, le capitaine de vaisseau Erulin expliquait alors « qu'un sous-marin en plongée n'a comme seul moyen de détection que le bruit. Normalement, un objet sous-marin émet du bruit, ce qui nous fait penser qu'il s'agit probablement de quelque chose en train de couler, sans doute un conteneur ». Le mensonge toujours le mensonge… La révélation de ce qui apparaissait comme improbable, provoqua une multitude d’interrogations dans les médias spécialisés "Défense", que l’on retrouve dans un article sous le titre : « La dissuasion nucléaire française doit-elle craindre les conteneurs immergés ? ».
La vérité vient d’éclater, de l’autre côté de la Manche, plus de 10 jours après ce qu’il va être dorénavant qualifié non plus d’incident mais bien d’accident. Selon les informations divulguées par différents quotidiens britanniques, ce 16 février 2009 (The Sun « Unthinkable », Daily Mail « British and French nuclear submarines collide in Atlantic ») le 3 ou 4 février 2009, le SNLE-NG le Triomphant et le HMS Vanguard sont entrés en collision dans l’océan Atlantique. Les deux bâtiments ont dû rejoindre leurs bases respectives suite à ce choc : le Triomphant est rentré par ses propres moyens après trois jours de navigation à l’île Longue et le HMS Vanguard a été ramené par des remorqueurs à sa base écossaise de Faslane. L’impensable s’est donc réalisé. Deux sous-marins dotés des technologies les plus performantes en matière de sonars ont été incapables de se « voir » ! La question de la fiabilité de leurs systèmes de détection se pose de façon urgente !
Selon les déclarations faites au Sun par un responsable de la marine britannique, « les conséquences potentielles sont inimaginables. Il y aurait pu y avoir une explosion nucléaire, et une fuite radioactive aurait pu être possible. Pire, nous aurions pu perdre l’équipage et les missiles nucléaires. Cela aurait été un désastre national ». Outre la mort des 250 hommes d’équipage, qui aurait été à déplorer, le monde entier aurait été confronté à une catastrophe nucléaire sans précédent. Heureusement, comme toujours dans ce genre de situation, les autorités militaires (françaises comme britanniques) aiment à préciser une seule chose : malgré cet accident la dissuasion nucléaire n’a, à aucun moment, été remise en question…
Imaginons la pire catastrophe sous-marine humaine et écologique jamais connue qui a bien failli se réaliser :
  • Les acteurs : deux sous-marins équipés de deux réacteurs nucléaires utilisant chacun plusieurs dizaines de kilos d’uranium hautement enrichi (90 à 93%). Le Triomphant transporte 16 missiles M-45 emportant au maximum 96 ogives nucléaires TN-75. Le Vanguard, selon la doctrine britannique établie en juillet 1998 dans la Strategic Defence Review, ne devait emporter qu’un maximum de 48 ogives W-76 (100 kt), réparties sur un maximum de 16 missiles Trident D-II.
  • Le risque : une explosion des réacteurs et/ou des ogives nucléaires créées a la suite de la collision. La grande muette si elle réagit à cette question, répondra certainement par la négative. La France, en effet, a doté ses ogives nucléaires de différents systèmes de sécurité empêchant leur mise à feu de manière inopinée. De même, celles-ci sont durcies, c'est-à-dire qu’elles peuvent résister à des chocs externes. Coté britannique, la technologie est sans doute similaire, mais ce serait oublier l’affaire du « popcorning », révélée en juin 2008. En raison d’un défaut dans la production des ogives britanniques (et américaines les plans de fabrication étant commun aux deux pays), celles-ci peuvent sauter « comme du popcorn » les unes après les autres. Cette réaction en chaîne serait stimulée à la suite d’un choc important, comme une collision, selon des documents du ministère de la défense britannique.
Ce qui aurait pu être un drame s’est heureusement bien fini. C’est le principal, pourrait-on penser ! Du moins pour le moment, car l’on peut s’étonner de voir une nouvelle fois au XXIe siècle la grande muette française réagir de cette sorte, par le mensonge ! Il est à espérer que toute la vérité soit faite sur cet accident, qui aurait pu changer le monde si le pire était arrivé. Pourquoi une telle collision ? Pourquoi les sonars sont-ils défaillants au point de ne pas détecter des sous-marins amis, ennemis ? Pourquoi avoir caché la vérité ? D'autres accident de ce type ce sont-ils déroulés dans le passé ? De nombreuses questions auxquelles les autorités britanniques comme françaises se doivent de répondre très rapidement…