La situation générale en Méditerranée ne progresse pas. La photographie en 2010 n’est pas fondamentalement différente de celle que l’on aurait pu faire en 1995 au moment du lancement du Partenariat euro-méditerranéen (PEM). Alors que la crise financière et économique internationale de 2008-2009 n’a pas épargné la région, les réponses régionales visant à stimuler les coopérations et les solidarités entre pays méditerranéens demeurent en-deçà des espérances et surtout des besoins. L’initiative de l’Union pour la Méditerranée (UpM), qui depuis 2008 cherche à galvaniser les politiques euro-méditerranéennes à travers le développement de projets concrets, avance beaucoup trop lentement.
Si, depuis fort longtemps, la Méditerranée n’est plus le centre de gravité géoéconomique de la planète, la région n’en demeure pas moins traversée par de multiples courants qui rythment la mondialisation et n’est pas absente de ce processus global où les flux commerciaux, culturels et humains s’agitent. Sans en être la locomotive, la Méditerranée se situe sans aucun doute dans les couloirs de cette mondialisation rutilante, qu’elle subit plus qu’elle n’impulse.
Aspirés par la mondialisation, engagés dans une diversification de leurs relations économiques et politiques, frustrés assurément par la tiédeur du partenariat proposé par l’Union européenne, la majorité des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée élargissent l’amplitude de leur diplomatie et s’ouvrent au Monde.
Zone de tensions et parfois même de conflits ouverts, en son sein ou dans sa périphérie immédiate, la Méditerranée conserve une place majeure sur l’échiquier des relations internationales. Echiquier qui toutefois devenant puzzle, révèle de plus en plus de nouvelles stratégies de puissances de la part des pays émergents notamment, qui doublent leur pénétration économique d’une posture politique singulière dans les zones où marchés à conquérir et influences diplomatiques à bâtir se conjuguent d’un commun mouvement. Certaines puissances, historiquement présentes en méditerranée, comme les Etats-Unis ne s’y désengagent pas, tandis que d’autres s’immiscent de plus en plus dans la zone, à l’instar de la Chine, des monarchies du Golfe et du Brésil, sans oublier l’influence grandissante que jouent depuis quelques temps des pays comme l’Iran ou la Turquie dans les dynamiques politico-stratégiques de la région méditerranéenne.
Le « huis-clos » euro-méditerranéen parfois perceptible dans certains discours et stratégies relève de la fantaisie oratoire. La Méditerranée n’est plus le cœur du Monde, mais cette Méditerranée consomme le Monde, et le Monde façonne la Méditerranée.

SOMMAIRE
DOSSIER
Il était une fin… l’Euro-Méditerranée
Sébastien Abis, Analyste politique, Confluences Méditerranée
Les Etats-Unis : une puissance
Jean-François Coustillière, Amiral, consultant
La Chine en Méditerranée, l’émergence d’une nouvelle puissance
Lionel Vairon, Président CEC Consulting
Le Brésil en Méditerranée : une éclosion stratégique sur fond d’héritages socio-
Elodie Brun, Doctorante, Sciences-Po Paris
L’Iran et la Méditerranée
Barah Mikaïl, Chercheur IRIS
Pays du Golfe en Méditerranée : les registres de l’influence
Pierre Blanc, Géopolitologue, Rédacteur en chef de Confluences Méditerranée
La Libye a-t-elle vraiment tourné le dos à la Méditerranée ?
Zidan Mubarak Mohamed, Directeur du Centre Des Études Diplomatiques à l'Académie des Hautes Études, Libye
La diplomatie tous azimuts de la Turquie : émergence d’une puissance moyenne en Méditerranée
Ali Kazancigil, Politologue et universitaire
Confrontation ou coopération dans le Bassin de la mer noire ?
Jean-François Drevet, ancien fonctionnaire européen
Dynamiques migratoires sub-sahariennes vers l’Afrique du Nord
Catherine Withol de Wenden, Professeur, CERI
Dynamiques de l’investissement en Méditerranée : vers un partenariat plus équilibré entre les deux rives ?
Emmanuel Noutary, Zoé Luçon, Bénédict de Saint-Laurent, Jeanne Lapujade
L’impératif de reconnexion économique de la Méditerranée à l’Europe
Mihoub Mezouaghi
Penser l’Euro-Méditerranée autrement
Ivan Martin, Chercheur associé, Instituto Complutense de Estudios Internacionales (ICEI)
ACTU
Algérie : la tierce rive en Méditerranée
Rabeh Sebaa, Sociologue, Algérie