Dans une allocution télévisée de sa résidence de Gorki, près de Moscou, M. Medvedev a déclaré que les Etats-Unis et l'OTAN, dans leur projet de système antimissile officiellement tourné vers des pays tels que l'Iran, "n'(avaient) pas l'intention jusqu'à présent de prendre en compte" l'inquiétude russe.
En conséquence, la Fédération de Russie développera, si nécessaire, "dans l'Ouest et dans le Sud du pays, des systèmes offensifs modernes qui garantiront la destruction des installations européennes de la défense antimissile des Etats-Unis", a déclaré le président russe. "Une de ces mesures sera le déploiement d'une batterie de missiles Iskander dans la région de Kaliningrad."
Un ultimatum auquel les Etats-Unis ont opposé une fin de non-recevoir. "Les systèmes antimissiles dont le déploiement est prévu en Europe ne menacent pas, et ne peuvent pas menacer la dissuasion stratégique de la Russie", a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, Tommy Vietor, ajoutant : "Nous ne modifierons ou ne limiterons d'aucune façon nos projets de déploiement."
Ce n'est pas la première fois que Moscou brandit ce genre de menaces. La Russie dit craindre que ce système ne nuise à sa propre sécurité et a exigé, jusqu'à présent en vain, d'y être associée pour vérifier qu'il ne vise pas sa capacité de dissuasion.
Cette crainte est exacerbée dans un contexte électoral. Le président Medvedev a prononcé cette allocution au moment où son pays se prépare à des élections législatives. A l'approche du scrutin, la politique intérieure a pris des accents volontiers nationalistes.
Le chef de l'Etat russe est allé jusqu'à envisager une sortie du Start (Strategic Arms Reduction Treaty), le traité de désarmement nucléaire signé avec les Etats-Unis et entré en vigueur en février 2011, tout en soulignant que la Russie "ne fermait pas la porte" à des négociations ultérieures. Une ouverture au dialogue qu'a saluée le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, tout en qualifant de "très décevante" la menace brandie par Dmitri Medvedev.
Le représentant de la Russie auprès de l'OTAN, Dmitri Rogozine, a quant à lui précisé lors d'une conférence de presse que cette mesure ne serait mise en œuvre que lorsque le déploiement en Europe du système antimissile de l'organisation aurait atteint un "point de non-retour".
Le système antimissile mis en place par les Etats-Unis en Europe prévoit de protéger les pays de l'OTAN de tirs de missiles en provenance de l'Iran ou de la Corée du Nord. La Roumanie, la Turquie, la Pologne et plus récemment l'Espagne y ont officialisé leur participation. L'achèvement de ce dispositif est programmé en 2018.
Source : AFP/Reuters