Catherine MAIA
Après des semaines de fausses alertes, Edward
Snowden est enfin
sorti de l'aéroport de Moscou, dans lequel il était bloqué depuis le 26 juin.
Son avocat russe, Anatoli Kucherena, a annoncé le 1er août que son client s'est vu octroyer l'asile temporaire en Russie pour une durée d'un an.
"Je remercie la Russie
de m'accorder l'asile en accord avec ses
lois et ses obligations internationales, a déclaré l'ex-consultant
du renseignement américain à l'origine des révélations sur le programme de
surveillance Prism. Lors des huit dernières semaines, on a vu
l'administration Obama ne montrer aucun respect pour les lois internationales et
nationales, mais en fin de compte la justice a gagné".
Edward Snowden ne diffusera plus de documents sur les
programmes de surveillance américains à travers le monde mais veut refaire sa
vie en Russie où il a obtenu le statut de réfugié pour un an, a déclaré le 1er
août son avocat. Anatoli Koutcherena a précisé que l'ancien consultant de la National
Security Agency
(NSA), poursuivi aux Etats-Unis pour espionnage, avait trouvé refuge chez des
expatriés américains.
L'avocat a toutefois refusé de révéler sa localisation,
assurant que M. Snowden était dans un "lieu sûr". "Le lieu où il se trouve
ne sera pas divulgué pour des questions de sécurité car il est l'homme le plus
recherché du monde", a précisé l'avocat.
Cette information a été confirmée par des
journalistes du média russe Russia Today, qui ont vu l'ex-consultant
de la NSA sortir de
la zone de transit de l'aéroport. Ils ont également pu voir les papiers d'Edward Snowden. Le site WikiLeaks a également confirmé que Snowden avait
enfin acquis le statut de réfugié en Russie.
LA TENTATION DE RESTER EN
RUSSIE
Une semaine plus tôt, Anatoli Kucherena avait insisté sur le fait que son client avait "l'intention de s'installer en Russie, de trouver un travail",
après avoir officiellement
demandé un asile provisoire à la Russie le 12 juillet, faute de pouvoir rejoindre un des pays
d'Amérique latine qui s'étaient déclarés prêts à lui accorder l'asile.
L'avocat avait alors expliqué que le service des
migrations devait lui fournir dans
les sept jours suivant le dépôt de sa demande une attestation selon laquelle
son dossier était recevable. Ce certificat lui donne désormais le droit de se
déplacer en Russie.
"C'est un expert de très
haut niveau et je reçois des lettres de sociétés ou de particuliers qui veulent lui proposer du travail. Il n'aura pas de
problèmes de ce côté-là", a par ailleurs assuré son avocat.
Le principal réseau social sur
internet de Russie, VKontakte, lui a déjà offert un poste. "Nous invitons Edward
Snowden à Saint-Pétersbourg et nous serions contents s'il décidait de rejoindre l'équipe de nos
informaticiens stars, a
écrit Pavel Dourov sur sa page Vkontakte. Il n'y a pas de société internet plus populaire
en Europe. Je pense qu'Edward sera intéressé à l'idée de s'occuper de la protection des données personnelles de
nos utilisateurs."
LES ÉTATS-UNIS
"EXTRÊMEMENT DÉÇUS"
La Maison Blanche s'est dite "extrêmement déçue",
le 1er août, de cette décision, prise "malgré [ses] demandes très claires, et
légales, en public et en privé, de voir M. Snowden expulsé vers
les Etats-Unis pour qu'il réponde des accusations portées contre lui",
a déclaré le porte-parole de l'exécutif américain, Jay Carney.
Les Etats-Unis estiment que cette décision porte un coup à la bonne coopération
entre Washington et Moscou dans le domaine judiciaire.
Interrogé sur le maintien d'un sommet bilatéral début
septembre 2013 entre le Président Barack Obama et son homologue russe Vladimir
Poutine à Moscou avant le G20 de Saint-Pétersbourg, M. Carney a laissé entendre qu'il était désormais incertain, après
des semaines d'ambiguïté sur cette question.
CNN avait par ailleurs révélé le 31 juillet que M.
Kurechena envisagerait de négocier
avec l'administration américaine sur le cas de son client. Edward Snowden s'est
refusé à retourner aux
Etats-Unis, où il est accusé d'espionnage. Selon lui, il y serait torturé et
risquerait la peine de mort s'il y retournait. Des craintes
que Washington a voulu démentir le 26 juillet, en insistant sur
le fait qu'elles étaient "sans fondement" car "la torture est illégale aux
Etats-Unis".
Malgré les tensions russo-américaines nées de l'affaire
Snowden, Moscou n'a reçu aucun signal de la part des Etats-Unis sur une
possible annulation de la visite du président Barack Obama en Russie prévue pour septembre 2013
avant le sommet du G20. Cette affaire "est trop insignifiante pour influer sur les relations
bilatérales", a souligné Iouri Ouchakov, conseiller du président russe. Mais Washington a,
de son côté, laissé planer le
doute sur le maintien de cette escale.
UN "DÉNONCIATEUR"
PLUTÔT QU'UN "TRAÎTRE"
Une majorité d'électeurs américains estiment que
l'ex-consultant de la NSA est un"dénonciateur" plutôt qu'un "traître",
selon un sondage paru le 1er août. Près de 55% des électeurs américains
considèrent que le jeune homme de 30 ans est un "lanceur d'alerte",
contre 34% qui jugent au contraire qu'il a trahi son pays, révèle une enquête menée à l'échelle nationale par
l'université Quinnipiac.
"La plupart des
électeurs américains ont une image positive d'Edward Snowden, mais c'était
avant qu'il obtienne l'asile en Russie", a toutefois précisé
Peter A. Brown, directeur adjoint de l'institut de sondage de l'Université
Quinnipiac. Le sondage montre en outre que 38% des électeurs se disant
républicains voient Snowden comme un traître et 51% comme un dénonciateur,
contre respectivement 36% et 56% du côté des démocrates.
Sources : AFP / Reuters / Le Monde
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