2 décembre 2014

ACTU : L'Assemblée nationale française adopte une résolution invitant la France à reconnaître l'Etat palestinien

Catherine MAIA

L'Assemblée nationale française a adopté, le 2 décembre, par 339 voix contre 151, une proposition de résolution du groupe socialiste demandant au Gouvernement français de reconnaître l'Etat palestinien. L'initiative socialiste ne lie pas le Gouvernement et n'a pas de valeur contraignante. Le texte voté par les députés rejoint toutefois une démarche en voie de se généraliser en Europe, qui pourrait donner lieu à un vote au Parlement européen en décembre.

UN ÉTAT PALESTINIEN « SUR LES BASES DES LIGNES DE 1967 »

La résolution juge que « la solution des deux Etats, promue avec constance par la France et l'Union européenne, suppose la reconnaissance de l'Etat de Palestine aux côtés de celui d'Israël ». Elle constate « l'échec des tentatives de relance du processus de paix » depuis 1991 entre Israéliens et Palestiniens, et relève « la poursuite illégale de la colonisation dans les territoires palestiniens ».

Le texte affirme également « l'urgente nécessité d'aboutir à un règlement définitif du conflit » avec l'établissement d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël, « sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale de ces deux Etats ».

Lors du débat qui s'est tenu le 28 novembre sur le texte, le chef du groupe socialiste, Bruno Le Roux, a insisté sur la nécessité d'agir face à « l'impasse » de la situation : poursuite de la colonisation, échec des négociations sous égide américaine et multiplication des violences meurtrières.

Bruno Le Roux a reçu le soutien de ses homologues écologistes et communistes : « Dans la période actuelle qui est une période d'échec dans les négociations et une période d'enlisement dans l'affrontement, on doit faire des gestes symboliques comme celui-là », a ajouté, le 1er décembre, la coprésidente du groupe écologiste Barbara Pompili. « C'est une invitation au dialogue et à l'apaisement », a ajouté, le 2 décembre l'écologiste François de Rugy lors des explications de vote de son groupe. Le communiste François Asensi a renchéri : cette reconnaissance est « un combat historique » auquel son groupe apporte « l'intégralité de ses voix », en ajoutant espérer une « large majorité au-delà de la gauche ». Cela n'a pas été le cas.

LE CENTRE ET LA DROITE MAJORITAIREMENT OPPOSÉS

La droite et le centre, qui pensent qu'une reconnaissance ne peut intervenir qu'à la conclusion de négociations, se sont montrés très hostiles à une démarche qu'ils estiment réservée à l'exécutif.

Le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, avait annoncé, le 1er décelbre, qu'il ne voterait pas la résolution sur la Palestine, préférant une position européenne commune à ce qu'il qualifie « d'opération électoraliste ». D'autres sont allés encore plus loin en mêlant tous les acteurs de la région : « Le Hamas est l'équivalent de Daesh et d'Al-Qaida », n'avait pas hésité à lancer le 28 novembre l'UDI Meyer Habib, député franco-israélien de la circonscription des Français de l'étranger incluant Israël et les territoires palestiniens.

Après avoir hésité à ne pas prendre part au vote, le groupe UMP a décidé de voter contre dans sa grande majorité, comme le préconisait Nicolas Sarkozy. « Je n'aime pas ces résolutions qui n'ont aucun impact, qui ne changent rien », a ainsi jugé Laurent Wauquiez, proche du président de l'UMP. « Ce n'est pas de la compétence de l'Assemblée nationale », a ajouté Christian Jacob, président du groupe UMP, selon lequel la reconnaissance de l'Etat palestinien ne peut se faire sans « le préalable d'un accord de paix ».

Plusieurs députés UMP chauds partisans d'Israël, comme Christian Estrosi ou Claude Goasguen, accusent le PS de chercher à séduire un « électorat musulman » qui aurait été déçu par une politique de François Hollande jugée trop favorable à l'Etat hébreu. Pour sa part, le député d'extrême droite Gilbert Collard a estimé qu'avec cette résolution, les socialistes « embrassent le Hamas, le terrorisme ».

Seule une poignée d'UMP ont soutenu la résolution, comme l'ancien président de la commission des affaires étrangères Axel Poniatowski, favorable à la reconnaissance « pour que les deux parties soient dans un rapport mieux équilibré dans les négociations ».

UN TEXTE QUI « ÉLOIGNE » LA POSSIBILITÉ D'UN ACCORD

Réagissant au vote, l'ambassade d'Israël en France a accusé les députés d'« éloigner les possibilités d'arriver à un accord » de paix. De son côté, l'Autorité palestinienne a salué l'adoption du texte par l'Assemblée.

A la fin octobre 2014, la Suède a été le dernier pays en date à reconnaître l'Etat de Palestine, par un décret. Le Gouvernement a estimé que « les critères de droit international pour une reconnaissance de l'Etat de Palestine sont remplis », à savoir un territoire (« bien que sans frontières fixes »), une population et un Gouvernement. Pour le moment, 135 pays ont reconnu la Palestine comme Etat indépendant. Elle a, par ailleurs, le statut d'Etat observateur non membre de l'ONU depuis novembre 2012.

1988
1989
1991
1992
1994
1995
1998
2004
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2006
2008
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2010
2011
2012
2013
2014
Sources : AFP/Le Monde

1 commentaire :

  1. France : Le Sénat vote la résolution demandant la reconnaissance de l'Etat palestinien

    Après les députés, le Sénat a voté, jeudi 11 décembre, une résolution demandant la reconnaissance de l'Etat de Palestine par la France et « une reprise sans délai » des négociations israélo-palestiniennes. Ce texte, défendu par les socialistes, les écologistes et les communistes, a été voté par 154 voix contre 146.

    Pour l'auteur de la résolution, Gilbert Roger (PS), la reconnaissance de l'Etat palestinien est « le premier pas d'une relation d'égal à égal entre Israël et les Palestiniens » et « la condition sine qua non de l'ouverture de véritables négociations ».

    L'initiative de la gauche, si elle ne lie pas le gouvernement, s'inscrit cependant dans un mouvement global en Europe considérant la reconnaissance comme un moyen de faire pression pour relancer un processus de paix moribond et sauver la solution des deux Etats.

    Les députés irlandais ont ainsi adopté mercredi 9 décembre une motion symbolique demandant à leur gouvernement de reconnaître un État palestinien, après les Parlements britannique et espagnol.

    Le vote des sénateurs intervient alors que la tension sur le terrain est encore montée d'un cran mercredi avec la mort en Cisjordanie, dans une manifestation, d'un haut responsable palestinien, Ziad Abou Ein, à la suite de heurts avec des soldats israéliens.

    Sources : Le Monde/AFP
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/12/11/le-senat-vote-la-resolution-demandant-la-reconnaissance-de-l-etat-palestinien_4538785_823448.html

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