28 février 2022

ACTU : Bientôt des armes nucléaires russes en Biélorussie ?

Jean-Marie COLLIN

Fidèle allié de la Russie, le président biélorusse Alexandre Loukachenko assurait, le 17 février 2022, que son pays pourrait accueillir des armes nucléaires russes si des « mesures stupides » venaient à être prises par ses « rivaux et adversaires ». Afin de se donner les moyens de mettre en œuvre sa décision, il a organisé, le 27 février, un référendum pour modifier la Constitution, laquelle interdit tout déploiement d'armes nucléaires d'une puissance étrangère sur son territoire. 

En effet, conformément à l'article 18 de la Constitution biélorusse de 1996 :

  • « La République de Biélorussie, dans sa politique étrangère, s'inspire des principes suivants : égalité des États, non emploi de la force ou de la menace de la force, inviolabilité des frontières, règlement pacifique des différends, non-ingérence dans les affaires intérieures des États, et autres principes et règles de droit international universellement reconnus » (§1) ;
  • « La République de Biélorussie s'engage à faire de son territoire un État neutre et exempt d'armes nucléaires » (§2).

Cet article 18 est le résultat des différents accords (Accord de Minsk de 1991, Mémorandum de Budapest de 1994) adoptés au lendemain de l'éclatement de l'URSS et prévoyant le retour en Russie des arsenaux nucléaires tactiques soviétiques qui étaient jusqu'alors installés en Biélorussie.

Avec plus de 65% de votes favorables aux amendements de la Constitution, prévoyant également une immunité judiciaire à vie pour les anciens présidents, le résultat du référendum biélorusse ne faisait guère de doute.

Si, comme le permet désormais la Constitution telle que révisée, un déploiement d’armes nucléaires russes en Biélorussie devait se réaliser, celui-ci viendrait créer un précédent dangereux, une augmentation du risque nucléaire, et une étape de plus dans la prolifération nucléaire.

En outre, cette action porterait atteinte au droit international, puisque l'article 2 du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) dont la Biélorussie - comme la Russie - sont membres, dispose clairement :

  • Article 1 : « Tout État doté d’armes nucléaires [ici la Russie] qui est Partie au Traité s’engage à ne transférer à qui que ce soit, ni directement ni indirectement, des armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires explosifs, ou le contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs » ;
  • Article 2 : « Tout État non doté d’armes nucléaires [ici la Biélorussie] qui est Partie au Traité s’engage à n’accepter de qui que ce soit, ni directement ni indirectement, le transfert d’armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires ou du contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs ».

Il faut noter que l'OTAN déploie aussi des armes nucléaires (depuis 1953) dans de nombreux États européens. L'Allemagne, la Belgique, l'Italie, les Pays-Bas et la Turquie accueillent des armes nucléaires tactiques (modèle B-61) des États-Unis dans le cadre de l'OTAN. Leur nombre est estimé à une centaine d'armes nucléaires. Pour autant, concernant l'OTAN, ce déploiement est licite, car il a été réalisé avant la mise en œuvre du TNP (1970), une vision qui n'est pas partagée par la Russie.




Source : Blog Défense et Géopolitique 

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire