Dans un pays dont l’histoire contemporaine est jalonnée de plusieurs coups d'État ou tentatives de coups d’État depuis son indépendance en 1962 et qui tente de sortir de plus de 13 ans de guerre civile, l’affaire du coup d'État prétendument fomenté par l'ex-président burundais en exercice de 2003 à 2005, Domitien Ndayizeye, a fait grand bruit.
Alors que la prison à perpétuité avait été requise à son encontre, Domitien Ndayizeye vient d’être acquitté lundi 15 janvier 2007 pour le plus grand soulagement de la majorité de la société civile scandalisée par cette affaire montée selon elle de toutes pièces.
La Cour suprême du Burundi, la plus haute instance judiciaire de ce petit pays d'Afrique centrale, a décidé d’acquitter l’ancien président burundais ainsi que quatre de ses six coaccusés. Les deux autres, Alain Mugabarabona, chef d'une ancienne petite rébellion hutue, et Tharcisse Ndayishimiye, membre de l'ex-rébellion des Forces pour la défense de la démocratie (essentiellement hutue) aujourd'hui au pouvoir, ont en revanche été condamnés à 20 et 15 ans de prison.
Comme l’a expliqué le porte-parole de la Cour suprême du Burundi, ces derniers ont fait des aveux. Toutefois, en poursuivant Domitien Ndyaizeye et les quatre autres personnes qui ont été acquittées, le ministère public s'est basé uniquement sur le témoignage d'Alain Mugabarabona, autrement dit sur les accusations d'un seul témoin lui-même partie prenante au procès, ce qui affecte de nullité un tel témoignage.
À l'exception de Tharcisse Ndayishimiye, tous les accusés ont toujours clamé leur innocence dans cette affaire où l'armée avait d’ailleurs affirmé ne pas avoir d'indice quant à l’existence avérée d’une tentative de coup d'État.
Cette affaire de prétendu coup d'État avait suscité de vives condamnations, notamment de la part de l’ONU qui avait dénoncé l'intolérance grandissante du gouvernement burundais face à la critique émise par l'opposition politique et la presse, mais aussi de la part d'organisations non gouvernementales et de l'opposition politique elle-même qui avaient accusé le gouvernement, au pouvoir depuis la mi-2005, de vouloir la museler.
Ce verdict, pour le moins inattendu et accueilli avec beaucoup de satisfaction par les organisations burundaises de défense des droits de l'Homme, intervient deux mois seulement avant l'organisation d'une réunion des bailleurs de fonds du Burundi, l'un des pays les plus pauvres de la planète, au moment où plusieurs pays ont émis des inquiétudes quant à la dérive autoritaire du régime burundais.
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