Dans la foulée de ce veto - le second seulement depuis le début de sa présidence -, le Président s’est adressé solennellement à la nation dans une allocution prononcée depuis la Maison Blanche et retransmise en direct sur les chaînes de télévision. «Le texte adopté par les deux chambres du Congrès est une prescription pour le chaos et la confusion et nous ne devons pas l’imposer à nos troupes», a déclaré George Bush. Ce projet de loi aurait effectivement «fixé une échéance rigide et artificielle» pour le retrait des troupes. Or, «il est absurde de dire à l’ennemi à quel moment vous prévoyez d’entamer le retrait», a expliqué le chef de la Maison Blanche.
Pour justifier l’occupation continue de l’Irak, Bush a une nouvelle fois soulevé le spectre du 11 septembre, affirmant que la plus grande partie de la violence récente en Irak était provoquée par Al-Qaïda. C’est un ennemi, « tous sont d’accord, qu’il nous faut combattre », a-t-il affirmé, ajoutant que si l’on mettait fin à la guerre en Irak, alors les forces d’Al-Qaïda en Irak réaliseraient une autre attaque aux États-Unis.
Pour passer outre le veto présidentiel, les démocrates doivent réunir une majorité des deux tiers sur leur texte lors d’un nouveau vote au Congrès. Ne disposant pas d’une telle majorité dans aucune des deux chambres, ils sont condamnés à assouplir leur projet de loi. Même si les adversaires démocrates du Président Bush ont d’ores et déjà annoncé qu’ils continueraient à travailler à changer le cours de la guerre en Irak, il est probable que l’on parvienne dans les jours qui viennent à un compromis avec le vote d’un nouveau texte sans échéancier pour financer la guerre. De fait, les démocrates, à l’instar des républicains, sont d’accord pour reconnaître la nécessité d’obtenir le financement indispensable à la présence des troupes américaines sur le territoire iraquien et l’on voit mal les démocrates lâcher les soldats sur le terrain.
Ainsi, tout ce processus ressemble fort à une mise en scène. Avant que le projet de loi ne passe au Congrès, il était clair qu’un veto serait imposé et que les démocrates allaient finalement fournir à l’administration Bush le financement nécessaire sans aucune restriction. La mascarade des derniers jours s’apparente à une tentative menée par les démocrates de se présenter comme une force d’opposition, conformément au désir exprimé par le peuple américain lors des élections de novembre 2006 d’en finir avec la guerre. Elle fait écho également aux préoccupations exprimées par plusieurs démocrates qui craignent que l’occupation américaine en Irak ne soit en train de miner la capacité de l’armée américaine à intervenir ailleurs contre le terrorisme, notamment en Iran ou en Corée du Nord.