S’agissant du réchauffement climatique, préoccupation placée en haut de l’agenda du G8, il apparaît clairement que la chancelière allemande, Angela Merkel, devra revoir à la baisse ses ambitions. De fait, bien que George Bush s'est voulu encourageant en assurant vouloir travailler avec le G8 à un accord post-Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, il refuse qu'un objectif global à long terme de réduction des gaz à effet de serre (GES) soit annoncé. Hors de question pour les Américains d’entendre parler d'engagements avant de discuter au cours des 18 prochains mois avec les principaux pays émetteurs, notamment la Chine et l'Inde.
Selon Mme Merkel, «il est clair que les objectifs définis par les Européens ne peuvent être tous partagés immédiatement par le reste du monde». «La vraie question est : aura-t-on avancé à la fin du sommet ? (...) ceci implique la reconnaissance de l'origine humaine du changement climatique et qu'il nous faut un processus dans lequel l'ONU soit impliqué», a-t-elle insisté.
Le premier ministre nippon, Shinzo Abe, a déclaré que le Japon et les États-Unis partageaient la recherche d'un «cadre réaliste» mais «souple», une position qui illustre bien le rôle de médiateur qu'entend jouer M. Abe entre Européens et Américains.
Mme Merkel a reçu en revanche des soutiens très nets des autres membres du G8, dont la France, en faveur de son approche sur le climat qui prévoit, dans le cadre de l'ONU, une entente dès 2009 sur un nouvel accord post-Kyoto (après 2012) fixant des objectifs quantifiés.
S’agissant du réarmement, la très vive opposition de la Russie au projet américain de défense antimissile au cœur de l’Europe qu'elle considère comme une menace à sa sécurité nationale a ravivé le spectre de la grande confrontation géostratégique d’après-guerre. En dépit de la récente escalade verbale entre la Russie et les Occidentaux auquel a donné lieu l’annonce du projet américain, George Bush a tenté hier, à la veille de l’ouverture du sommet du G8, de rassurer le Président russe, Vladimir Poutine, en affirmant que le bouclier antimissile américain est un système purement défensif qui ne vise pas Moscou, bien que critiquant au passage l'état de la démocratie en Russie, comme d’ailleurs en Chine.
Aujourd’hui, M. Bush a martelé que la Russie n’était pas son ennemie et que la Guerre Froide était finie. Même si le Kremlin a menacé il y a quelques jours de chercher de nouvelles cibles en cas de déploiement de boucliers antimissile américains en Europe, Bush est convaincu que «la Russie ne va pas attaquer l'Europe».
De son côté, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé qu'au lieu de déployer ce bouclier antimissile, Washington ferait mieux de se concentrer sur les véritables menaces. «Ce que nous devons tous faire, c'est joindre nos efforts pour combattre les menaces réelles, pas les menaces hypothétiques», a-t-il déclaré. Se joignant aux critiques russes, la Chine a estimé que le projet américain porte atteinte à la «confiance mutuelle» entre les grandes puissances et peut engendrer de «nouveaux problèmes de prolifération».
L'Allemagne compte aussi obtenir du G8 de nouveaux engagements en matière d'aide au développement et de financement de la lutte contre le sida en Afrique. Toutefois, là aussi, les divergences apparaissaient au grand jour. Malgré l’appel solennel du pape Benoît XVI aux participants du G8 à respecter leurs promesses «d'augmenter substantiellement l'aide au développement» adoptées lors du précédent sommet de Gleneagles en 2005, certains pays se montrent réticents à accorder de nouvelles aides.