Les trois accusés – Alex Tamba Brima, Brima Bazzy Kamara et Santigie Borbor Kanu – dont le procès s’était ouvert en 2005, font partie des neuf suspects actuellement jugés ou en attente de verdict pour leurs crimes lors de la guerre civile sierra-léonaise qui a fait quelque 120.000 morts et des milliers de mutilés. Le plus célèbre d'entre eux, Charles Taylor, ancien président libérien accusé d'avoir dirigé des groupes rebelles en Sierra Leone, est actuellement jugé à La Haye (Pays-Bas) où son procès a été délocalisé pour des raisons de sécurité.
Le Tribunal a retenu onze des quatorze chefs d'inculpation qui pesaient contre MM. Brima, Kamara et Kanu. Ceux-ci ont été reconnus coupables d'avoir commandé des groupes armés qui se sont livrés à des exactions contre les populations civiles des régions diamantifères de Sierra Leone et d'avoir pris part à la prise meurtrière de Freetown en janvier 1999. Ils sont notamment accusés d'avoir commis de nombreuses mutilations sur des civils, en particulier ceux qu'ils considéraient comme favorables au gouvernement, d’avoir perpétré des violences sexuelles, notamment des viols multiples et des mariages forcés, et d'avoir recruté des enfants-soldats. Avec ces jugements, c’est ainsi la première fois qu'une cour internationale reconnaît ce dernier crime. Les deux accusés risquent la prison à vie, mais ils ne connaîtront leur sentence que le 16 juillet.
Ces premiers verdicts ne doivent cependant pas faire oublier que deux figures majeures du conflit, inculpés par le TSSL, sont mortes. Il s'agit de Foday Sankoh, chef charismatique de la rébellion du Front révolutionnaire uni (RUF), décédé en détention en août 2003, et de Sam «Mosquito» Bockarie, chef militaire redouté du RUF, décédé la même année dans des combats au Liberia.

Mise à jour (20/07/2007)
Le19 juillet, le Tribunal spécial pour la Sierra Leone - créé en 2002 pour juger les coupables d’exactions commises durant la guerre civile sierra léonaise sur la base du droit national et du droit international - a prononcé ses premières condamnations à l’encontre de trois anciens chefs de guerre. Reconnus coupables, le 20 juin dernier, de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, Alex Tamba Brima, Santigie Borbor Kanu et Brima Bazzy Kamara ont été condamnés à 45 de prison pour le premier et à 50 ans pour ses deux comparses.
La lourdeur des peines prononcées par le tribunal peut notamment s’expliquer par le fait que les inculpés n’ont jamais montré aucun signe de remords durant les audiences et, de plus, avaient plaidé non-coupables. Le parquet avait, quant à lui, requis des peines plus sévères encore : 50 et 60 ans. Les trois accusés, qui devront effectuer leur peine en Suède et en Autriche, ont toutefois annoncé, vendredi 20 juillet, leur intention de faire appel du jugement.
Entre les inculpés décédés et ceux actuellement en fuite, le TSSL doit encore juger ou statuer sur les cas de Issa Hassan Sesay et Morris Kallon Moinina, du Front uni révolutionnaire (RUF), et de Fofana et Allieu Kondewa, du Civil defence force (CDF), tandis que son plus gros client – et le premier chef d'État africain jugé pour crimes contre l"humanité par une juridiction internationale – l’ex-président du Liberia Charles Taylor, dénonce un procès inéquitable et refuse de comparaître devant le tribunal délocalisé à La Haye. Pour sa prochaine audience, fixée au 20 août, ce dernier a néanmoins obtenu les moyens financiers demandés pour constituer une nouvelle équipe de défense composée de 3 avocats.