Germain Katanga est notamment accusé de «meurtres», d'«actes et traitements inhumains» et d'«esclavage sexuel», du fait d'avoir «fait participer des enfants de moins de 15 ans à des hostilités» et d'avoir «dirigé intentionnellement des attaques contre la population civile» d'Ituri.
Il est le deuxième prisonnier de la CPI, après Thomas Lubanga, chef de guerre congolais lui aussi mais d'une milice rivale, dont le procès - qui devra notamment déterminer sa responsabilité en matière d’enrôlement forcé d'enfants - devrait commencer l'an prochain.
Germain Katanga, 29 ans, était le chef des Forces de résistance patriotiques en Ituri (FRPI), une milice créée fin 2002 avec un soutien ougandais, dont de nombreux membres, des ethnies Lendu et Ngiti, sont soupçonnés d'avoir participé à des massacres à caractère ethnique dirigés contre les Hema.
La Chambre préliminaire I de la CPI avait délivré un mandat d'arrêt le 2 juillet 2007, estimant qu'il existe «des motifs raisonnables de croire qu'en sa qualité de plus haut commandant de la FRPI, Germain Katanga a joué un rôle essentiel dans la planification et la mise en œuvre, le 24 février 2003 ou vers cette date, d'une attaque menée sans discrimination contre le village de Bogoro, sur le territoire de l'Ituri».
La Chambre a aussi estimé qu'il existe des motifs raisonnables de croire que, «pendant et après l'attaque du village de Bogoro, dirigée principalement contre des civils d'ethnie hema, les actes criminels suivants ont été commis : meurtre d'environ 200 civils, atteintes graves à l'intégrité physique de civils ; arrestation, menace avec des armes et enfermement de civils dans une pièce remplie de cadavres ; pillages ; réduction en esclavage sexuel de plusieurs femmes et filles ; et participation active d'enfants âgés de moins de 15 ans à ladite attaque».
De plus, la Chambre a considéré qu'il existe des «motifs raisonnables de croire que Germain Katanga et d'autres commandants de la FRPI et du Front nationaliste et intégrationniste (FNI) se sont mis d'accord sur un plan commun d'attaque du village de Bogoro».
Le mandat d’arrêt de la CPI avait été transmis aux autorités congolaises afin qu'elles procèdent au transfèrement de l'accusé, déjà en prison depuis 2005 en raison de son implication présumée dans une attaque ayant coûté la vie à neuf Casques bleus de la Mission de l'ONU en Ituri, la Monuc.
Comme d'autres chefs de milice, il avait été nommé général de l'armée congolaise en décembre 2004, dans le cadre d'un processus de paix visant à mettre fin à une guerre civile de cinq ans ayant fait plus de 4 millions de morts dans le pays. Depuis 1999, dans la seule région d'Ituri, les violences interethniques et les affrontements entre milices ont fait plus de 60.000 morts et plus de 600.000 déplacés, selon des sources humanitaires.
Récemment, les tensions se sont ravivées dans la région voisine du Nord-Kivu, faisant des centaines de morts et des milliers de déplacés.

  • Lire le communiqué de la CPI : «Audience de première comparution de M. Germain Katanga devant la Chambre préliminaire I».