L'opération baptisée Eufor Tchad-RCA consiste à envoyer près de 3.700 soldats, dont plus d'une moitié viennent de France et le reste de 13 autres pays européens, dans l'est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique.
L'insécurité dans ces régions frontalières du Darfour, province soudanaise où sévit un conflit meurtrier depuis 2003, est aggravée par les heurts entre groupes rebelles et soldats des gouvernements de N'Djamena et de Bangui.
"Conformément à la résolution 1778 du Conseil de sécurité des Nations unies" de septembre 2007, l'Union confie à la nouvelle Eufor la tâche de "protéger le personnel de l'ONU", autrement dit la mission de police des Nations unies et ses 300 policiers instructeurs, ainsi que "les civils exposés au danger" et le "personnel humanitaire".
Elle devra "faciliter l'arrivée de l'aide humanitaire" en "aidant à sécuriser" la région, dit le texte. L'Eufor devra ainsi veiller à la sécurité de 241.000 réfugiés soudanais du Darfour dans l'est du Tchad et de 3.000 autres dans le nord-est de la Centrafrique, ainsi que des 179.000 Tchadiens et 20.000 Centrafricains déplacés, à l'intérieur de leurs pays respectifs, par les violences. Les premiers éléments de l'Eufor, notamment un détachement d'une quinzaine d'Autrichiens, partiront mardi, a annoncé Vienne. Ils seront suivis d'une cinquantaine d'Irlandais début février.
L'Eufor, commandée par le général irlandais Patrick Nash, devrait être au complet en juin.
Depuis que la politique européenne en matière de défense est devenue vraiment opérationnelle en 2001, il s'agit de la plus importante mission militaire de l'UE hors du continent européen, et sans assistance de l'Otan, contrairement à l'opération Althea lancée par l'UE fin 2004 en Bosnie. L'Eufor Tchad-RCA, qui aurait dû initialement démarrer en novembre, a eu du mal à se constituer et à se doter des moyens logistiques nécessaires (transport aérien, antennes hospitalières). Les principales nations contributrices sont la France (2.100 soldats), l'Irlande et la Pologne (400 chacune). La Suède fournira 200 hommes et l'Autriche 160.
Neuf autres pays ont promis aussi des contributions, parfois à confirmer: Belgique, Espagne, Finlande, Grèce, Italie, Pays-Bas, Portugal, Roumanie et Slovénie.
En revanche, l'Allemagne, qui avait largement participé l'été 2006 (bien 2006) à la précédente Eufor en République démocratique du Congo, n'envoie que quatre officiers à l'état-major parisien et le Royaume-Uni, deux.
Néanmoins, la contribution financière de l'UE à cette opération ayant été portée à près de 120 millions d'euros au lieu des 99 millions d'euros prévus au départ, le ministre français Bernard Kouchner a salué la "très grande générosité" de l'Allemagne et du Royaume-Uni.
Outre le fait que les armées européennes ploient sous le nombre d'interventions extérieures, de l'Afghanistan à la Côte d'Ivoire, les difficultés à mobiliser pour le Tchad pourraient tenir aussi à certaines appréhensions à l'égard de Paris.
Des députés au Parlement européen et des ONG ont exprimé leurs craintes d'une confusion entre l'Eufor et les soldats français présents au Tchad au titre d'un accord de défense bilatéral.
Source : AFP