"J'ai signé les décrets sur la reconnaissance par la Russie de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. La Russie appelle les autres Etats à suivre son exemple", a annoncé le président russe Dmitri Medvedev dans une déclaration solennelle à la télévision.
Moscou trace ainsi ses nouvelles lignes face à un Occident qui n'a pas tenu compte ces dernières années de ses critiques ni de ses désaccords sur la guerre en Irak ou l'élargissement de l'alliance atlantique. La décision de Moscou intervient en particulier six mois après l'indépendance du Kosovo, qui avait été aussitôt reconnue par les Occidentaux au grand dam de la Russie, et moins de 20 jours après l'offensive manquée des Géorgiens pour reprendre le contrôle de l'Ossétie du Sud.
"Tbilissi a fait son choix dans la nuit du 7 au 8 août (en lançant l'offensive). Saakachvili a choisi le génocide pour atteindre ses objectifs politiques. Il a ainsi fait une croix sur tous les espoirs de cohabitation pacifique des Ossètes, Abkhazes et Géorgiens dans un même Etat", a martelé M. Medvedev.
A l'unisson des Occidentaux, le président George W. Bush, allié numéro un de Tbilissi face à Moscou, a "condamné" la décision russe et appelé le Kremlin à "reconsidérer cette décision irresponsable".
Le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, a fustigé la Russie, affirmant que cette reconnaissance était "la première tentative depuis la Deuxième Guerre mondiale de changer les frontières de l'Europe par la force".
La Géorgie va lutter "pacifiquement" contre le "mal" pour rétablir son intégrité territoriale, a-t-il assuré, tout en appelant à accélérer l'entrée de son pays dans l'Otan et l'Union européenne.
Responsables européens et internationaux, dont le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ont aussitôt exprimé des craintes que cette reconnaissance n'ait des répercussions sur la sécurité et la stabilité dans le Caucase.
Pour sa part, M. Medvedev a déclaré "n'avoir peur de rien", y compris d'une nouvelle "guerre froide" avec l'Occident, tout en assurant ne pas la souhaiter tandis que le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, écartait le risque d'un isolement de la Russie. La Russie dame de la sorte le pion à une Géorgie qui a été la première à quitter le giron soviétique et a initié le mouvement d'une révolution démocratique qui s'est ensuite propagé en Ukraine.
Cette crise pose de sérieuses interrogations. Dans ce nouveau jeu de pouvoir, jusqu’où ira Moscou et va-t-il vouloir pousser encore son avantage ? Jusqu'à quel point les Russes sont-ils prêts à aller dans leur confrontation avec les Américains ? L'Europe sera-t-elle reconnue à l'occasion des négociations à venir comme un nouveau partenaire ou simplement instrumentalisée ?