La visite de M. Béchir au Caire est la deuxième à l'étranger depuis l'émission du mandat d'arrêt de la CPI le 4 mars pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, région de l'ouest du Soudan en guerre civile depuis 2003.
Réagissant à cette visite, le bureau du procureur de la CPI à La Haye a affirmé que le président soudanais était en sursis.
"Il n'y a pas de voie de sortie possible", a dit à l'AFP un membre du bureau du procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, signalant que l'institution "surveillait" ses déplacements. Comme la plupart des pays arabes, l'Egypte n'est pas signataire du traité de Rome instituant la CPI.
Au Caire, MM. Moubarak et Béchir se sont entretenus "de la situation au Darfour, des moyens de parvenir à une solution à ce conflit interne et de garantir une situation humanitaire qui ne permette à aucune partie étrangère de prétendre qu'il y a une crise", a déclaré M. Aboul Gheit lors d'une conférence de presse avec le chef de la diplomatie soudanaise Deng Alor.
"Il y a une position égyptienne, arabe et africaine qui n'accepte pas la manière dont la Cour traite le président soudanais", a-t-il ajouté. Les 22 membres de la Ligue arabe comme les 53 Etats de l'Union africaine (UA) se sont prononcés contre le mandat d'arrêt et ont entamé des procédures auprès du Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il suspende la procédure. L'Egypte estime que ce mandat risque d'avoir "des conséquences dangereuses" sur la situation au Darfour et au Soudan.
Toutefois, Le Caire tente de "pousser le Soudan à activer la loi intérieure soudanaise dans le but de juger au Soudan toute personne dont l'implication a été prouvée dans des actes ayant mené à la détérioration de la situation humanitaire au Darfour, y compris des leaders rebelles", a poursuivi M. Aboul Gheit.
La guerre civile au Darfour a fait 300.000 morts depuis 2003, selon l'ONU -10.000 selon Khartoum- et 2,7 millions de déplacés.
Amnesty International a critiqué mardi 25 mars l'attitude de l'Egypte et de la Ligue arabe.
"En déclarant que le président Béchir bénéficiait d'une immunité (...), la Ligue a bafoué la loi internationale qui exclut toute immunité pour quiconque (...) a commis des crimes aussi graves", a estimé dans un communiqué l'organisation.
Lundi 23 mars, M. Béchir s'était rendu en Erythrée, pour son premier voyage officiel à l'étranger depuis la décision de la CPI. Il est aussi question qu'il se rende au sommet arabe fin mars au Qatar, autre pays non signataire du traité de Rome.
Mais le comité des oulémas soudanais a émis une fatwa lui déconseillant de s'y rendre, évoquant un possible piège.
Aussitôt après la décision de la CPI, Khartoum a ordonné l'expulsion de 13 des plus importantes ONG internationales actives au Darfour, les accusant de collaboration avec la Cour et d'espionnage.
S'exprimant du siège des Nations unies à New York, le Premier ministre Gordon Brown, qui s'est entrenu avec le secrétaire général Ban Ki-moon, a appelé la communauté internationale à faire pression sur le Soudan pour qu'il revienne sur cette décision.
"Il est très important que nous disions au président du Soudan que les agences humanitaires font un travail vital", a dit à la presse M. Brown.
Source : AFP