Quelque 150.000 personnes, travailleurs civils et militaires, ont participé de 1960 à 1996 aux 210 essais menés par la France dans le Sahara algérien puis en Polynésie française. Egalement concernées : les populations de ces deux régions.
"Quelques centaines" de personnes ont pu développer depuis un cancer, victimes de radiations, selon le ministre de la Défense Hervé Morin.
Il a reconnu quatre "problèmes de confinement" lors des tirs effectués dans le Sahara et dix épisodes "de retombées radioactives significatives, sur des zones circonscrites" lors des essais aériens en Polynésie.
"Treize ans après la fin des essais dans le Pacifique et après le traité d'interdiction des essais ratifié par la France, il était temps que notre pays soit en paix avec lui-même", a-t-il relevé, alors que des associations de vétérans bataillent depuis des années pour faire valoir leurs droits.
Pour autant, le ministre s'est refusé à instruire le procès des gouvernements précédents, assurant que l'Etat avait "conduit ces essais en appliquant les plus strictes consignes de sécurité".
Tout juste a-t-il concédé que certains avaient pu hésiter à jouer "la carte de la transparence", redoutant que la "volonté" du pays de se doter d'une force de frappe autonome n'en sorte "affaiblie".
M. Morin a confirmé que les dossiers d'indemnisation seraient confiés à un comité composé pour l'essentiel de médecins et présidé par un magistrat. Ce comité disposera de six mois pour émettre une proposition d'indemnisation qui devra encore être avalisée par le ministre de la Défense.
Estimant avoir fait plusieurs pas en direction des associations de vétérans, il a souligné que "la charge de la preuve est renversée": il n'appartiendra "plus à la victime de prouver que sa maladie est due aux essais, mais à l'Etat de le constester", le cas échéant.
De la même manière, la liste des maladies ouvrant droit à indemnisation sera "inspirée" de celle établie par une instance onusienne, le Comité scientifique des Nations unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCAER).
Cette liste, qui compte 18 maladies (cancers de la thyroïde, des poumons, du sein, leucémies...) est "beaucoup plus large" que celle retenue par la sécurité sociale, a fait valoir M. Morin.
D'une manière générale, a-t-il encore souligné, ce dispositif qui doit être sur le bureau du parlement avant la fin juin permettra d'éviter les procès "forcément longs et coûteux" mais, jusqu'à présent, seul moyen pour les vétérans d'obtenir réparation.
Pour le président de l'Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN), Michel Verger, ce plan présente des "avancées non négligeables" même si certains points sont perfectibles.
M. Verger s'est tout particulièrement félicité qu'aucun seuil d'irradiation n'ait été fixé ce qui "aurait exclu la quasi totalité des vétérans", tout comme du renversement de la charge de la preuve.
Pour autant, il a regretté que le ministère ait écarté l'idée d'une "commission nationale de suivi sanitaire des essais nucléaires" ou la formule d'un fonds de garantie similaire à celui mis en place pour les victimes de l'amiante et dans lequel siègent les associations.
Source : AFP