Cette même année, le gouvernement de Khartoum et les ex-rebelles du Sud-Soudan, ont soumis leur litige à la Cour permanente d’arbitrage (CPA), en promettant de respecter sa décision concernant ce territoire surnommé « le Cachemire soudanais ».
Selon le dispositif de la sentence finale, les frontières orientales du territoire ont été légèrement déplacées vers l'Ouest, accordant à l'État fédéral soudanais l'essentiel de ses gisements pétroliers, dont celui de Heglig, mais pas leur totalité.
La CPA a ainsi jugé que la ville d'Abyei, dont les habitants sont majoritairement partisans de l'appartenance au Sud-Soudan, se trouve au Sud-Soudan, et estimé que les puits de pétrole se trouvent au Nord de la frontière entre le Nord et le Sud.
« Nous voulons la paix. Nous pensons que cette décision va la conforter. Nous étions venus réclamer justice et nous respecterons cette décision », a assuré Riek Machar, représentant des anciens rebelles sudistes du Mouvement pour la libération du peuple du Soudan.
« Nous avons obtenu des gains très importants avec cette attribution. Mais, bien sûr, nous avons obtenu ce que nous estimions devoir nous revenir », a déclaré pour sa part le représentant du gouvernement fédéral, Dirdeiri Mohamed Ahmed.
La région d'Abyei s'est vu promettre un référendum en 2011 pour décider si elle rejoindra le Nord ou le Sud du Soudan, lequel votera le même jour pour décider s'il choisit ou non l'indépendance, aux termes des accords de paix qui ont mis fin en 2005 à plus de 20 ans de guerre civile.
Derek Plumby, président de la commission électorale et d'évaluation qui supervise les accords de paix entre le Nord et le Sud, a présenté la décision de la Cour de La Haye comme historique : « Elle résout la question des frontières une bonne fois pour toutes. L'important maintenant est de faire passer cette décision au niveau des communautés sur le terrain ».
Pierre-Marie Dupuy, président de la Cour d'arbitrage, a souligné que « les frontières ne sont pas des barrières » et fait état des « droits partagés » des tribus nomades Dinka et Misseriya qui vivent dans la région.
Pour sa part, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué la décision rendue dans l'arbitrage d'Abyei comme « un pas très important dans la mise en œuvre de l'Accord global de paix ».

Retrouvez sur le site de la CPA :
  • Un communiqué de presse, du 22 juillet 2009 (en anglais et en arabe)

TRIBUNAL
Membres du tribunal arbitral
M. le professeur Pierre-Marie Dupuy (Président)
S.E. le juge Awn Al-Khasawneh
M. le professeur Gerhard Hafner
M. le professeur W. Michael Reisman
S.E. le juge Stephen Schwebel

Représentants des parties
L’agent du Gouvernement du Soudan est Monsieur L'Ambassadeur Dirdeiry Mohamed Ahmed, du cabinet Dirdeiry & Co à Khartoum.
Les autres agents sont le Dr. Faisal Abdel Rahamn Ali Taha et le Dr. Abdelrahman Ibrahim Elkhalifa.
Les conseils du Gouvernement du Soudan sont le Professeur James Crawford, S.C., des Matrix Chambers de Londres, et Le Dr. Nabil Elaraby du cabinet cairote Zaki Hashen & Partners.
M. le Professeur Alain Pellet de l’Université de Paris Ouest, Nanterre-La Défense, ainsi que Monsieur Rodman Bundy et Madame Loretta Malintoppi du cabinet Eversheds de Paris.
Les agents du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (MPLS) sont le Dr. Riek Machar Teny, Vice-Président du Mouvement de libération du Soudan et Monsieur le Ministre Luka Biong Deng, membre de l'équipe du MPLS pour l'application du Protocole Abyei.
Les conseils du MPLS sont Gary Born et Wendy Miles du bureau londonien du cabinet « Wilmer Cutler Pickering Hale and Dorr LLP », ainsi que M. le professeur Paul R. Williams et Vanessa Jiménez du "Public International Law and Policy Group" qui est basé à Washington DC.