Le programme ASMP-A a débuté à la fin de l’année 1997 et a été confié à MBDA en 2000. Le 26 mars 2009, l’armée de l’air réalisait une troisième et ultime évaluation technico-opérationnelle. Cet exercice consista à l’emport d’un missile par Mirage 2000-NK3 depuis la base d’Istres, puis un long vol et son tir (bien sûr sans ogive nucléaire) sur une position en haute mer. L’ASMP-A est sensé être plus précis (erreur circulaire probable de moins de 10 mètres) et d’une portée plus grande (500 km) que son prédécesseur l’ASMP (300 km).
Ce missile de croisière sera également doté d’une nouvelle ogive nucléaire, la TNA (Tête Nucléaire Aéroportée) qui remplacera progressivement la TN-81, actuellement en service sur ASMP. Cette ogive, indique le Commissariat à l’énergie atomique dans son rapport annuel de 2007, « sera la première tête nucléaire au monde dont la sécurité et la fiabilité de fonctionnement auront été démontrées sans essais nucléaires, à l’aide du programme Simulation ». La puissance de destruction de cette ogive serait de 300 Kt (la bombe atomique Little Boy qui explosa sur Hiroshima était de "seulement" 20 Kt !)
À partir d’octobre 2009, l’ASMP-A équipera ainsi un premier escadron de Mirage 2000-NK3, puis le Rafale F3 au sein du 1.91 "Gascogne" au printemps 2010. Par ailleurs, ce missile pourra être déployé à bord du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle, par les Rafales-F3 de la Force aéronavale nucléaire (FANU). En effet, les soutes à munitions du porte-avions ont été reconfigurées (protections renforcées contre les agressions extérieures, les radiations émises par les ogives …) dans ce but, lors de son indisponibilité périodique pour entretien et réparation (été 2007/décembre 2008).
Dans le domaine de la dissuasion nucléaire, les chiffres précis sont très rares, voire secret défense. Généralement, l’arsenal nucléaire français était évalué à 348 ogives, selon différents experts de renommée mondiale comme Hans Kristensen. La répartition était alors celle-ci jusqu’en 2007 :
- 288 ogives nucléaires TN-75 affectées aux missiles balistiques type M45 de la Force Océanique Stratégique (FOST).
- 60 ogives nucléaires TN-81 affectées aux ASMP de la Force Aérienne Stratégique (FAS).
Cependant, le 21 mars 2008, le président Sarkozy, lors d’un discours à Cherbourg, réalisa différentes annonces qui permettent aujourd’hui de savoir de façon plus précise l’état quantitatif de l’arsenal nucléaire français : « Pour la composante aéroportée, le nombre d’armes nucléaires, de missiles et d’avions sera réduit d’un tiers. Après cette réduction, notre arsenal comprendra moins de 300 têtes nucléaires ». Par conséquent, la FAS devrait disposer dans les prochains mois au maximum de 40 ogives, missiles et avions.
Un récent article du journaliste Jean-Jacques Mercier (« ASMP-A, un nouveau cavalier de l’apocalypse pour l’armée de l’air ») nous apprend cependant avec précision que la France a commandé 79 missiles ASMP-A (contre 87 ASMP) à MBDA et 47 ogives TNA au CEA. Pour des raisons de fiabilité, de disponibilité, voire de crash, il est compréhensible que l’Armée de l’air prévoit aux 40 avions minimum requis des FAS, des appareils supplémentaires pour emporter ce missile. Cette remarque est également valable pour le nombre de missiles commandés. En effet, des unités additionnelles sont utilisées dans le cadre d’exercices-tests, pour valider le fonctionnement de l’arme au cours de sa durée de vie.
Cependant, si le chiffre révélé de 79 est exact, il est tout de même étonnant de voir que la France commande quasiment le double d’ASMP-A. Ce surplus sera-t-il utilisé uniquement à des fins de tests ? Concernant le nombre d’ogives nucléaires type TNA, le journaliste avance le chiffre de 47. Bien évidement, les ogives ne sont jamais testées pour vérifier leur capacité de destruction. Ainsi, à quoi vont donc servir les 7 ogives supplémentaires ? À assurer le turnover lors d’opérations de maintenance ?
L’ASMP-A devrait avoir une durée de vie opérationnelle légèrement supérieure à 20 ans. Les premiers missiles seront donc retirés à l'horizon 2030-2033. Le ministère de la Défense a déjà engagé des crédits pour des études sur un successeur autour d’un démonstrateur, qui porte le nom de Prométhée. En France, le dogme de la "Bombe" a donc encore de beaux jours...