Plusieurs informations de presse en faisaient état, le ministre américain de la Justice, Eric Holder, a confirmé le 24 août la nomination d'un procureur pour enquêter sur les méthodes violentes utilisées par la CIA dans le cadre des interrogatoires antiterroristes.
C'est la lecture d'un rapport de l'Inspecteur général de la CIA datant de 2004, dont des extraits ont été rendus publics hier, qui a convaincu le ministre de rouvrir plusieurs dossiers de violences contre des détenus que ses prédécesseurs avaient classés.
Lois fédérales violées
Ce rapport raconte comment des agents de la CIA ont menacé le cerveau autorevendiqué des attentats du 11-Septembre, Khaled Cheikh Mohammed, de tuer ses enfants s'il ne parlait pas. Il détaille également comment le principal suspect dans l'attentat contre le navire américain USS Cole en 2000, Abdel Rahim al-Nachiri, a été menacé d'un revolver puis d'une perceuse électrique en marche, avant que les interrogateurs lui laissent entendre qu'ils pourraient violer sa mère en sa présence.
«Les informations que j'ai en ma possession justifient l'ouverture d'une enquête préliminaire pour savoir si les lois fédérales ont été violées dans le cadre des interrogatoires de certains détenus hors des Etats-Unis», a expliqué le ministre de la Justice, Eric Holder, dans un communiqué.
Pas de poursuites automatiques
Il a précisé avoir décidé de confier cette «enquête préliminaire» à John Durham, un procureur nommé par son prédécesseur en 2008 pour enquêter sur la destruction par la CIA de 92 vidéos d'interrogatoires.
Celui-ci lui fera des recommandations quant à l'éventuelle nécessité de mener une «investigation complète», sans pour autant présumer que «des poursuites suivront automatiquement», a assuré le ministre.
Le président américain Barack Obama s'est toujours dit opposé à des poursuites judiciaires contre les politiques antiterroristes pratiquées sous l'administration Bush, estimant qu'il valait mieux «aller de l'avant que regarder en arrière».
«Histoire ancienne»
«La décision finale de savoir si quelqu'un a violé la loi est prise en toute indépendance par le ministre de la Justice», a assuré peu après l'annonce Robert Gibbs, porte-parole de la Maison Blanche, dans un communiqué laconique. «Je me rends totalement compte que l'ouverture de cette enquête va être contestée», a reconnu Eric Holder.
Dès avant la révélation de ce rapport, le directeur de la CIA, Leon Panetta, nommé par Barack Obama dès son arrivée à la Maison Blanche, avait estimé que les faits relatés étaient de l'«histoire ancienne».
Un peu plus tôt hier, des hauts responsables de l'administration ont annoncé que le président Obama avait approuvé la création d'une nouvelle unité transversale chargée de conduire les interrogatoires de terroristes présumés.
Source : AFP