On peut certes saluer le courage politique d’Obama qui tend à changer la politique de tension mise en place par Georges Bush ; mais ce choix ne semble pas forcément être dÛ au simple fait de vouloir aller dans un sens différent. Ce choix est en réalité un « non choix », une « non décision » qui va au-delà de la problématique du dossier nucléaire iranien.
En effet, la présidence américaine a parfaitement conscience de son impossibilité de pouvoir mettre en service ce bouclier, tant est grande aujourd’hui pour les Américains la nécessité de s’entendre avec les Russes. La situation de crise mondiale, qui semble perdurer malgré les reprises et analyses optimistes et qui touche les économies des deux pays, force leurs gouvernements à collaborer ; ne serait-ce que pour repenser le système financier et éviter à nouveau une crise qui pourrait être cette fois-ci fatale pour les deux nations.
En cela, abandonner le bouclier antimissile n’est pas un choix, mais un non choix. Il peut certes avoir un lien avec le dossier nucléaire iranien, mais seulement de loin. Il a plutôt avoir avec les relations qu’Obama compte entretenir avec la puissance russe, sachant que la politique obamanienne n’est pas une politique busherienne de confrontation et menace, mais plutôt une politique de négociation et d’apaisement.
Il serait peu probable, même sans la décision d'abandonner le bouclier, qu’Obama décide d’agir frontalement (voir militairement) contre l’Iran (à moins que celui-ci ne soit clairement en train de menacer Israël et encore). D’où le fait de ne pas pouvoir établir si nettement un lien entre menace iranienne et bouclier anti-missile.
C’est donc une question de renouveau de la relation Etats-Unis - Russie qui entraîne cette décision. Pensons bien que, pour l’administration Obama, la Guerre Froide appartient au passé, la Russie n’est plus l’ennemi à abattre, même si elle reste une menace pour la Pologne et la République Tchèque.
Dès lors, pourquoi investir dans un programme qui s’inscrit sans équivoque comme étant un stigmate de la Guerre Froide qui appartient au passé ? Quels pourraient bien être les intérêts américains de mettre un bouclier antimissile près de la Russie alors que l’ennemi est peut-être ailleurs ?
Surtout qu’il est très probable de voir émerger, dans le futur, un axe Etats-Unis – Europe – Russie pour faire face à l’inéluctable montée en puissance des pays asiatiques (Chine et Inde). Et dans cette optique, conduire une politique d’apaisement et de rapprochement avec la Russie est indispensable, presque un non choix pour le gouvernement américain.
Ne perdons jamais de vue que la raréfaction des ressources va voir naître des alliances contre-nature. La Russie reste encore riche en matières premières et Obama le sait. C’est pour cela qu’il ne peut aller plus avant dans une politique busherienne. Aujourd’hui, sa décision concerne le bouclier antimissile, mais demain, pourquoi ne pas décider d’évacuer certaines bases américaines jugées trop proches des intérêts russes ? Que ne ferait pas Obama pour faire plaisir à l’ami russe ?