"Ce n'est peut-être pas tout ce que nous espérions, mais cette décision de la Conférence des Parties est une étape essentielle", a estimé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, après deux semaines de tractations chaotiques, un sommet à 130 chefs d'Etat et de gouvernement et une nuit de débats acides.
Ce matin, la conférence a "pris note" de l'Accord de Copenhague, adopté le 18 décembre au soir par les chefs d'Etat de 28 pays industrialisés et émergents. Une formulation juridiquement et politiquement moins engageante qu'une adoption formelle.
Les travaux ont officiellement pris fin peu après 15h30 (14h30 GMT).
L'Accord de Copenhague, un peu vite annoncé comme acquis le 18 décembre par les présidents américain Barack Obama et français Nicolas Sarkozy, a le mérite d'enrôler pour la première fois les deux plus grands pollueurs de la planète, la Chine et les Etats-Unis.
Bien que jugé "insuffisant" par MM. Obama et Sarkozy - ce dernier y voyait cependant "le meilleur accord possible" -, le document long de trois pages à peine fixe comme objectif de limiter le réchauffement planétaire à 2 degrés par rapport aux niveaux pré-industriels, sans décliner le mode d'emploi pour y parvenir.
Pour le climatologue français Hervé Le Treut, "le risque désormais, c'est le coup de blues post-Copenhague, la démobilisation, l'effilochement des opinions publiques", après la mobilisation enthousiaste à travers le monde à l'approche du rendez-vous danois.
Pendant une grande partie de la nuit, le Premier ministre danois Lars Loekke Rasmussen, épuisé, a donné la parole aux délégués qui ont dénoncé, pour certains en termes agressifs, cet accord conclu selon eux dans leur dos.
Cet accord revient à proposer "une poignée de petite monnaie pour trahir notre peuple et notre avenir", a lancé, très remonté, le délégué du petit archipel de Tuvalu, dans le Pacifique sud, directement menacé par la montée des eaux liée au réchauffement de la planète.
Si cet Accord de Copenhague a suscité des débats houleux, c'est qu'il a été négocié en secret, derrière des portes closes, en contradiction avec les règles multilatérales des Nations Unies, par une sorte de G-20 élargi - Etats-Unis, Europe et grands pays émergents comme la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil -, soit les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre.
Cet accord a minima appelle les pays industrialisés et les pays en développement à affirmer leurs engagements de réduction de gaz à effet de serre par écrit d'ici à la fin janvier et prévoit des mécanismes garantissant la transparence de leur mise en oeuvre. Mais il ne fixe pas de date pour un "pic" au-delà duquel les émissions commenceraient à décroître.
Il prévoit également 30 milliards de dollars à court terme (années 2010, 2011 et 2012), puis une montée en puissance pour arriver à 100 milliards de dollars d'ici à 2020, destinés en priorité aux pays les plus vulnérables afin de les aider à s'adapter aux impacts du dérèglement climatique.
Nombre d'ONG environnementales ont dénoncé un fiasco. "Pas de contrainte, aucun objectif à 2020 ni à 2050 : difficile d'imaginer pire conclusion pour la conférence de Copenhague", déplorait Greenpeace.
Le directeur exécutif de Greenpeace, le Sud-Africain Kumi Naidoo, s'est dit "profondément déçu". "Voilà une déclaration d'intention qui présente des trous si grands qu'on pourrait les traverser avec Air Force One", l'avion présidentiel américain, a-t-il ironisé.
Déception cruelle pour nombre de négociateurs engagés dans le processus : le paragraphe stipulant la nécessité d'aboutir à un traité "légalement contraignant" d'ici la conférence climat de Mexico fin 2010, un temps envisagé, a disparu du document final.
La chancelière allemande Angela Merkel a proposé d'accueillir une conférence de mi-parcours en juin à Bonn.
"C'était d'une tristesse incroyable à l'intérieur de cette salle", déplorait au petit matin le climatologue français Jean Jouzel, sortant de la réunion plénière. Et de souligner le contraste saisissant avec la fébrilité prometteuse dans laquelle s'était conclue, il y a deux ans, la conférence de Bali, celle qui avait lancé "la feuille de route" jusqu'à Copenhague.
Source : AFP