Cet échange, réglé rapidement, pourrait aider au réchauffement des relations entre Washington et Moscou, marquées récemment par un fort climat de suspicion.
Sur le tarmac de l'aéroport de Vienne, un Boeing américain 767-200, avec à bord les dix agents russes expulsés la veille sur décision de la justice new-yorkaise, s'est placé derrière un avion du ministère russe des Situations d'urgence, un Yakovlev Yak-42, transportant lui-même quatre citoyens russes condamnés pour espionnage au profit de l'Occident. Les deux appareils sont repartis deux heures plus tard.
Dans cette affaire rondement menée, les deux pays ont obtenu des confessions des agents concernés: les espions russes ont plaidé coupables devant la justice américaine et les Russes travaillant pour l'Ouest ont signé des confessions. Le président russe Dimitri Medvedev a signé dans la foulée un décret les pardonnant.
Les dix espions russes ont été expulsés des Etats-Unis jeudi soir. L'avocat de l'un d'entre eux, Vicky Pelaez, a expliqué que le gouvernement russe lui avait proposé 2.000 dollars (1.578 euros) pour vivre chaque mois, se loger et l'aider elle et ses enfants, plutôt que de purger sa peine dans une prison américaine. Son avocat a précisé que Vicky Pelaez souhaitait retourner dans son pays, le Pérou.
Les dix espions, qui s'étaient fondus dans la vie de banlieue américaine malgré un fort accent pour certains, étaient sous la surveillance du FBI depuis des années. Ils n'auraient eu accès que très partiellement aux secrets de sécurité nationale, bien qu'on ignore quel type d'informations ils ont eu et transmis.
En revanche, les Etats-Unis ont obtenu la libération de deux colonels des services de renseignements russes, condamnés dans leur pays pour avoir compromis des dizaines d'agents de l'ère soviétique puis russe au profit de l'Ouest. Deux autres agents échangés vendredi ont également été condamnés pour avoir trahi Moscou.
L'échange a été organisé rapidement car plusieurs des quatre personnes libérées par la Russie seraient malades, ont précisé des responsables américains. Et "l'incarcération prolongée aux Etats-Unis" des dix agents à la solde russe transférés vendredi "n'apporterait aucun bénéfice significatif à la sécurité nationale", a expliqué le porte-parole du département d'Etat Mark Toner.
Un des anciens colonels, Alexander Zaporozhsky, aurait fourni des informations permettant d'arrêter Robert Hanssen et Aldrich Ames, deux des plus grands espions jamais démasqués aux Etats-Unis.
Source : AP