L’Afrique est officiellement une zone exempte d’armes nucléaires depuis le 15 juillet 2009, suite à la ratification du Traité de Pelindaba par le Burundi. Cette ZEAN couvre l’ensemble du continent africain, ainsi que les îles environnantes comme Mayotte et la Réunion (des départements français) et l’archipel britannique des Chagos, qui abrite l’île de Diego-Garcia. Cet atoll est actuellement loué par les États-Unis et sert de plateforme militaire (pour des bombardiers et semble t-il des SNLE) pour des opérations militaires à destination du Moyen-Orient, de l’Asie du sud et de l’Afrique.
Mais, comme toutes les ZEAN (quatre autres existent, le Pacifique Sud, l’Asie du Sud-est, l’Asie centrale, l’Amérique latine et les Caraïbes), ce traité comporte différents protocoles, qui forment des assurances de sécurité négative. Les deux premiers engagent les 5 puissances nucléaires officielles :
  • Le Protocole I prévoit que chaque partie s'engage « à ne pas recourir à l'arme nucléaire et à ne pas menacer de l'utiliser contre les autres Etats signataires du Traité ».
  • Le Protocole II prévoit qu’elles s’abstiennent de réaliser « tout essai de dispositifs explosifs nucléaires en tout lieu situé dans la zone d'application du Traité ».
Ce traité comporte un troisième protocole qui n’engage que les pays (Espagne, France) qui sont de jure ou de facto internationalement responsables de territoires situés dans la ZEAN africaine.
La Chine, la France et le Royaume-Uni ont ratifié les Protocoles I et II ; les Etats-Unis et la Russie ne les ont eux pas ratifiés. Le 30 août dernier, c’est Moscou qui a décidé d’accélérer sa procédure complète de ratification, en soumettant à la Douma (chambre basse du Parlement) ces deux protocoles. Nul ne doute que la Douma suivra la volonté de son Président et on peut donc affirmer qu’avant la fin de l’année, la Russie sera un membre à part entière de ce traité. Cette initiative russe s’explique certainement en grande partie par la volonté de prendre le leadership sur Washington sur ce dossier. En effet, lors de la Conférence de révision du TNP, la Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, a annoncé que son pays allait ratifier pleinement ce traité au cours des prochains mois.
Si Washington devait ratifier ces protocoles, cela signifierait qu’ils décident de ne plus faire de l’atoll de Diego-Garcia un site susceptible d’accueillir des armes nucléaires. À moins, qu’ils ne rajoutent à cette ratification une réserve sur le statut de cet atoll - comme l’ont fait les britanniques – qui stipulerait que ce territoire n’est pas concerné par le Traité de Pelindaba...