13 décembre 2010

ACTU : Sommet de Cancun : un accord pour sauver les négociations internationales sur le climat

Catherine MAIA

Les représentants des 194 pays de la convention de l'ONU sur le climat sont parvenus à un accord a minima à Cancun, après plus de dix jours de négociations. Le texte prévoit notamment la création d'un fonds vert, dont la question du financement demeure.

Près de 200 pays rassemblés à Cancun (Mexique) sous l'égide de l'ONU ont adopté samedi 11 décembre une série de mesures pour lutter contre le changement climatique, un accord accueilli par une ovation debout qui tourne la page de l'immense déception de Copenhague, il y a un an.

Le texte prévoit la création d'un Fonds vert pour aider les pays en développement à faire face au réchauffement et lance un mécanisme pour lutter contre la déforestation. 

L'objectif de ce rendez-vous mexicain - aux ambitions modestes - était d'abord de redonner souffle au processus de négociation onusien, fortement ébranlé par l'immense déception née du sommet de Copenhague. Mission accomplie, selon les délégations réunis en plénière pour adopter le texte.

Avec cet accord, "on sauve de la faillite le système multilatéral de négociations sur le changement climatique", a déclaré à l'AFP la ministre française de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.

Le texte adopté à l'issue de 12 journées de négociations intenses et parfois tendues, "ouvre une nouvelle ère pour la coopération internationale sur le climat", a assuré la ministre mexicaine des Affaires étrangères, Patricia Espinosa, qui présidait les débats.

Quelques heures plus tôt, le texte de compromis mis sur la table par le Mexique avait reçu, au cours d'une séance plénière chargée d'émotion, le soutien très appuyé de l'écrasante majorité des 194 pays de la convention de l'ONU sur le climat.

La principale vertu du texte, adopté en dépit de l'opposition de la Bolivie, est d'inscrire dans le marbre de nombreux points de l'accord politique de Copenhague, qui n'a jamais été adopté par la convention de l'ONU. Et de le décliner de façon plus précise et concrète.

C'est en particulier le cas de l'objectif de limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2°C au-dessus des niveaux pré-industriels. "Les parties doivent agir de manière urgente pour atteindre cet objectif à long terme", indique l'accord adopté.

Le texte permet aussi de désamorcer, au moins temporairement, à la faveur d'une formule ambiguë, la "bombe" de l'avenir du protocole de Kyoto, seul traité juridiquement contraignant sur le climat existant à ce jour qui menaçait l'issue des discussions à Cancun.

Les pays développés ont promis à Copenhague de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Le Fonds vert, qui verra transiter une partie importante de ces fond, aura un conseil d'administration avec représentation équitable entre pays développés et en développement. Le texte de Cancun prévoit que la Banque mondiale servira d'administrateur intérimaire durant trois ans.

Les nombreuses interrogations sur la façon dont ce fond sera alimenté restent cependant sans réponse. Un panel mis en place par l'ONU a suggéré la mise en place de financements alternatifs, comme des taxes sur les transports et les transactions financières.

Le texte pose par ailleurs les bases d'un mécanisme visant réduire la déforestation à l'origine d'environ de 15% à 20% des émissions globales de GES.

Bangladesh, Guyane, Zambie, Suisse, Brésil, Etats-Unis, Algérie, Union européenne, Chine, Maldives... les uns après les autres, les délégués ont pris la parole dans la nuit de vendredi à samedi pour dire oui, avec force, à ce texte.

"L'Union européenne est venue à Cancun avec l'espoir d'arriver à un paquet (de décisions) équilibré", a déclaré la commissaire européenne au Climat Connie Hedegaard. "Nous y sommes parvenus !".

"L'accord donne un nouveau souffle aux négociations", s'est félicité Jeremy Hobbs, directeur exécutif d'Oxfam International, tout en appelant, comme nombre d'autres ONG, à travailler "en urgence" pour rendre plus ambitieux les engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre.

S'il ébauche une architecture sur nombre de dossiers, le texte de Cancun n'apporte aucune nouveauté sur le niveau de réductions des émissions, jugé unanimement trop faible pour atteindre l'objectif des deux degrés. 

Source : AFP



Commentaires

1. Le mardi 14 décembre 2010, 08:09 par C.M.
A lire : Note d’analyse 203 (décembre 2010) du Centre d'Analyse Stratégique (France) : Un enjeu de Cancun : relancer la coopération climatique en améliorant la transparence des émissions nationales de gaz à effet de serre, par Blandine Barreau (Département Développement durable)
http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pd...
                                                               *
Au sommaire :
- La transparence des initiatives nationales, un nouvel enjeu dans le régime post-2012
- Les enseignements d’autres systèmes de régulation internationale
- Une proposition pour les débats de Caucun
                                                               *
Au sommet de Copenhague, les États-Unis et les pays émergents se sont associés à la lutte mondiale contre le changement climatique sans pour autant s’astreindre à des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) fixés par la communauté internationale.
De ce fait, l’accord de décembre 2009 inaugure une nouvelle forme de coopération : à l’opposé du protocole de Kyoto, qui assignait aux pays partenaires des quotas de réduction d’émissions de GES, le texte appelle les signataires à formuler leurs propres engagements.
Chacun est désormais libre de ses efforts, mais un désaccord est cependant apparu entre les États-Unis et les pays émergents, en particulier la Chine, sur l’évaluation des efforts des différents pays : les premiers souhaitent généraliser les procédures de comptes rendus et d’audits conduits par des panels d’experts internationaux déjà obligatoires pour les signataires de l’Annexe I de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les seconds refusent que les experts internationaux empiètent sur leur souveraineté nationale en contrôlant leurs émissions et la mise en œuvre de leurs engagements.
Pour dépasser ce blocage, les négociateurs réunis cette semaine à Cancun devront revenir sur le sens à donner aux vérifications internationales. À défaut d’un système garantissant que la hausse de la température moyenne du globe ne dépassera pas 2°C, la CCNUCC doit à notre avis pouvoir estimer les conséquences de nos émissions actuelles sur le climat en fin de siècle, afin d’être en mesure de demander à tous les pays d’intensifier leurs efforts, si nécessaire. Pour cela, elle a besoin d’un inventaire fiable et de prévisions robustes sur les émissions mondiales, ce qui nécessite de connaître les trajectoires des pays.
À Cancun ou à Durban l’an prochain, il faudra restaurer la confiance nécessaire à l’établissement d’une véritable coopération post-Kyoto.

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