La Cour, après une enquête, l'accuse de crimes contre l'humanité. Le procès s'annonce passionnant, car dans cette situation ivoirienne les crimes commis semblent être partagés entre les deux camps Gbagbo et Ouattara.
De l'autre côté de l'Afrique, Seif al-Islam Kadhafi, l’un des fils de Mouammar Kadhafi pourrait être jugé en Libye, mais par les juges de l'instance pénale internationale. Cette possibilité évoquée serait une première, puisque le Statut de Rome de 1998 ne la mentionne nulle part. La compétence de la CPI s’applique, en effet, lorsque l’État national concerné est dans l'incapacité de rendre une justice équitable en raison de l'effondrement de ses institutions ou de son manque de volonté politique, la Cour se réservant le droit de vérifier cette incapacité. C'est d'ailleurs ce que dit le procureur dans la situation libyenne, puisqu'il invite les autorités à adresser à la Cour pénale les éléments justifiant leur capacité à rendre une justice répondant aux exigences des droits de l'Homme. Selon les articles 17 et 19 du Statut de Rome, toute exception d'irrecevabilité relève de la seule compétence des juges de la Cour pénale internationale.
Toujours dans cette situation en Libye, la menace d’être jugée par Cour pénale internationale serait à l'origine du refus de Mouammar Kadhafi de se rendre et de son choix de mourir sur ses terres natales. Sur ce point, on peut se demander si la vocation de la CPI n’aurait pas été détournée à des fins autres que la lutte contre l'impunité.
Pendant ce temps, les relations entre Khartoum et Nairobi se sont détériorées suite à l'émission, le 28 novembre, d'un mandat d'arrêt d'un juge kényan à l'encontre du président soudanais Omar El Béchir en vue de faire appliquer les mandats d'arrêt émis par la CPI en mars 2009 pour crimes de guerre et en juillet 2010 pour génocide au Darfour, lesquels jusqu'alors sont restés ineffectifs car désapprouvés par l'Union africaine. Ce comportement dans un État africain est inédit, car il marque un début de revirement de position, même s'il reste minime étant donné qu'il ne provient que de la branche kényane de la Commission internationale des juristes. Reste à savoir si les plus hautes autorités kényanes vont s’y conformer, alors que le Soudan vient d’expulser l’ambassadeur du Kenya.
Finalement, ne faut-il pas voir derrière ces agissements une manipulation faite par les chefs d’États africains de la Cour pénale internationale aux fins d'assouvir des vengeances ?