Catherine MAIA
A la dernière minute hier, la Suisse a retiré devant
l'Assemblée générale de l'ONU un projet de réforme pour améliorer les méthodes
de travail du Conseil de sécurité, proposé avec quatre autres «petits» pays. La
résolution préconisait une restriction de l'exercice du droit de veto.
Aux côtés du Costa Rica, de la Jordanie, de Singapour et du
Liechtenstein, la Suisse demandait que les cinq membres permanents disposant de
ce droit de veto au Conseil de sécurité (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France,
Chine et Russie) renoncent à l'exercer dans les cas de génocide, de crimes de
guerre et de crimes contre l'humanité.
«Afin d'éviter des querelles juridiques à l'Assemblée, nous
avons décidé de retirer notre projet de résolution», a indiqué Paul Seger,
ambassadeur suisse auprès de l'ONU à New York. Il s'exprimait au nom du groupe
des S-5 («Small 5»).
«Des membres du Conseil de sécurité nous ont clairement dit
qu'il ne considéraient pas cette résolution d'un bon oeil», a expliqué Paul
Seger. Selon eux, seuls les membres du Conseil peuvent déterminer la façon dont
cet organe travaille.
La Suisse et les quatre autres «petits» pays auraient certes
pu soumettre leur résolution au vote et peut-être obtenir que la majorité des
membres de l'ONU l'accepte. Cependant après une analyse de la conseillère
juridique en chef de l'ONU Patricia O'Brien, cela n'aurait pas été dans la
direction souhaitée par la Suisse, a dit Paul Seger.
Pour Patricia O'Brien, la réforme de la méthode de travail
devrait être subordonnée à la réforme totale du Conseil de sécurité. Elle fait
polémique, car elle propose un élargissement de cet organe, ce qui exige un
changement des statuts de l'ONU, une affaire très délicate, fait-elle
remarquer.
La réforme totale du Conseil de sécurité est discutée depuis
presque vingt ans. Toutefois, le groupe des S-5 souhaite ardemment une
amélioration des méthodes de travail, un dossier que la Suisse défend depuis
son entrée à l'ONU il y aura dix ans en septembre. L'objectif du projet était
que le plus puissant organe onusien s'ouvre davantage à la participation des
autres Etats-membres et se montre plus transparent. La réforme du Conseil de
sécurité par la «démocratisation» de ses méthodes de travail est l'un des axes
majeurs de la politique menée par la Suisse à l'ONU.
«Dans le texte de notre résolution, nous disons que nos
propositions sont des recommandations pouvant être acceptées sans réforme
totale du Conseil», souligne Paul Seger. «Aucune modification de la Charte des
Nations Unies n'est nécessaire et la plupart des Etats sont d'accord avec nos
conseils», signale-t-il.
Selon des collaborateurs de l'ONU, rarement la Suisse n'a
ressenti aussi clairement la puissance des cinq membres permanents. La forte
pression de ces grandes puissances a toutefois renforcé le groupe S-5: «Nous
avons aiguillonné le Conseil de sécurité qui sait qu'il doit s'efforcer d'avoir
de meilleures méthodes de travail», a dit Paul Seger.
Pour le diplomate, le retrait de ce projet n'est pas une
défaite. «Un nouveau chapitre commence: nous espérons que le Conseil de
sécurité va tenir sa promesse de soumettre nos propositions à un examen
détaillé.»
Source : ATS/Newsnet
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