17 mai 2012

ACTU : La Suisse retire son projet de réforme du Conseil de sécurité

Catherine MAIA 

A la dernière minute hier, la Suisse a retiré devant l'Assemblée générale de l'ONU un projet de réforme pour améliorer les méthodes de travail du Conseil de sécurité, proposé avec quatre autres «petits» pays. La résolution préconisait une restriction de l'exercice du droit de veto.

Aux côtés du Costa Rica, de la Jordanie, de Singapour et du Liechtenstein, la Suisse demandait que les cinq membres permanents disposant de ce droit de veto au Conseil de sécurité (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Chine et Russie) renoncent à l'exercer dans les cas de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

«Afin d'éviter des querelles juridiques à l'Assemblée, nous avons décidé de retirer notre projet de résolution», a indiqué Paul Seger, ambassadeur suisse auprès de l'ONU à New York. Il s'exprimait au nom du groupe des S-5 («Small 5»).


«Des membres du Conseil de sécurité nous ont clairement dit qu'il ne considéraient pas cette résolution d'un bon oeil», a expliqué Paul Seger. Selon eux, seuls les membres du Conseil peuvent déterminer la façon dont cet organe travaille.


La Suisse et les quatre autres «petits» pays auraient certes pu soumettre leur résolution au vote et peut-être obtenir que la majorité des membres de l'ONU l'accepte. Cependant après une analyse de la conseillère juridique en chef de l'ONU Patricia O'Brien, cela n'aurait pas été dans la direction souhaitée par la Suisse, a dit Paul Seger.

Pour Patricia O'Brien, la réforme de la méthode de travail devrait être subordonnée à la réforme totale du Conseil de sécurité. Elle fait polémique, car elle propose un élargissement de cet organe, ce qui exige un changement des statuts de l'ONU, une affaire très délicate, fait-elle remarquer.



La réforme totale du Conseil de sécurité est discutée depuis presque vingt ans. Toutefois, le groupe des S-5 souhaite ardemment une amélioration des méthodes de travail, un dossier que la Suisse défend depuis son entrée à l'ONU il y aura dix ans en septembre. L'objectif du projet était que le plus puissant organe onusien s'ouvre davantage à la participation des autres Etats-membres et se montre plus transparent. La réforme du Conseil de sécurité par la «démocratisation» de ses méthodes de travail est l'un des axes majeurs de la politique menée par la Suisse à l'ONU.



«Dans le texte de notre résolution, nous disons que nos propositions sont des recommandations pouvant être acceptées sans réforme totale du Conseil», souligne Paul Seger. «Aucune modification de la Charte des Nations Unies n'est nécessaire et la plupart des Etats sont d'accord avec nos conseils», signale-t-il.



Selon des collaborateurs de l'ONU, rarement la Suisse n'a ressenti aussi clairement la puissance des cinq membres permanents. La forte pression de ces grandes puissances a toutefois renforcé le groupe S-5: «Nous avons aiguillonné le Conseil de sécurité qui sait qu'il doit s'efforcer d'avoir de meilleures méthodes de travail», a dit Paul Seger.



Pour le diplomate, le retrait de ce projet n'est pas une défaite. «Un nouveau chapitre commence: nous espérons que le Conseil de sécurité va tenir sa promesse de soumettre nos propositions à un examen détaillé.»



Source : ATS/Newsnet

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