Catherine MAIA
L’Equateur a accordé l’asile politique au fondateur de WikiLeaks Julian
Assange, réfugié depuis deux mois dans son ambassade à Londres, une décision
qui “ne change rien” pour le gouvernement britannique, pour qui le blocage
pourrait s‘éterniser.
Quito “a décidé d’accorder l’asile diplomatique au citoyen (australien) Julian Assange”, a annoncé le 16 août le ministre équatorien des Affaires étrangères Ricardo Patino, mettant un terme à un suspense de près de deux mois.
Quelques minutes plus tard, le Foreign Office a annoncé dans un communiqué que Londres était “déçu” par la prise de position de Quito mais que cette décision ne changeait “rien” quant à son obligation d’extrader M. Assange vers la Suède.
Quito “a décidé d’accorder l’asile diplomatique au citoyen (australien) Julian Assange”, a annoncé le 16 août le ministre équatorien des Affaires étrangères Ricardo Patino, mettant un terme à un suspense de près de deux mois.
Quelques minutes plus tard, le Foreign Office a annoncé dans un communiqué que Londres était “déçu” par la prise de position de Quito mais que cette décision ne changeait “rien” quant à son obligation d’extrader M. Assange vers la Suède.
Le fondateur de WikiLeaks, âgé de 41 ans, a épuisé tous les recours
juridiques au Royaume-Uni contre le mandat d’extradition lancé par la Suède, où
il est soupçonné de viol et d’agression sexuelle. Il est réfugié depuis le 19
juin à l’ambassade d’Equateur à Londres, où il avait déposé une demande d’asile
politique pour éviter son extradition.
Selon M. Patino, l’Equateur a considéré que si M. Assange “était placé en détention préventive en Suède se produirait une chaîne d‘événements qui ne pourraient éviter son extradition” ultérieure dans un pays tiers comme les Etats-Unis.
S’il est extradé vers la Suède, le fondateur de WikiLeaks dit redouter d‘être transféré dans un second temps aux Etats-Unis pour y répondre d’espionnage après la divulgation par son site de 250.000 télégrammes diplomatiques américains.
Aux Etats-Unis, M. Assange “pourrait être jugé par des tribunaux spéciaux ou militaires et il n’est pas improbable qu’un traitement cruel et dégradant lui soit réservé et qu’il soit condamné à la peine capitale”, a estimé le ministre équatorien.
Le 16 août au soir, la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, a assuré que Washington n’est aucunement impliqué dans le différend entre Londres et Quito, démentant toute pression sur le gouvernement britannique. “Je rejette pleinement les accusations selon lesquelles les Etats-Unis ont l’intention de le persécuter”, a insisté Mme Nuland.
M. Patino a également répété que son pays avait réuni de “sérieux indices” accréditant la possibilité de “représailles” contre M. Assange “qui peuvent mettre son intégrité, sa sécurité, et même sa vie en danger”.
“Les autorités britanniques sont dans l’obligation de l’extrader vers la Suède. Nous nous soumettrons à cette obligation”, a répondu Londres, qui avait déjà prévenu le 16 août au matin qu’il s’opposerait à une extradition vers Quito.
Face à l’inflexibilité de Londres, M. Patino a affirmé dans la soirée ne pas exclure de saisir la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La Haye pour contraindre la Grande-Bretagne à accorder un sauf-conduit à Julian Assange pour qu’il rejoigne l’Equateur. Une option également évoquée par l’ex-juge espagnol Baltasar Garzon, qui coordonne la défense de M. Assange.
Une cinquantaine de personnes ont manifesté le 16 août au soir à Quito devant l’ambassade britannique pour exiger un sauf-conduit pour le fondateur de WikiLeaks.
De son côté, la Suède a “fermement” rejeté “toute accusation” selon laquelle sa justice ne garantit pas les droits de la défense. Stockholm a même annoncé la convocation de l’ambassadeur équatorien pour qu’il s’explique sur les accusations de son gouvernement.
L’Organisation des Etats américains (OEA), qui regroupe une trentaine de pays, s’est réunie d’urgence le 16 août au soir à Washington pour traiter des relations entre l’Equateur et la Grande-Bretagne. “Nous avons une proposition pour que les ministres des Affaires étrangères se réunissent le 23 août à Washington”, mais la décision finale quant à ce projet sera prise le 17 août, a déclaré le président du Conseil permanent de l’OEA, le Jamaïquain Stephen Vasciannie.
Par ailleurs, les ministres des Affaires étrangères de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) et de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba) se réuniront le week-end prochain à Guayaquil, en Equateur, pour analyser la situation.
A Londres, un appel a été lancé sur le réseau social Twitter pour manifester devant l’ambassade d’Equateur, située dans le quartier chic de Kensington, après que l’Equateur eut de nouveau évoqué le 16 août une possible prise d’assaut de la représentation si l’Australien n‘était pas remis aux Britanniques.
Une hypothèse qu’a semblé écarter le ministre des Affaires étrangères britannique William Hague, estimant que la bataille diplomatique et juridique autour du cas Assange pourrait prendre un temps “considérable”.
Devant l’ambassade, un groupe d’une cinquantaine de manifestants a brièvement fait face à une trentaine de policiers en gilets pare-balles après l’annonce de Quito, mais aucun trouble majeur n’y a été constaté, même si trois manifestants ont été interpellées en fin de matinée.
A l’intérieur de l’ambassade, Julian Assange a salué “une victoire importante”, ajoutant toutefois que “les choses vont probablement devenir plus stressantes maintenant”.
Peu après les déclarations de son ministre, le président équatorien Rafael Correa s‘était exclamé sur son compte Twitter: “Personne ne va nous faire peur”, comme un défi lancé aux autorités britanniques.
Dénonçant “l’arrogance” et “la prépotence” du gouvernement britannique, le Venezuela a pour sa part demandé à la Grande-Bretagne de “respecter non seulement le droit international mais aussi le droit d’asile politique” accordé à Julian Assange.
Source : AFP
Selon M. Patino, l’Equateur a considéré que si M. Assange “était placé en détention préventive en Suède se produirait une chaîne d‘événements qui ne pourraient éviter son extradition” ultérieure dans un pays tiers comme les Etats-Unis.
S’il est extradé vers la Suède, le fondateur de WikiLeaks dit redouter d‘être transféré dans un second temps aux Etats-Unis pour y répondre d’espionnage après la divulgation par son site de 250.000 télégrammes diplomatiques américains.
Aux Etats-Unis, M. Assange “pourrait être jugé par des tribunaux spéciaux ou militaires et il n’est pas improbable qu’un traitement cruel et dégradant lui soit réservé et qu’il soit condamné à la peine capitale”, a estimé le ministre équatorien.
Le 16 août au soir, la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, a assuré que Washington n’est aucunement impliqué dans le différend entre Londres et Quito, démentant toute pression sur le gouvernement britannique. “Je rejette pleinement les accusations selon lesquelles les Etats-Unis ont l’intention de le persécuter”, a insisté Mme Nuland.
M. Patino a également répété que son pays avait réuni de “sérieux indices” accréditant la possibilité de “représailles” contre M. Assange “qui peuvent mettre son intégrité, sa sécurité, et même sa vie en danger”.
“Les autorités britanniques sont dans l’obligation de l’extrader vers la Suède. Nous nous soumettrons à cette obligation”, a répondu Londres, qui avait déjà prévenu le 16 août au matin qu’il s’opposerait à une extradition vers Quito.
Face à l’inflexibilité de Londres, M. Patino a affirmé dans la soirée ne pas exclure de saisir la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La Haye pour contraindre la Grande-Bretagne à accorder un sauf-conduit à Julian Assange pour qu’il rejoigne l’Equateur. Une option également évoquée par l’ex-juge espagnol Baltasar Garzon, qui coordonne la défense de M. Assange.
Une cinquantaine de personnes ont manifesté le 16 août au soir à Quito devant l’ambassade britannique pour exiger un sauf-conduit pour le fondateur de WikiLeaks.
De son côté, la Suède a “fermement” rejeté “toute accusation” selon laquelle sa justice ne garantit pas les droits de la défense. Stockholm a même annoncé la convocation de l’ambassadeur équatorien pour qu’il s’explique sur les accusations de son gouvernement.
L’Organisation des Etats américains (OEA), qui regroupe une trentaine de pays, s’est réunie d’urgence le 16 août au soir à Washington pour traiter des relations entre l’Equateur et la Grande-Bretagne. “Nous avons une proposition pour que les ministres des Affaires étrangères se réunissent le 23 août à Washington”, mais la décision finale quant à ce projet sera prise le 17 août, a déclaré le président du Conseil permanent de l’OEA, le Jamaïquain Stephen Vasciannie.
Par ailleurs, les ministres des Affaires étrangères de l’Union des nations sud-américaines (Unasur) et de l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba) se réuniront le week-end prochain à Guayaquil, en Equateur, pour analyser la situation.
A Londres, un appel a été lancé sur le réseau social Twitter pour manifester devant l’ambassade d’Equateur, située dans le quartier chic de Kensington, après que l’Equateur eut de nouveau évoqué le 16 août une possible prise d’assaut de la représentation si l’Australien n‘était pas remis aux Britanniques.
Une hypothèse qu’a semblé écarter le ministre des Affaires étrangères britannique William Hague, estimant que la bataille diplomatique et juridique autour du cas Assange pourrait prendre un temps “considérable”.
Devant l’ambassade, un groupe d’une cinquantaine de manifestants a brièvement fait face à une trentaine de policiers en gilets pare-balles après l’annonce de Quito, mais aucun trouble majeur n’y a été constaté, même si trois manifestants ont été interpellées en fin de matinée.
A l’intérieur de l’ambassade, Julian Assange a salué “une victoire importante”, ajoutant toutefois que “les choses vont probablement devenir plus stressantes maintenant”.
Peu après les déclarations de son ministre, le président équatorien Rafael Correa s‘était exclamé sur son compte Twitter: “Personne ne va nous faire peur”, comme un défi lancé aux autorités britanniques.
Dénonçant “l’arrogance” et “la prépotence” du gouvernement britannique, le Venezuela a pour sa part demandé à la Grande-Bretagne de “respecter non seulement le droit international mais aussi le droit d’asile politique” accordé à Julian Assange.
Source : AFP
Sur l'asile politique accordé à Julian Assange, retrouvez en podcast la participation du Professeur Marcelo Kohen sur le Forum de la Radio Suisse Romande : http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/forum/4188826-wikileaks-londres-menace-d-extrader-assange-de-force-16-08-2012.html?f=player%2Fpopup
RépondreSupprimerJ'ai du mal à saisir comment à ce stade de l'affaire, les réputés défenseurs de J.A n'aient pas eu la présence d'esprit de saisir la Cour Européenne des Droits de l'Homme en arguant de la "jurisprudence Soering" de 1988.
RépondreSupprimerhttp://blog.multipol.org/post/2012/08/17/ACTU-%3A-L%E2%80%99Equateur-accorde-l%E2%80%99asile-%C3%A0-Julian-Assange%2C-Londres-campe-sur-sa-position
Le contexte est en effet tout a fait similaire puisque le dénommé Soering, citoyen allemand avait séjourné au USA où il avait rencontré une jeune femme d'origine canadien dont il s'était follement épris. Les parents de celle-ci s'opposaient à leur union et du coup les deux amants avaient ourdiun plan au terme duquel Soering les avait sauvagement assassinés.
Les deux amants s'étaient réfugiés en Angleterre où ils avaient été rapidement repérés à cause d'une affaire de faux chèques...
La copine de Soering avait été rapidement extradée au US ou elle fut condamnée en temps que complice à 99 ans d'emprisonnement.
Soering lui, saisit la Cour Européenne des Droit de l'homme et obtint gain de cause et ne fut finalement pas extradé mais transferé pour purger sa peine en Allemagne.
Le motif en fut que la convention des droits de l'homme considérait la peine de mort comme un traitement inhumain et indigne. Qu'en étant livré au US il risquait une peine capitale que le même crime ne lui faisait pas encourir dans aucun des pays de la Communauté Européenne. De plus il n'aurait pas accès aux US à une assistance juridique gratuite comme partout dans l'UE.
Le contexte de l'affaire Assange est très similaire..
Par rapport au dernier commentaire :
RépondreSupprimerLa Cour européenne aurait très certainement rejeté la demande d'application d'une mesure provisoire ayant pour effet de suspendre la mesure d'extradition vers la Suède, tout simplement parce que la Suède est partie à la CEDH et que c'est à la Suède de considérer si l'extradition vers les Etats-Unis pourrait entraîner des risques pour Assange sous l'angle de l'article 3 (la Cour européenne considérant que le syndrome d'attente dans le couloir de la mort constitue un traitement contraire à cette disposition).
Personnellement, je ne vois donc aucun problème à ce qu'Assange soit extradé vers la Suède. Un problème, comme je l'ai exposé ci-dessus, se poserait uniquement en cas de demande d'extradition par les Etats-Unis à la Suède. Et encore là : avec l'assurance des Etats-Unis qu'Assange ne serait pas soumis à la peine capitale, voire à une peine perpétuelle incompressible, la Cour européenne ne verrait pas de violation de l'article 3 (il y a une décision c. la France qui aboutissait à cette conclusion s'agissant précisément d'une extradition vers les Etats-Unis, je vais essayer de retrouver la décision en question).
Bonne journée !
AL
Contrairement à beaucoup, ce n'est pas l’accusation de viol qui m’étonne. Il faut toutefois savoir qu'en Suède, le viol est beaucoup plus vaste que ce que l'on considère comme viol en France. Mais il est vrai que la coïncidence des dates est troublante : le 15 août 2012, Julian Assange annonce vouloir publier de nouveaux documents confidentiels de l’armée américaine, le 21 août, il est accusé de viol par la justice suédoise.
RépondreSupprimerCe qui m'étonne, c'est que la Suède ait refusé d'entendre Assange dans l'ambassade équatorienne. Après tout, quelle différence pour eux, si il peut être jugé au final?
Donc, cela tendrait à montrer qu'il y a une insistance à vouloir faire venir Mr Assange sur le sol suédois. Pourquoi faire sinon pour l'extrader ensuite vers les USA?
D'un autre côté, on peut aussi penser que si les USA avaient voulu l'avoir à tout prix, ils auraient pu le faire extrader depuis la Grande Bretagne avec moins de difficultés je pense.