« Les personnes que j'ai rencontrées aujourd'hui m'ont confié avoir besoin d'eau potable, de systèmes d'assainissement, de soins médicaux et de vivres. Les gens vivent dans la peur et sont privés de logement, dans un besoin désespéré d'aide et de soutien », a déclaré Mme Amos dans un communiqué de presse.
Lors d'un entretien avec le Premier ministre syrien, Wael Nader al-Halqi, la Secrétaire général adjointe a souligné la primauté des principes de neutralité et d'indépendance du travail humanitaire, qui doit permettre aux personnels sur le terrain d'avoir accès à toutes les personnes touchées par le conflit. Elle a appelé toutes les parties prenantes à respecter le droit humanitaire international, notamment en protégeant les civils.
Mme Amos a également rencontré des représentants du Croissant rouge arabe syrien, saluant « son personnel et ses volontaires courageux qui continuent d'effectuer quotidiennement le travail humanitaire malgré les difficultés et les dangers ».

Parallèlement, la Commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU sur la Syrie, mandatée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, a publié le 15 août son rapport, dans lequel il est affirmé que le gouvernement syrien et les forces d'opposition ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.

Parmi ces crimes, le rapport cite des assassinats extrajudiciaires, des actes de torture et des violations graves des droits de l'homme, perpétrés à la fois par les forces du gouvernement et celles de l'opposition.
La Commission d'enquête conclut que la situation dans le pays s'est fortement dégradée depuis six mois, suite à l'emploi de tactiques et de moyens de plus en plus brutaux dans le cadre du conflit.

Le rapport revient notamment sur l'incident du 25 mai dans le village de Houla, où des forces gouvernementales alliées aux milices connues sous le nom de « Shabiha » ont commis des atrocités contre des civils, notamment plus de 100 meurtres dont près de la moitié des victimes étaient des enfants.
Si le rapport fait état de crimes commis par les forces d'opposition, dont des meurtres et des actes de torture, la Commission d'enquête précise que les crimes commis par les autorités sont pires, en raison de leur fréquence et de leur ampleur.

La Commission, qui base ses conclusions sur les témoignages de 1.062 individus collectés depuis le 15 février 2012, rappelle la nécessité de parvenir à un consensus international afin de préparer le terrain à une transition politique en Syrie qui reflète les aspirations légitimes du peuple syrien.

Suite à la publication du rapport de la Commission d'enquête, le sommet islamique de la Mecque, en Arabie saoudite, a prononcé, à la fin de ses travaux tôt le 16 août, la suspension de la Syrie de l'Organisation de coopération islamique (OCI), après être tombés d'accord sur «la nécessité mettre fin immédiatement aux actes de violences en Syrie et de suspendre ce pays de l'OCI».

Le sommet s'est dit «profondément inquiet des massacres et des actes inhumains subis par le peuple syrien». Le secrétaire général de l'OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, a qualifié en conférence de presse la décision de «message fort adressé par le monde musulman au régime syrien» : «Ce monde ne peut plus accepter un régime qui massacre son peuple en utilisant avions, chars et artillerie lourde», a-t-il déclaré.

«C'est aussi un message adressé à la communauté internationale, disant que le monde musulman soutient une solution pacifique (en Syrie), veut la fin de l'effusion de sang et refuse que ce problème dégénère en conflit confessionnel et déborde» sur la région, a poursuivi le chef de l'OCI.

La suspension de la Syrie a été recommandée par la réunion préparatoire du sommet de deux jours qui s'est tenu avec la participation d'une quarantaine de chefs d'Etat arabes, africains et asiatiques, membres de l'OCI. Un seul pays parmi les 57 membres de l'OCI, l'Iran, allié du régime de Damas, s'est ouvertement opposé à la suspension de la Syrie.

Dans une deuxième déclaration appelée "Pacte de La Mecque", le sommet a proclamé son soutien aux «peuples musulmans opprimés (...) qui font face aux avions de combat et aux canons des armées régulières comme c'est le cas du peuple syrien».

La déclaration insiste sur le coopération entre les États musulmans, sur la lutte contre les divisions entre musulmans, la promotion d'un islam modéré et la lutte contre le terrorisme. Elle qualifie de «crime contre l'humanité» les exactions contre les musulmans de Birmanie, et rappelle son soutien aux Palestiniens.
Le "Pacte de La Mecque" se félicite également de la décision du roi Abdallah d'Arabie saoudite, hôte du sommet, de créer à Ryad un centre pour favoriser le dialogue entre musulmans sunnites et chiites.

Sources : ONU/AFP