31 octobre 2012

POINT DE VUE : K. Quan, La Chine est propriétaire des îles Diaoyu et non le Japon

Catherine MAIA 

Il y a douze ans, j'ai été nommé porte-parole du ministère des affaires étrangères, poste que j'ai occupé pendant cinq ans. Durant mon mandat, les questions qui m'ont été le plus souvent posées portaient sur les relations entre la Chine et le Japon autour de deux questions principales : les problèmes historiques et les contentieux territoriaux.

En 2006, le premier ministre japonais d'alors, Junichiro Koizumi, a tenu à visiter le sanctuaire Yasukuni, un acte synonyme d'hommage rendu aux criminels de guerre auteurs de crimes contre l'humanité pendant la Seconde Guerre mondiale. Comment peut-on imaginer que le peuple chinois et l'ensemble des peuples asiatiques victimes du militarisme japonais puissent l'accepter ?

L'Europe a aussi beaucoup souffert lors de la Seconde Guerre mondiale. Cependant, l'Allemagne a adopté une attitude radicalement opposée à celle du Japon. Je me rappelle encore vivement des scènes de la visite en 1970 du chancelier Willy Brandt en Pologne. Une nation qui a le courage de reconnaître ses erreurs et de les corriger est une nation confiante. L'attitude des Allemands à l'égard de leur passé a constitué la base de la paix et de la prospérité en Europe.

Aujourd'hui, les relations sino-japonaises se retrouvent une fois de plus dans une situation très difficile à cause du contentieux autour des îles Diaoyu. Bien des documents historiques ont prouvé que les îles Diaoyu faisaient partie intégrante de la Chine. Et s'agissant des documents anciens, que nous disent les documents historiques français ?

J'ai demandé à mes collaborateurs de consulter les précieuses archives de la Bibliothèque nationale française qui a mis à notre disposition des cartes établies par Guillaume Delisle en 1772, Didier Robert de Vaugondy en 1778 et Alexandre Blondeau en 1817. Toutes ces cartes ont démontré de façon claire l'appartenance des îles Diaoyu à la Chine.

La restitution de ces îles à la Chine est en fait un devoir que le Japon doit assurer en tant que pays vaincu de la Seconde Guerre mondiale, conformément aux traités signés à la fin de la guerre. Au cours des négociations menées par la Chine et le Japon en vue de la normalisation de leurs relations en 1972 et du traité de paix et d'amitié entre les deux pays en 1978, les dirigeants chinois comme Zhou Enlai et Deng Xiaoping ont proposé de laisser de côté ce contentieux. Cette proposition a fait l'objet d'un consensus entre les deux pays confirmé par les premiers ministres japonais de l'époque, Kakuei Tanaka et Takeo Fukuda. C'était une des cautions essentielles pour toute normalisation des relations sino-japonaises.

La Chine souhaite développer son économie, améliorer les conditions de vie de sa population. Tant de choses lui restent à faire et qui nécessitent des efforts de plusieurs générations. La Chine a besoin, de ce point de vue, plus que les autres, d'un environnement de paix et de stabilité.

Lorsque j'étais porte-parole du ministère des Affaires étrangères, le Japon avait déjà commencé la construction de phares sur les îles Diaoyu. Tout récemment, dans le prolongement de sa logique, le Japon a ravivé intentionnellement le feu en "nationalisant" l'île.

La Chine et le Japon partagent une proximité géographique, une similitude culturelle et une interdépendance économique. Quarante ans depuis la normalisation des relations sino-japonaises, le volume du commerce entre les deux pays a atteint 340 milliards de dollars (260 milliards d'euros). L'interdépendance économique et commerciale est profonde, et nul ne peut la briser. Alors que l'économie mondiale souffre actuellement d'un ralentissement soutenu, il est d'autant plus nécessaire à la Chine et au Japon de renforcer, main dans la main, leur coopération.

La Chine ne veut pas que cette situation difficile perdure. Nous souhaitons simplement que la partie japonaise corrige au plus vite ses erreurs. La balle est maintenant dans le camp du Japon.


Situées en mer de Chine orientale, les îles dénommées Senkaku en japonais et Diaoyu en chinois, font l'objet d'un vif différend entre Pékin et Tokyo.

Source : Le Monde

1 commentaire :

  1. J'ai bien entendu l'avis de H.E.Kong QUAN, ambassadeur de Chine en France. Le Japon a également sa thèse du titre pour les îles Senkaku/Diaoyu Je voudrais négocier de bonne foi avec la Chine. Merci beaucoup.

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