David ROY
Le Parlement européen s'est emparé de l'épineux
dossier de l'espionnage de ses services par la
NSA, le 4 juillet, demandant des "éclaircissements immédiats" de
Washington et confiant à une de ses commissions le soin d'enquêter sur ces pratiques.
Dans
une résolution adoptée le 4 juillet par 483 voix contre 93, le Parlement "condamne
vivement l'espionnage des représentations de l'UE". Si les
informations en ce sens étaient confirmées, cette affaire "serait
de nature à affecter les relations transatlantiques", mettent
en garde les élus. Après les révélations du Guardian sur le programme américain Prism de
surveillance des communications Internet et celles du Spiegel, le 30 juin, sur l'écoute de chancelleries
européennes aux Etats-Unis et à Bruxelles, Berlin avait jugé "inacceptable" ce procédé qui rappelait "la
Guerre Froide".
PAS DE SUSPENSION
DES NÉGOCIATIONS
Le 3 juillet, lors du débat, les eurodéputés ont fait étalage de leur division au sujet de ces négociations commerciales. "Nous ne pouvons pas sacrifier les droits fondamentaux des Européens et notre dignité sur l'autel de l'économie", a résumé au nom du groupe socialiste le Grec Dimitrios Droutsas. A l'inverse, l'Allemand Manfred Weber, pour les conservateurs, a souligné que la confiance entre Européens et Américains était certes "ébranlée", mais cela "n'empêche pas que nous avons des intérêts communs".
La
gauche et l'extrême gauche ont en revanche échoué à faire adopter des amendements réclamant "l'ajournement",
la "suspension" ou le "gel" des négociations commerciales
transatlantiques, qui doivent débuter le 8 juillet. La France avait indiqué
qu'elle souhaitait le report, alors que l'Allemagne et
la Commission européenne avaient défendu le maintien du calendrier. Un accord
a finalement été trouvé le 3 juillet. Par
ailleurs, Washington a consenti, comme le souhaitent les Européens, à commencer les négociations le 8 juillet par une réunion
sur le renseignement et la protection de la vie privée.
Barack
Obama a également donné son accord à une "réunion de haut niveau des
responsables allemands et américains de la sécurité dans les prochains
jours" pour discuter de la coopération antiterroriste,
selon la Maison Blanche.
Celle-ci se refuse cependant à considérer les exigences européennes en matière
d'espionnage américain et de protection de la vie privée comme des
préconditions à l'ouverture des négociations commerciales.
PARIS ATTEND
TOUJOURS
Parallèlement
au vote de cette résolution, les présidents des sept groupes politiques du
Parlement ont décidé à l'unanimité de confier à sa commission des libertés civiles,
de la justice et
des affaires intérieures le soin de mener une "enquête approfondie" sur cette affaire, et d'en rendre compte d'ici à la fin de l'année.
Paris,
de son côté, veut obtenir des éclaircissements sur les documents datant de 2010 révélés par Edward Snowden - cet ex-consultant nculpé par la justice américaine pour espionnage - concernant la pose de micros à
l'ambassade de France à Washington. Et savoir si ces écoutes ont été ordonnées par
l'administration Obama ou par celle de son prédécesseur, George W. Bush. Le
secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a de
son côté promis des explications. Mais les Français attendent toujours.
Sources : AFP / Le Monde
L'affaire Snowden, un scandale mondial : chronologie
Il s'agit de la
plus grande affaire d'espionnage de ces dernières années. Début juin 2013, un ancien analyste de la CIA révélait
l'existence de Prism, un incroyable système mis en place par la NSA, l'agence
de sécurité américaine, pour surveiller des centaines de milliers d'ordinateurs
à travers le monde.
Quelques jours plus tard, deuxième scandale : les Etats-Unis auraient également espionné les
dirigeants européens ! Alors que doivent
s'ouvrir les négociations du futur accord de libre échange entre UE et USA,
l'ambiance s'est quelque peu tendue... Le 3 juillet, Paris a même demandé de suspendre les
discussions.
Edward Snowden, de son côté, vit caché. Après avoir quitté Hawaï en mai, il a d'abord posé ses valises à Hong-Kong avant de s'envoler vers la Russie. Invisible, et coincé depuis le 23 juin dans la zone de transit de l'aéroport de Moscou, l'ancien analyste de la NSA a fait une vingtaine de demandes d'asile. Pour l'instant sans réponse positive.
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