5 janvier 2016

ACTU : Territoires palestiniens occupés : démission du Rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'Homme

Catherine MAIA

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation en matière de droits de l'Homme dans les territoires palestiniens occupés, l'Indonésien Makarim Wibisono, a démissionné le 4 janvier, en raison de son manque persistant d'accès à ces territoires, a annoncé le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme (HCDH) dans un communiqué. Sa démission prendra effet le 31 mars 2016.

M. Wibisono avait pris ses fonctions en juin 2014, succédant à l’américain Richard Falk qui n’avait pas non plus été autorisé par Israël à se rendre dans les territoires palestiniens.

L'expert indépendant a exprimé son profond regret du fait que, tout au long de son mandat, Israël avait refusé de lui donner accès aux Territoires palestiniens occupés (TPO). «Malheureusement, mes efforts pour aider à améliorer les conditions de vie des victimes palestiniennes de violations sous l'occupation israélienne ont été mis en échec à chaque occasion», a-t-il déclaré.

Le Rapporteur spécial a souligné qu'en prenant ses fonctions en juin 2014, il avait reçu l'assurance qu'il serait autorisé à accéder aux TPO. «J'ai pris ces fonctions avec la présomption qu'Israël m'accorderait l'accès, en tant qu'observateur impartial et objectif», a-t-il dit. 

De multiples demandes d'accès, écrites et orales, ont été improductives. «Sans réponse d'Israël à ma dernière demande, présentée en octobre 2015, sollicitant un accès avant la fin de 2015, c'est avec un profond regret que j'accepte le fait que le postulat sur lequel reposait mon mandat, c'est-à-dire que j'obtienne un accès direct aux victimes dans les Territoires palestiniens occupés, ne se réalisera pas», a ajouté M. Wisibono.

Le Rapporteur spécial a affirmé, par ailleurs, que tout au long de son mandat, le Gouvernement de l'Etat de Palestine avait coopéré pleinement avec lui.

Il s'est dit profondément préoccupé par le manque de protection réelle des Palestiniens victimes de violations continuelles de leurs droits humains et de violations du droit humanitaire international.

«Avec regret, je souhaite passer le témoin à un successeur, choisi par le Conseil des droits de l'Homme. J'espère sincèrement que mon successeur, quel qu'il soit, parviendra à résoudre l'impasse actuelle, et ainsi à assurer au peuple palestinien qu'après près d'un demi-siècle d'occupation, le monde n'a pas oublié son épreuve et que les droits universels de l'Homme sont effectivement universels», a conclu M. Wibisono.

L'expert indépendant présentera son dernier rapport lors de la 31e session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, en mars 2016.

En juin 2015, Emmanuel Nahshon, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, avait déclaré qu’«Israël coopère avec toutes les commissions internationales et tous les rapporteurs sauf quand le mandat qui leur est confié est d’avance anti-israélien et qu’Israël n’a aucune chance d’être entendu». 

Le rapporteur spécial est considéré comme l’expert de l’ONU le plus haut placé sur la question des droits de l’Homme dans les Territoires palestiniens. Il est nommé par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, une institution avec laquelle Israël a des relations conflictuelles, ce qui l’a amené à boycotter à plusieurs reprises des sessions d’un organe qu’elle considère comme «entièrement politisé».



Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation en matière de droits de l’Homme dans les territoires palestiniens occupés, Makarim Wibisono. Photo ONU/Violaine Martin


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