28 octobre 2006

NOTE : L'appel des Prix Nobel de la paix en faveur du contrôle du commerce des armes

Catherine MAIA 

Dans une lettre à l'ONU diffusée le 24 octobre, quinze Prix Nobel de la paix, dont le dalaï-lama et l'archevêque sud-africain Desmond Tutu, conjurent les gouvernements d'adopter une résolution sur le contrôle du commerce international des armes, afin de faire cesser les exportations irresponsables "qui causent douleur et destruction à tous les peuples du monde".

"Nous, Prix Nobel de la paix, savons que le principe essentiel d'un traité international sur le commerce des armes est simple et incontournable : aucune arme ne devrait faire l'objet d'une transaction si elle doit être utilisée pour commettre de sérieuses violations des droits de l''homme", a déclaré Irene Khan, secrétaire générale d'Amnesty International, qui soutient le projet. "C'est l'heure de vérité à l'ONU : les gouvernements doivent prendre la décision historique de stopper les transactions irresponsables et immorales sur les armes en votant en faveur de l'élaboration d'un traité qui empêchera la mort, le déplacement forcé et le viol de milliers de personnes", a-t-elle ajouté.

Le projet, coparrainé par l'Argentine, l'Australie, le Costa Rica, la Finlande, la Grande-Bretagne, le Japon et le Kenya, a été mis au vote jeudi 26 octobre à la première Commission de l'Assemblée générale de l'ONU qui s'occupe des questions de désarmement et de la sécurité internationale. Soutenu par 139 pays - seuls les Etats-Unis ont voté contre -, ce texte a ainsi débouché sur l’adoption d’une résolution de ladite Commission pour contrôler les ventes d'armes dans le monde, laissant augurer l'élaboration d'un futur traité visant à renforcer la législation actuelle, très laxiste, sur le contrôle du commerce des armes dans le monde.

Coïncidence du calendrier, le ministère français de la défense a rendu public, le 25 octobre, son rapport annuel sur les exportations d'armes. Celui-ci montre que la France a confirmé, pour l'année 2005, sa place de 3e exportateur mondial d'armements, loin derrière les Etats-Unis, mais proche du Royaume-Uni et suivie de peu par la Russie, avec des ventes qui ont atteint 4,11 milliards d'euros. Le rapport souligne que le volume mondial des transferts d'armements se situe depuis une dizaine d'années à un niveau moyen annuel d'environ 45 milliards à 55 milliards d'euros. Dans ce marché où règne une très forte concurrence, les Etats-Unis (55 % à 60 %) et l'Union européenne (25 % à 30 %) totalisent à eux-seuls près de 80 % des exportations mondiales.


Commentaires

1. Le lundi 1 septembre 2008, 00:09 par Maher Abdmouleh
Comme le souligne entre autres Catherine MAIA, il faut agir en vue de stopper le commerce des armes. Malheureusement, les événements récents notamment le conflit en Géorgie, montre que les superpuissances ne sont pas prés de renoncer à leur hégémonie. Par conséquent, les armes nucléaires et non nucléaires constituent des moyens stratégiques pour les belligérants et montrent encore une fois que le problème n’est pas dans la fabrication des armes mais dans la fabrication de la paix.
Autrement dit, renoncer à la fabrication et à la vente des armes passe par une humanisation de la société internationale, par l’application du droit international et donc par le respect des peuples et de leur souveraineté…
Sans tomber dans un pessimisme, l’évolution de notre société internationale et une négation des valeurs incarnées par l’ONU, plus encore la multiplication des conflits ne peut qu’encourager la vente des armes, c’est le seul moyen de se protéger et de se défendre en l’absence d’un recours effectif à la Loi en tant que rempart face à l’arbitraire et la loi de la jungle…
Maher Abdmouleh
Docteur en droit

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