Après trois semaines de crispation internationale suite à l’essai nucléaire nord-coréen, le 9 octobre dernier, le régime de Kim Jong Il a finalement accepté, mardi 31 octobre, de revenir à la table des négociations à Six, aux côtés de la Chine, des Etats-Unis, de la Russie, du Japon et de la Corée du Sud.
Cette information, diffusée par le Ministère des Affaires Etrangères chinois et confirmée par les autorités américaines, peut être considérée comme une victoire pour la Chine, initiatrice de la réunion tripartite qui a permis aux négociateurs américain et nord-coréen de se rencontrer, à Pékin, de façon informelle.
La question se pose des réelles motivations d’un tel revirement. Pyongyang, qui a violemment dénoncé la résolution 1718 de l’ONU, rejetait jusqu’alors toute autre enceinte de négociation que le dialogue bilatéral avec Washington. La fermeté de la Communauté internationale sur ce dossier et les pressions de la Chine ont sans doute contribué à incliner la position nord-coréenne. Par ailleurs, les concessions faites par Washington en acceptant de rediscuter des sanctions financières, dans le cadre des pourparlers à Six, pourraient être à l’origine de ce changement d’attitude. Les sanctions prises, en 2005, par le Trésor américain pour lutter contre les activités financières illégales de la Corée du Nord sont en effet brandies par Pyongyang pour justifier son boycott, depuis près d’un an, des pourparlers à Six.
S’il est question de rouvrir les négociations dès fin novembre - début décembre, le Président américain George W. Bush a toutefois fermement rejeté toute levée des sanctions onusiennes. La Chine et les Etats-Unis, rappelant leur refus catégorique de considérer la Corée du Nord comme une puissance nucléaire, espèrent pouvoir relancer les pourparlers sur les bases de la Déclaration conjointe du 19 septembre 2005. La Corée du Nord s’était en effet engagée à renoncer à ses armes et programmes nucléaires existants et à rejoindre le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) ainsi que le régime de garanties de l’AIEA, en échange d’aide internationale et de garantie de sécurité. Cette déclaration constitue, à ce jour, l’avancée la plus importante qu’aient connue les pourparlers à Six.
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Commentaires
L’attachement de Pyongyang à une annulation préalable des sanctions financières adoptées par les États-Unis a débouché sur un statu quo. Lors de la cérémonie de clôture de la deuxième étape du cinquième round des pourparlers à Six la Chine, pays organisateur de la rencontre, a toutefois réaffirmé la volonté des participants de poursuivre les pourparlers dans le même format.
Si le négociateur en chef et vice-ministre des Affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée, Kim Kye Gwan, n’a fait aucun commentaire, son homologue américain, Christopher Hill, n'a pas hésité à exprimer sa déception, tout en espérant voir la Corée du nord prendre des décisions concrètes en vue de la prochaine session de pourparlers dont la date n'a pas encore été décidée.