L’hôte du sommet Afrique-France a ainsi appelé ces derniers à cesser de «subventionner leurs producteurs de coton au détriment de ceux du Sahel». Il a également fustigé le «pillage» des réserves minérales du continent noir, saluant au passage l’émergence d’une société civile africaine qui demande davantage de transparence dans l’exploitation des ressources. Le Président français s’est par ailleurs longuement attardé sur «le défi écologique» posé à l’Afrique, notant que le continent subissait «plus durement que d’autres l’impact du changement climatique» avec l’aggravation de la désertification et la raréfaction des sols arables et des ressources en eau.
Consacré à «L'Afrique et l'équilibre du monde», ce sommet de deux jours abordera largement le dossier des matières premières, dont le continent regorge et qui font l'objet d'une âpre compétition et d'une offensive d'envergure de la part de la Chine.
Le conflit du Darfour aurait également pu figurer à l’agenda officiel, mais le Tchad, qui accuse son voisin soudanais d'aider des rébellions visant à le déstabiliser, était hostile à une telle rencontre. C’est donc en marge du sommet qu’a été organisée, cet après-midi, une rencontre entre les Présidents soudanais, centrafricain, tchadien et égyptien, en présence de l'actuel Président de l'Union Africaine, le Ghanéen John Kufuor. L'objectif est de persuader le Président soudanais Omar Hassan el Bachir d'accepter le déploiement de 3000 casques bleus de l'ONU pour épauler les 7000 hommes de l'Union Africaine déjà sur le terrain, afin de stabiliser cette région de l'Ouest du Soudan où les combats ont déjà fait plus de 200 000 morts et 2,5 millions de déplacés depuis 2003.
La situation actuelle en Guinée suscite aussi l'inquiétude des responsables africains et de la France. Le Président Lansana Conté, au pouvoir depuis 23 ans, vient de décréter l'état de siège face à de violentes manifestations dont la répression a fait plus de 110 morts.
Mais ce 24e sommet, où 48 pays sur les 53 que compte l’Afrique subsaharienne sont représentés, sera avant tout celui des adieux de M. Chirac à l'Afrique et à bon nombre de dirigeants avec qui il a tissé des relations étroites, et parfois controversées, tels qu'avec Omar Bongo Ondimba (Gabon), doyen des chefs d'États africains, au pouvoir depuis 1967, Paul Biya (Cameroun), Idriss Deby Itno (Tchad) ou encore Denis Sassou Nguesso (Congo).
Le Président algérien Abdelaziz Bouteflika est également présent alors que les relations entre les deux pays ont été marquées ces derniers temps par une polémique sur la colonisation française. Il en va de même du Président djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, alors qu'une juge française cherche à l’interroger dans le cadre de la mort du juge Bernard Borrel, décédé il y a 11 ans à Djibouti.
En revanche, le Sud-africain Thabo Mbeki et l'Ivoirien Laurent Gbagbo n’ont pas fait le déplacement, tout comme le Président du Zimbabwe Robert Mugabe, interdit de séjour depuis 2002 en Europe par l'Union Européenne en raison de violations des droits de l'Homme.
Ce sommet de Cannes se déroule en pleine campagne électorale en France, au moment où les principaux candidats à la présidentielle d'avril-mai, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, ont tous deux promis une nouvelle politique concernant l'Afrique, fondée sur plus de transparence, en attendant le prochain sommet Afrique-France qui se tiendra en Égypte en 2009.