Il est vrai que les négociations piétinent. La stratégie diplomatique de règlement de la crise semble ne pas porter ses fruits et les sanctions internationales paraissent inefficaces. Pour preuve, dans son dernier rapport sur la question, Mohamed El Baradei accusait Téhéran d’avoir bloqué les tentatives de l’AIEA pour enquêter sur ses activités nucléaires suspectes. Selon le document de quatre pages publié le 23 mai 2007 par l'Agence, l’Iran refusait toujours d'autoriser les inspecteurs à visiter un réacteur nucléaire à eau lourde en cours de construction à Arak et des installations liées depuis qu'il a réduit unilatéralement sa coopération avec l’AIEA au début de l’année. Une attitude qui expose le pays à une nouvelle série de sanctions du Conseil de sécurité (la troisième depuis le 23 décembre 2006), s’il ne suspendait pas ses activités nucléaires, et ce, en vertu de la résolution 1747 adoptée le 24 mars dernier et qui lui donnait 60 jours pour respecter ses obligations. Mais depuis le début du mois de juillet 2007, Téhéran a manifesté des signes d’ouverture dans le dénouement de la crise en ralentissant son programme d’enrichissement de l’uranium sur le site souterrain de Natanz et en autorisant les inspecteurs de l’AIEA à se rendre de nouveau sur le site d’Arak avant la fin du mois, après les en avoir expulsés en avril dernier pour répondre aux sanctions décidées par le Conseil.
Toutefois, il semble que Washington reste toujours sceptique sur les intentions du régime islamique. Et le temps presse au 1600 Pennsylvania Avenue. Si intervention militaire il y aura, elle devra se faire dans les 18 prochains mois, c’est-à-dire avant la fin du mandat de l’Administration actuelle, croit savoir le quotidien londonien, pour qui Bush et Cheney restent quasi-persuadés que le prochain occupant du Bureau ovale, qu’il soit républicain ou démocrate, ne pourra mener une telle opération. Dans un tel contexte, une décision devrait être prise très rapidement par le Président quant à la posture à adopter.
Mais peut-on imaginer un seul instant, malgré leur situation en Irak et les graves conséquences qui pourraient découler de cette éventuelle intervention, tant sur les plans sécuritaire qu’économique, que George Bush succombe définitivement au pressing de Dick Cheney et engage encore les États-Unis dans une nouvelle aventure militaire à l’issue incertaine ? «Notre route commence à Bagdad» (2) écrivaient deux néo-conservateurs américains quelques mois avant l’opération Iraqi Freedom. Passera-t-elle par Téhéran, Isfahan, Natanz, Arak et/ou Bushehr dans les prochains mois ? Wait and see !

(1) Ewen MacAskill & Julian Borger, «Cheney pushes Bush to act on Iran», The Guardian, 16 July 2007 (http://www.guardian.co.uk/usa/story/0,,2127115,00.html).
(2) Référence faite à l’ouvrage de William Kristol & Lawrence F. Kaplan, Notre route commence à Bagdad. Par les Faucons de la Maison-Blanche, Saint-Simon, 2003.

  • Pour continuer et approfondir la réflexion, lire demain sur Multipol, une analyse de Irving LEWIS intitulée : «L’intervention militaire permet-elle réellement de mettre fin à la nucléarisation d’un pays ?».