Aussitôt connue l'abolition de la peine de mort, les réactions ont afflué pour féliciter les autorités rwandaises de leur initiative.
La Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, la Canadienne Louise Arbour, et l'organisation humanitaire Amnistie internationale ont toutes deux salué la décision. Pour l’une comme pour l’autre, il s'agit là d'un geste important. «Un pays qui a souffert du crime le plus grave, et dont la soif de justice est loin d'être satisfaite, a décidé d'abandonner une sanction qui ne devrait avoir sa place dans aucune société qui prétend protéger les droits de l'Homme et le caractère inviolable de la personne humaine. Le Rwanda fait preuve de leadership par son action», a souligné Louise Arbour dans un communiqué publié à Genève.
L’Union européenne, et surtout la France, se sont déclarés très satisfaits de la décision prise par le Rwanda et ont affirmé que l'abolition universelle de la peine capitale était «une des priorités de la France et de l'Union européenne». Le gouvernement portugais, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE a, par une déclaration, adressé ses félicitations au gouvernement et au peuple rwandais pour «cette décision importante» dont il se réjouit. Quant à la France, elle pourrait peut être renouer des liens avec ce pays, avec lequel elle n'a plus de contact depuis 2005, à la suite d'un différend précisément lié au génocide de 1994 qui avait fait selon l’ONU près de 800.000 morts.
Les dernières peines capitales au Rwanda ont été prononcées en 2003 et les dernières exécutions remontent à 1998, date à laquelle 22 personnes reconnues coupables de génocide ont été exécutées. Avec cette loi d’abolition, le Rwanda devient le premier pays de la région africaine des Grands Lacs à interdire la peine de mort, ce qui vient renforcer la tendance mondiale à mettre fin à cette pratique. Selon Amnistie internationale, il y a dans ce pays d'Afrique quelque 600 prisonniers dans les couloirs de la mort qui verront donc leur peine commuée en prison à perpétuité.
Par ailleurs, plusieurs pays refusant de livrer des suspects vers des pays où ils risquent la peine capitale, la loi d’abolition permettra enfin d'extrader vers le Rwanda les personnes accusées d’avoir participé au génocide de 1994 afin d’être jugées par des tribunaux nationaux et de désengorger par la même occasion le Tribunal pénal pour le Rwanda (TPIR).
L'abolition de la peine capitale était l'une des conditions posées par le TPIR pour transférer devant la justice de Kigali des personnes mises en cause dans le génocide de 1994. Or, un tel transfert est aujourd’hui devenu indispensable en raison des contraintes de calendrier du TPIR, le Conseil de sécurité de l'ONU, qui a instauré le tribunal en novembre 1994, lui ayant ordonné d'achever les procès en première instance en 2008.
Pour la première fois dans l'histoire du TPIR, le procureur en chef, Hassan Bubacar Jallow (Gambie), a déposé le 11 juin dernier une requête pour renvoyer devant la justice rwandaise un premier accusé du tribunal. Les juges du TPIR n'ont pas encore statué.