Les dernières nouvelles concernant la possible intervention de l’armée lors du premier tour de l’élection présidentielle, le 27 avril dernier, laissaient en effet craindre le coup d’État militaire. Dans la soirée du premier tour, le général Yasar Büyükanit, chef de l’état major-turc, avait effectivement déclaré aux médias comme émanant des autorités militaires : «En cas de nécessité, les forces armées exprimeront clairement et nettement leur position et agiront en conséquence. Nul ne doit en douter. Tous ceux qui s’opposent à la conception du grand fondateur de notre République, Atatrürk, sont les ennemis de la République et le resteront». Ceci n’aurait pas été la première intervention de l’armée turque dans la vie politique du pays, puisque tel fut le cas en 1960, 1971 et 1980.
Suite à l’annulation du premier tour de ces élections par la Cour Constitutionnelle basée sur l’absence du quorum nécessaire pour l’élection présidentielle - entre autre du fait du boycott du CHP (parti républicain du peuple, pro-laïcité), la décision du Premier ministre turque, Recep Tayyip Erdogan (AKP), de dissoudre l’Assemblée nationale, suite à l’absence de quorum lors du second scrutin montre, en donnant le dernier mot aux citoyens turcs, une volonté de résoudre cette crise démocratiquement et semble couper l’herbe sous le pied des militaires.
Or, à la lecture des critères politiques de Copenhague, confirmée par la position adoptée par le Conseil des ministres lors du Sommet d’Helsinki, la primauté du droit, de l’État de droit, la stabilité des institutions et leur fonctionnement démocratique apparaissent comme des préalables à l’ouverture des négociations. Cette résolution de la crise actuelle en Turquie semble donc confirmer les efforts poursuivis par ce pays en vue de l’adhésion, prochaine (?), à l’Union Européenne et devrait plaider en faveur d’une accélération des négociations dans cette direction.