Catherine MAIA
Dans l’univers de diplomatie feutrée de l’ONU, où chaque mot est soigneusement choisi à l’aune des sensibilités et des susceptibilités des uns et des autres, le «coup de gueule» de l'ancien Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, dénote singulièrement.
S'exprimant dimanche 22 juillet lors d’un discours prononcé en l'honneur de l'ancien Président sud-africain Nelson Mandela, qui vient de célébrer son 89ème anniversaire, Kofi Annan a littéralement fustigé les régimes brutaux, les dirigeants inamovibles et la poursuite des conflits en Afrique, frappée par la pauvreté et la maladie. «Environ la moitié des conflits armés et près des trois-quarts des forces de maintien de la paix se trouvent en Afrique. Ceci parce que des millions d'Africains sont encore à la merci de régimes brutaux (...) qui ne montrent aucun respect pour les droits humains ou même pour la vie humaine», a-t-il déclaré.
Pour Kofi Annan, l'ancien chef de l'État sud-africain a montré un «merveilleux» exemple à l'Afrique lorsqu'il a quitté ses fonctions à l'issue de son premier mandat, en 1999. «Quel merveilleux exemple sur un continent où les Présidents ont, dans certains cas, défié ou changé la Constitution de leur pays et se sont cramponnés au pouvoir durant des décennies», a-t-il ajouté.
Citant le Nord de l'Ouganda et le Soudan parmi les conflits armés qui continuent à faire rage sur le continent, il a mis en garde les Africains contre une forme de racisme qui unit les citoyens dans le combat contre des pouvoirs blancs tyranniques, mais «excuse les pouvoirs tyranniques lorsqu'ils sont noirs». Il a exhorté les dirigeants africains à assurer le respect de la loi, la protection des droits et de la propriété individuelles, tout en combattant la corruption et en promouvant la bonne gouvernance.
Il a, en particulier, estimé que les Africains devaient trouver une solution à la crise au Zimbabwe ainsi qu'aux autres crises qui ensanglantent le continent. «La descende aux enfers du Zimbabwe est intolérable et ne peut se poursuivre. Nous avons tous intérêt à résoudre cette crise», a-t-il insisté.
Source : Dépêche AFP, 22 juillet 2007.
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