La prolifération de ces accords pourrait, en particulier, distraire l'attention des négociations multilatérales et créer des structures discriminatoires et protectionnistes à l'intérieur de marchés plus larges. Aussi, le directeur de l’OMC a-t-il appelé à la conclusion d'ici début 2008 du cycle de Doha, lancé en 2001, qui prévoit de libéraliser davantage les échanges mondiaux en faveur des pays en développement.
Pour l’heure, les membres de l'OMC ne parviennent pas à s'entendre sur les moyens de boucler le cycle. Les pays en développement demandent à l'Union européenne et aux États-Unis de réduire fortement leurs aides aux agriculteurs, des subventions qui faussent selon eux les règles du commerce. De leur côté, Européens et Américains exhortent les économies émergentes à ouvrir davantage leurs marchés aux industries et aux services venus d'ailleurs. Selon Pascal Lamy, «la conclusion du cycle de Doha réduirait l'intérêt pour des politiques commerciales discriminatoires» et permettrait de «réorienter l'attention des gouvernements vers leurs intérêts commerciaux globaux».
Loin de s’opposer à la régionalisation, M. Lamy a demandé à ce que les caractéristiques des accords bilatéraux soient soigneusement examinées, non seulement sur le strict plan juridique, mais également pour savoir s'ils sont compatibles avec de futurs accords multilatéraux, cela afin de les inscrire dans une architecture multilatérale. Il a exprimé son souhait que les gouvernements réfléchissent à de «bonnes pratiques» à cet égard, notamment au sein de l'OMC.
«La question de savoir si les accords bilatéraux sont une bonne ou une mauvaise chose est stérile. Ce qu'il faut déterminer, ce sont les effets de ces accords sur l'accès aux marchés et la création de nouvelles opportunités économiques», a conclu Pascal Lamy.