Aujourd’hui, la traite des êtres humains représente un des enjeux majeurs en Europe, qui représente à la fois une zone d’origine, de transit et de destination de ces flux migratoires forcés. D’après l’Organisation Internationale des Migrations (OIM), 2,45 millions de personnes seraient aujourd’hui victimes de la traite, dont 500 000 en Europe occidentale. La grande majorité des victimes sont des femmes et des jeunes filles exploitées sexuellement (43%), mais nombre d’entre elles occupent aussi des emplois sous-payés ou clandestins dans des fermes ou des ateliers où elles sont exploitées chez des particuliers (32%). La prostitution sert de point d’ancrage aux groupes criminels organisés dans de nombreux pays européens. Au cours de ces quinze dernières années, la prostitution étrangère a explosé dans les pays d’Europe occidentale en raison de l’expansion de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle.
La majorité des filles sont originaires de Roumanie, Russie, Bulgarie et Nigeria. En Suède, la traite des êtres humains semble être un phénomène en expansion dans les petites villes et non plus dans les grandes agglomérations. La perspective d’un travail rémunérateur en Europe et d’un changement de situation personnelle ou familiale sont pour beaucoup l’élément moteur du départ. Les trafiquants, souvent organisés en réseaux criminels, utilisent fréquemment les mêmes modes opératoires pour briser les aspirations de ces jeunes femmes : violences sexuelles, conditionnement psychologique, menaces, homicides.
Contrairement à l’idée reçue, la traite des êtres humains ne se réduit pas à l’exploitation sexuelle forcée, mais existe sous différentes formes. « L’expression "traite des êtres humains" désigne le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation. L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes » (Article 4, Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains, 16 mai 2005).
La Commission Européenne a proclamé le 18 octobre Journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains depuis 2007. Problème d’envergure transnationale, une action européenne forte est en effet nécessaire pour plus d’efficacité. Le renforcement des modes de coopération entre la société civile et les ambassades, notamment via les référents doit permettre une action d’envergure transnationale efficace. La communication entre les associations françaises et étrangères, mais aussi entre les associations et les institutions étrangères (police, justice) permettront de faciliter le retour des victimes et de renforcer leur protection. Le travail en réseau des acteurs impliqués est à renforcer, et ce impliquant les organisations associatives d’aide aux victimes, la police et la justice. La lutte contre la traite des êtres humains revêt une dimension globale. Outre la prise en charge des victimes, elle doit aussi inclure des politiques de prévention et de sensibilisation, notamment auprès des populations dites à risque (jeunes femmes en milieu isolé par exemple), la formation des acteurs concernés, le renforcement et l’amélioration des textes juridiques (droit à la défense des victimes, ratification de la Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains…).
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