En effet, plusieurs milliers de groupes de populations autochtones – soit entre 300 et 400 millions d’individus dans le monde – se distinguent des autres groupes par divers facteurs historiques, structurels et identitaires. Leur différence culturelle est souvent liée à la langue, à l’organisation sociale, aux valeurs religieuses et spirituelles, à leurs législations et institutions et surtout à leur cosmovision, qui se manifeste dans leur relation spéciale à la terre et aux ressources naturelles. Les peuples autochtones ont subi et subissent encore différents processus de génocide, d’ethnocide et d’écocide qui menacent leur survie aussi bien physique que culturelle. Les politiques étatiques ont conduit plus qu’ailleurs à la destruction des identités autochtones, notamment par les dépossessions des terres au nom de la "civilisation", du progrès, du développement, de la modernisation, de la religion et maintenant de la mondialisation.
Durant tout le XXe siècle, on attendait de ces populations qu’elles s’assimilent au groupe majoritaire, autrement dit qu’elles abandonnent leur vision du monde spécifique pour s’intégrer au modèle de société occidental et finalement qu’elles disparaissent en tant que telles. Face à ce processus, les peuples autochtones ont su résister, voire survivre, et ont réussi à faire évoluer l’opinion mondiale. Au cours des dernières décennies, le monde a pris conscience que les autochtones avaient des droits. Progressivement un système de protection de la relation à la terre et aux ressources naturelles se met en place même si les solutions envisagées restent essentiellement fondées sur le modèle juridico-politique occidental au lieu de prendre véritablement en compte la vision du monde et l’originalité des peuples autochtones. Au-delà de ces aspects, ces peuples sont porteurs d’une autre vision du monde et souhaitent participer, à côté d’autres acteurs opposés à la logique néolibérale, à la construction d’un nouvel ordre mondial.

SOMMAIRE
PREMIÈRE PARTIE : LES PEUPLES AUTOCHTONES ET LEUR RELATION À LA TERRE : UNE RELATION HOMME-NATURE SINGULIÈRE
CHAPITRE 1 : LE RAPPORT À LA TERRE DES PEUPLES AUTOCHTONES : LA “COSMOVISION AUTOCHTONE”Section 1 : Les peuples autochtones au cœur de la nature
Section 2 : Le savoir autochtone comme garantie de l’harmonie avec la natureCHAPITRE 2 : LES PEUPLES AUTOCHTONES FACE À UNE VISION DIFFÉRENTE : L’ÉVOLUTION DE L’ATTITUDE OCCIDENTALE ENVERS LA NATURE
Section 1 : Le rapport homme-nature dans la religion judéo-chrétienne : une consécration de l’anthropocentrisme ?Section 2 : Le développement du sécularisme et de la pensée scientifique rationnelle occidentale
Section 3 : Le développement du progrès technologique et l’émergence de la pensée économique moderne : la nature au service du développement économique

DEUXIÈME PARTIE : LES ATTEINTES À LA RELATION À LA TERRE ET AUX RESSOURCES NATURELLES DES PEUPLES AUTOCHTONES
CHAPITRE 1 : LES DÉPOSSESSIONS HISTORIQUES DES PEUPLES AUTOCHTONES DANS LE CADRE DE LA COLONISATIONSection 1 : Perspective historique de la colonisation et ses conséquences sur la relation à la terre et les droits des peuples autochtones
Section 2 : Evolution du discours sur le statut des peuples autochtonesCHAPITRE 2 : LES PEUPLES AUTOCHTONES FACE AUX DÉPOSSESSIONS CONTEMPORAINES
Section 1 : Les dépossessions au nom du développement économiqueSection 2 : Les dépossessions au nom de la préservation de l’environnement : le cas des zones de conservation et des aires protégées
Section 3 : L’utilisation des territoires autochtones à des fins militairesCHAPITRE 3 : L’INADAPTATION DES SYSTÈMES JURIDIQUES CONTEMPORAINS POUR FAIRE FACE AUX ATTEINTES
Section 1 : Carences des systèmes juridiques nationaux dans la protection des droits des peuples autochtones à leurs terres et ressourcesSection 2 : Le manque de qualification juridique satisfaisante des violations des droits des peuples autochtones sur leurs terres et ressources

TROISIÈME PARTIE : L’ÉMERGENCE D’UN SYSTÈME DE PROTECTION DU RAPPORT À LA TERRE ET AUX RESSOURCES NATURELLES DES PEUPLES AUTOCHTONES
CHAPITRE 1 : LA RECONNAISSANCE DU DROIT À L’AUTODÉTERMINATION : LA GARANTIE DU CONTRÔLE DES TERRES ET DES RESSOURCES NATURELLESSection 1 : L’application du droit à l’autodétermination aux peuples autochtones en question
Section 2 : L’importance du droit à l’autodétermination pour protéger la relation des peuples autochtones à leurs terres et à leurs ressources naturellesCHAPITRE 2 : DROIT DE PROPRIÉTÉ ET AUTONOMIE TERRITORIALE : DEUX AMÉNAGEMENTS JURIDIQUES RECONNUS PAR LE DROIT POSITIF
Section 1 : La reconnaissance d’un “droit de propriété autochtone”Section 2 : Le droit à l’autonomie territoriale
CHAPITRE 3 : LE DROIT À LA PARTICIPATION DES PEUPLES AUTOCHTONESSection 1 : Le droit à la participation des peuples autochtones au niveau national
Section 2 : La participation des peuples autochtones sur la scène internationale

Les peuples autochtones et leur relation originale à la terre : Un questionnement pour l'ordre mondial

Frédéric DEROCHE, Les peuples autochtones et leur relation originale à la terre. Un questionnement pour l’ordre mondial, préface de Julian BURGER, Paris, L'Harmattan, 2008 (380 pp.)

Frédéric DEROCHE est docteur en droit public, chercheur associé au Centre de Recherche en Droit et Science Politique à l’Université de Bourgogne et Ingénieur d’étude à l’Ecole Nationale des Sciences de l’Information et des Bibliothèques de Villeurbanne. En collaboration avec des enseignants-chercheurs, il a publié aux éditions L'Harmattan, en 2006, un ouvrage consacré à La nouvelle question indigène. Peuples autochtones et ordre mondial.