Ce rapport montre que les commandes d'armes françaises ont légèrement diminué passant de 5,74 milliards d'euros en 2006 à 5,66 milliards en 2007. Les livraisons, elles, ont progressé, passant de 4,03 milliards en 2006 à 4,81 milliards en 2007. Le Moyen-Orient a représenté 43% des exportations françaises en 2007. Ce type de rapport est essentiel pour les ONG et les Think Thank. Elles peuvent ainsi réaliser des analyses sur les types de matériel vendus par la France et vérifier si Paris respecte le Code de conduite européen. Malheureusement, le Ministère de la défense ne souhaite plus communiquer cette année sur ces éléments essentiels, ce qui pour l’Observatoire des armements, « dénote un net recul en matière de transparence et d’information sur les ventes d’armes ».
Le Président de ce Think Thank, Patrice Bouveret, s’interroge ainsi sur les moyens de contrôle dont disposent dorénavant « les députés et la société civile avec aussi peu d’informations. Conçu au départ comme un outil de contrôle des exportations d’armement de la France, le Rapport au Parlement est devenu un document au service de la promotion du matériel militaire ».
Comme le souligne le rapport, « les exportations d’armes sont cruciales pour maintenir l'industrie nationale d'armement ». 50 000 emplois, sont directement liés à ces exportations. Il faut donc vendre des armes pour que les citoyens français aient la sécurité du travail ! La seconde raison est moins avouable : la France n’a pas les moyens de se fournir auprès de son industrie nationale, donc plus la France vendra d’armes, plus le coût de production de ces armements diminuera. Ceci favorisera et facilitera alors leur achat.
L’exemple le plus flagrant est le Rafale. Le coût unitaire est de 100 millions d’euros. Normalement, 294 appareils doivent équiper l’armée de l’air et l’aéronavale, selon le Livre Blanc de la Défense nationale 2008. Cependant, au vu de la crise financière, seulement une cinquantaine d’appareils seront commandés par le Ministère de la défense sur la période 2009/2014. À moins que le Rafale ne connaisse enfin des succès à l’étranger. La Suisse, l’Inde, la Libye, la Grèce, mais aussi le Brésil, sont courtisés par Dassault, qui pourrait ainsi placer plus ou moins 250 avions ; de quoi diminuer le prix unitaire et permettre à la France de doter ses armées de ce chasseur.
Au 30 septembre 2008, le montant des commandes enregistrées était déjà de 4 milliards d’euros. Un résultat qui correspond à la volonté du gouvernement de parvenir à une prise de commande d’au moins 6 milliards pour cette année. L’objectif du ministre de la Défense, Hervé Morin, est « d'atteindre les sept milliards d'euros d'exportations en 2010 », ce qui permettra à la France de revenir à son niveau d’il y a 10 ans avec 13% de part de marché, contre 6% actuellement. Pour relancer ses ventes, c’est toute une stratégie qui a été mise en place. Les procédures administratives sont plus simples, la liste des matériels soumis à l’autorisation de la CIEEMG (Commission interministérielle pour l’étude des exportations de matériel de guerre) a été assouplie, les intermédiaires diminués.
Par ailleurs, dans le cadre de sa présidence de l’Union européenne, la France va proposer la création entre les pays volontaires d’un « marché européen de l’armement », avec « les mêmes règles de fluidité qu’il peut y avoir sur l’ensemble des produits du marché commun ».