La publication de ce rapport intervient alors que le ministre de la Justice américain, Eric Holder visitait ce jour là Guantanamo (Cuba) pour s'informer sur la situation des quelque 245 détenus et visiter ces installations, dont l'administration Obama a promis la fermeture dans moins d'un an.
"Nous jugeons que les conditions de détention à Guantanamo sont en conformité avec l'article 3 des Conventions de Genève", écrivent les auteurs de ce rapport mandaté par la Maison Blanche, qui porte seulement sur la situation actuelle et non sur les pratiques passées dans le centre de détention.
Cette conclusion, en contradiction avec ce que rapportent les avocats de la défense, visiteurs réguliers de la prison, avait déjà fait l'objet de fuites le 20 février, provoquant des réactions indignées d'associations de défense des droits de l'Homme, dont l'Association américaine de défense des libertés civiles (Aclu), pour laquelle ce rapport revient à "blanchir" l'administration Bush pour les mauvais traitements subis par les détenus.
L'étude du Pentagone souligne toutefois que "plus de socialisation est essentielle pour maintenir un traitement humain à long terme".
"La socialisation et les interactions entre détenus sont importantes en raison de la durée d'incarcération de ces individus", dont certains sont captifs depuis sept ans, a souligné lors d'une conférence de presse le principal auteur du document, l'amiral Patrick Walsh.
Le rapport, rédigé après une enquête de 13 jours sur place, recommande ainsi de "fournir plus de contacts humains, d'occasions de loisirs regroupant plusieurs détenus, de stimulation intellectuelle et des prières de groupe", également dans le cas des prisonniers considérés les plus dangereux, et les plus confrontés à l'isolement.
Selon les conclusions de l'enquête, 8% des détenus de Guantanamo souffrent de problèmes mentaux exigeant un traitement médicamenteux.
Le rapport recommande par ailleurs le recours systématique à la vidéo-surveillance, afin d'éviter toute suspicion de mauvais traitement.
"L'un des problèmes auxquels nous sommes confrontés actuellement est le nombre d'accusations de mauvais traitements", a reconnu l'amiral, en précisant que l'enquête avait mis à jour "20 accusations, dont 14 justifiées", qui ont toutes été réprimandées.
"La seule solution est de posséder des preuves indéniables de ce qui s'est passé", par le biais d'enregistrements vidéo, a-t-il proposé.
Le rapport demande enfin une solution rapide pour libérer les 17 Chinois ouïgours détenus à Guantanamo depuis 7 ans et blanchis depuis 5, mais qui ne peuvent pas être relâchés sur le sol américain en vertu d'une décision de justice. Ils ne peuvent pas non plus être renvoyés en Chine malgré les demandes de Pékin, parce que la minorité ouïgoure y fait l'objet de persécutions.
Leur cas a "augmenté les tensions et les craintes au sein de la population carcérale". "Cela créé un climat susceptible de provoquer des frictions" parmi les autres détenus qui se demandent s'ils sortiront un jour, a ajouté l'Amiral Walsh.
Source : AFP