« Vient un moment dans les affaires de l'humanité où l'on doit défendre fermement les principes fondamentaux qui nous obligent (...). Un moment où il faut rendre pleinement son dû aux vertus de tolérance et de respect de la diversité, regarder vers un avenir qui nous unisse et laisser derrière nous un passé qui nous divise. Le moment est venu », a déclaré hier le Secrétaire général à l'ouverture de la Conférence qui se déroule jusqu'au 24 avril.
S'il attendait cette rencontre avec impatience, le Secrétaire général s'est dit au final « profondément déçu » par les défis énormes auxquels est confrontée la lutte contre le racisme et toutes les formes de discrimination raciales.
« Le racisme persiste (...). Aucune société n'est immunisée (...). C'est pourquoi les yeux du monde – et surtout ceux des victimes – sont sur nous aujourd'hui. Et que peuvent-elles en conclure ? », s'est interrogé le Secrétaire général.
« Nous parlons de tolérance et de respect mutuel, mais nous nous pointons du doigt mutuellement et nous livrons aux mêmes accusations aujourd'hui qu'il y a des années si ce n'est des décennies. Certaines nations, qui de droit devraient aider à forger un avenir meilleur, sont absentes », a-t-il regretté.
L'Allemagne, l'Australie, le Canada, les Etats-Unis, l'Italie, Israël, les Pays-Bas, la Pologne et la Nouvelle-Zélande ont décidé de ne pas participer à la conférence en raison de leur désaccord sur le contenu du projet de déclaration finale et sur la crainte que la conférence ne serve de plateforme à des déclarations antisémites.
A cet égard, la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay s'est déclarée dimanche 19 avril « choquée et profondément déçue de la décision des Etats-Unis de ne pas participer » à la conférence.
Lundi 20 avril, Ban Ki-moon a estimé que le texte à l'étude à Genève était « soigneusement équilibré » et qu'il traitait de questions clefs.
Il a appelé tous les pays à voir la lutte contre le racisme comme le début d'un processus et à faire entendre leurs voix pour qu'elles puissent être incluses.
« Reconnaissons la différence entre un honnête désaccord et un pur esprit de division – ou pire, un véritable obstructionnisme », a mis en garde le Secrétaire général en conclusion.




Mise à jour (22 avril 2008)
La Conférence d'examen de Durban sur le racisme et l'intolérance a adopté mardi 21 avril, par acclamation, son document final au deuxième jour de ses travaux à Genève, a annoncé la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay.
« Le document final a été adopté par les Etats par consensus », s'est félicitée Navi Pillay, en référence au fait qu'un vote n'avait pas été nécessaire. C'est l'aboutissement de longues délibérations, a-t-elle dit lors d'une conférence de presse donnée à Genève.
Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est déclaré « encouragé » par cette adoption, dans un message transmis par sa porte-parole.
« C'est la bonne réponse à la désinformation répandue pendant sa préparation », a dit Mme Pillay reprenant des propos du représentant de la Suisse, avant de lancer un appel à lire le document lui-même.
Le texte controversé a été l'objet de longues discussion préalables à la conférence qui s'est ouverte lundi et qui doit durer jusqu'au 24 avril.
L'Allemagne, l'Australie, le Canada, les Etats-Unis, l'Italie, Israël, les Pays-Bas, la Pologne et la Nouvelle-Zélande ont décidé de ne pas participer à la conférence en raison de leur désaccord sur le contenu du projet de déclaration finale et sur la crainte que la conférence ne serve de plateforme à des déclarations antisémites, et leur approbation au document final n'a donc pas été enregistrée mardi.
A l'ouverture de la conférence, les déclarations véhémentes du président iranien Mahmoud Ahmadinejad contre Israël ont causé le départ de plusieurs délégués de pays occidentaux présent dans la salle et suscité la réprobation du Secrétaire général Ban Ki-moon et de la Haut Commissaire.
Les Etats-Unis avaient réprouvé le texte notamment parce qu'il continue de faire référence au document final de la première Conférence qui s'était tenue à Durban (Afrique du Sud) en 2001. Les pays occidentaux avaient aussi critiqué l'introduction par les pays membres du groupe des Etats islamiques de la notion de « diffamation des religions » - qui avait pour effet de qualifier d'acte « raciste » la simple critique d'un des fondements d'une religion.
« Le texte final ne contient plus cette notion », a souligné Navi Pillay mardi 22 avril lors de sa conférence de presse.
Le texte ne contient plus non plus de référence à la situation au Moyen-Orient comme illustration d'un phénomène raciste, non plus que « l'occupation étrangère » comme cause du racisme, aux côtés de « la pauvreté, le sous-développement, la marginalisation, l'exclusion sociale et les disparités sociales ».
Le document final réaffirme que « tous les peuples et individus constituent une seule famille humaine ». Il « condamne les législations, politiques et pratiques fondées sur le racisme » et réaffirme que « toute dissémination d'idées fondées sur la supériorité raciale ou la haine, la provocation à la haine raciale ainsi que tous actes de violence et de provocation à ces actes soient reconnus comme des délits punissables par la loi ».
Il affirme que « la démocratie et une gouvernance transparente et responsable et participative » est essentielle pour lutter contre le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie.
Le texte déplore « la croissance mondiale du nombre d'incidents racistes ou d'intolérance et de violence religieuse, y compris d'islamophobie, d'antisémitisme, de christianophobie, et d'anti-arabisme manifesté notamment dans les stéréotypes insultants et la stigmatisation des personnes fondés sur leur religion ou leurs croyances ».
Enfin, le texte exprime sa préoccupation face « à la persistance des discriminations contre les femmes et les filles sur la base de la race ». Il souligne aussi « dans le contexte des discriminations multiples, la nécessité de traiter toutes les formes de violence contre les femmes et les enfants comme un délit punissable par la loi ».

Source : ONU