Est-ce la présence à ses côtés de Lula qui a fait son effet ? Lors d'un mini-sommet sur l'emploi de l'OIT, auquel participait une dizaine de chefs d'Etat, Nicolas Sarkozy s'est déchaîné contre le monde de la finance.
Face à la crise, «on ne règlera rien, si on ne règle pas d'abord la question du capitalisme financier qui impose à l'économie et à la société son propre système et ses propres normes», a affirmé le Président français, selon lequel «les réunions du G20 à Washington et à Londres resteront dans l'histoire comme des étapes décisives, à condition que les engagements qui y ont été pris soient tenus».
Mais Nicolas Sarkozy estime que «dans beaucoup de domaines, il faudra aller beaucoup plus loin pour reconstruire un système financier qui finance davantage les entrepreneurs que les spéculateurs».
«Il faut tout revoir», a-t-il martelé, énumérant «la surveillance prudentielle des banques, la réglementation des hedges funds, les règles comptables, les modes de rémunération. La crise nous rend de nouveau libres d'imaginer. C'est le moment d'aller le plus loin possible...».
Selon lui, «dans certains milieux, ici même peut-être, dans certaines administrations, parce que les marchés vont un peu mieux, parce que les spéculateurs se sont remis à spéculer (...) il y a la tentation de réduire la portée de ce qui a été décidé», mais «céder à cette tentation serait une faute historique», a insisté le chef de l'Etat, qui s'est voulu le moteur de la réforme.
«Je le dis à tous les Chefs d'Etat et de gouvernement du G20, c'est pour chacun d'entre nous une responsabilité historique (...) de ne laisser aucun groupe de pression, aucune bureaucratie, aucun intérêt particulier y faire obstacle. Je veux dire au président des Etats-Unis que l'Amérique doit être la plus ambitieuse parce que c'est sa vocation (...) Je veux dire à tous les Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne que l'Europe doit être exemplaire parce c'est ainsi qu'elle sera la plus fidèle à ses valeurs et qu'elle aura une chance de la faire partager.»
Et Nicolas Sarkozy de presque prendre sa carte chez Attac: «Regardez le débat sur la taxe Tobin qui est une taxe pour freiner la spéculation. Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Je ne sais pas si elle est applicable. Mais qui pourrait comprendre que ce débat soit enterré?» a-t-il demandé.
Fin mai, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, avait évoqué un projet de taxation des transactions financières en faveur du développement. Mais sa collègue à l'Economie, Christine Lagarde, avait répliqué qu'un tel projet n'était «pas à l'étude pour le moment».
Source : AFP

  • Retrouvez le texte complet du discours de Nicolas Sarkozy à la 98ème session de la conférence internationale du travail (Genève, 15 juin 2009) sur le site internet de la présidence de la République.